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04/04/2020
By fire & brimstone
SOLITARY SABRED
 
Dans les périodes sombres, avant tout pleines de doute quant à l'avenir, on attend inévitablement que se manifestent des certitudes, des affirmations. C'est très exactement ce que représente le troisième album du groupe chypriote SOLITARY SABRED. La première manifestation discographique du groupe fut un quatre titres live en 2008, suivie en 2009 d'un album studio, The Hero The Monster The Myth, encore imparfait sur le plan formel (relire la chronique du vigilant Raskal : cliquez ici). Il fallut patienter cinq ans avant de découvrir le second album studio, Redemption Through Force (2014) ; auto-produit, cet opus ne rencontra pas forcément un écho suffisant. Dorénavant appuyé par No Remorse records, une structure grecque petite mais reconnue, il y a fort à parier que By Fire & Brimstone recueille une reconnaissance méritée.

Il apparaît rapidement que ce troisième album s'impose comme celui de la maturité. Ne serait-ce que sur le plan formel, ce disque bénéficie d'un son puissant, clair et percutant, sans pour autant sacrifier aux paramètres aseptisés actuels. A mon sens, By Fire & Brimstone sonne comme on aurait entendre sonner les albums de Heavy et Power Metal des années 80 et 90. La batterie se fait cinglante, les lignes de basse sont alertes, les guitares riffent et harmonisent avec une attaque franche et tranchante, le chant occupe le premier plan : l'équilibre est idéal.

Du point de vue du style, SOLITARY SABRED s'inscrit ostensiblement dans la tradition d'un Heavy Metal concis et efficace, néanmoins épique. Pour parvenir à ce résultat, le groupe assure l'essentiel par des rythmiques nerveuses et nettement dessinées, cependant ne rechignant pas devant les ruptures rythmiques, entretenant ainsi une tension permanente. Effilées en rythmiques, les guitares enrichissent leur propos par des plans gémellaires du meilleur effet, les solos s'avérant pour leur part toujours impeccablement construits sur le plan mélodique.

Elément essentiel, le chant varie entre registre médium et poussées aiguës avec une aisance, une justesse qui forcent le respect. Jamais le souci de puissance expressive n'oblitère les nuances et la modulation. En la matière, Petros LEPTOS semble parvenu à un niveau de maîtrise qui permet de l'affilier à des noms aussi prestigieux que les regrettés Midnight (CRIMSON GLORY), Warrel DANE (SANCTUARY, NEVERMORE) ou les toujours vivants Ray ADLER (FATES WARNING, REDEMPTION) et Geoff TATE (ex-QUEENSRYCHE), soit un équilibre miraculeux entre l'ampleur d'un Bruce DICKINSON, la nervosité de Rob HALFORD et les poussées dans les hauteurs dignes de KING DIAMOND ou John CYRIIS (AGENT STEEL). Admettez l'attrait d'une telle proposition !

A une reprise, SOLITARY SABRED délaisse les formats concis qui caractérisent la majorité de ses compositions (entre trois et cinq minutes). En clôture d'album, Blestem prend le temps nécessaire (plus de huit minutes) pour installer une dramaturgie passionnante : introduction nuancée et progressive, suivie d'une galopade musclée, ponctuée de breaks nerveux ou au contraire rampants. Guitares étincelantes, chant impérial, section rythmique imparable : c'est le meilleur du Heavy Metal épique qui s'exprime !

Certes, By Fire & Brimstone ne bouscule pas les paramètres fondamentaux du Heavy Metal. Certes encore, l'album ne peut prétendre surpasser les interprétations les plus musculeuses du Power Metal. Par contre, pour ce qui est de la qualité de l'écriture, la passion et la maîtrise dans l'interprétation, il semble totalement évident que SOLITARY SABRED n'a de leçon à recevoir de personne.

Vidéo de Assassins Of Carthage cliquez ici et de The Scarlet Citadel cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 4 avril 2020