VOID OF SLEEP est un quintette italien formé en 2010, dont la caractéristique principale n'est pas la productivité. En effet, Metaphora n'est que le troisième album en une décennie d'existence. Cela dit, au vu de la qualité de cet album - déjà en germe dès le premier disque, Tales Between Reality And Madness (2013) -, on se félicite que le combo prenne son temps pour développer et mûrir ses idées. Les influences initiales de VOID OF SLEEP sont à chercher du côté du Stoner et du Sludge mais, de nos jours, le groupe a transcendé ses racines pour aboutir à un Metal certes puissant, mais également ambitieux, dont la relative complexité structurelle évoque immanquablement les manières progressives.

Quelle meilleure manière de débuter que d'enchaîner un doux instrumental guitare acoustique et claviers (The Famine Years) avec une pièce monumentale (onze minutes), Iron Mouth, qui alterne les parties surpuissantes, avec rythmiques aplatissantes et orageuses, et les plages plus tempérées et délicates. On est impressionné par la cohésion des guitares, littéralement collées aux lignes de basse épaisses, le batteur développant un gros volume de jeu et multipliant les contretemps, tout en propulsant l'ensemble avec force. A l'arrière-plan, les arrangements de claviers développent une atmosphère fantomatique très réussie. Quant au chant, principalement clair et modulé, il se teinte si nécessaire d'accent plus rauques et colériques. Cette approche épique et contrastée a pour effet de happer l'auditeur pour l'entraîner dans un véritable voyage auditif, plein de chausse-trappes, riche en ambiances expressives. Rien que pour ce début tonitruant, l'album vaut le coup.

Une fois passé l'instrumental atmosphérique Waves Of Discomfort, on se fait renverser par les riffs quasiment Doom d'Unfair Judgements, puis par l'ébouriffant et percutant Master Abuser. Modern Man voit le groupe regagner un format plus conséquent (plus de sept minutes) et progressif, avec ses couplets tout en tension mélodique, interrompus par des riffs de mammouths, et toujours ces claviers tour à tour angoissants et majestueux.

En clôture, en guise d'apothéose, VOID OF SLEEP a placé une seconde pièce de bravoure, à savoir Tides Of The Mourning et ses 10'30. Après une montée instrumentale en tension progressive, le chant clair et posé, typiquement progressif apporte une touche un peu éthérée et mélancolique. L'intrusion de riffs massifs signale l'intensification du morceau, dont les rythmiques sinuent pesamment. Des vocaux rauques se font même brièvement entendre. Le morceau poursuit son développement au gré de breaks paisibles, de solos aristocratiques, d'harmonies vocales magnifiques, de ruptures rythmiques. Un tour de force au cours duquel chaque élément est pesé avec soin, les instrumentistes prenant soin de ne jamais sombrer dans les démonstrations égotistes.

Vous l'aurez compris, Metaphora est un splendide album, concocté et interprété par un groupe en plein maturité. Cette mouture-ci du Metal progressif me paraît incomparablement plus passionnante et vivifiante que les boursouflures de DREAM THEATER. Une merveille, tout simplement.

Vidéo de Unfair Judgements cliquez ici

Alain
Date de publication : mardi 7 avril 2020