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18/04/2020
Psi
AMON ACID
 
Avant même d'avoir entendu la moindre note de musique, rien qu'en prenant connaissance du nom du groupe, du titre de l'album et en découvrant le visuel de la pochette, on sait par avance que l'on va baigner dans un bain acide, dans une atmosphère totalement psychédélique. Et, après écoute, on n'est pas déçu du voyage... et quel voyage ! Avant d'embarquer pour ce trip goûteux, présentons les pilotes : Sarantis CHARVAS (guitare, effets, boîte à rythmes) et Briony CHARVAS (basse, claviers, percussions).

Inévitablement, quand un projet se revendique du psychédélisme, il est quasiment obligé d'emprunter au patrimoine protéiforme des musiques populaires qui se sont frottées à cette approche (Rock, Pop, musiques d'avant-garde). Le couple d'AMON ACID n'échappe pas aux références du passé et les revendique même, avec même une approche originale par rapport aux groupes puisant dans les sources du psychédélisme américain et britannique de la fin des années 60 et du début des années 70. En effet, AMON ACID revendique notamment l'influence du psychédélisme anatolien (soit des artistes turcs des années 70, comme la chanteuse Selda, le guitariste et chanteur Erkin KORAY ou le groupe BUNALIM) et du rebétiko, genre populaire grec. Ce qui n'empêche pas le duo de se revendiquer en outre de groupes plus occidentaux, comme les incontournables BLACK SABBATH et HAWKWIND, mais aussi OM et SLEEP. Les Japonais cultes d'ACID MOTHERS TEMPLE sont sans surprise cités, de même que les pionniers du Funk exigeant FUNKADELIC et le rappeur MF DOOM.

Il ne faut donc pas s'attendre à un Rock ou à une Pop gentiment psychédélique, doucereuse et vaporeuse. AMON ACID privilégie les séquences rythmiques répétitives, évoluant subtilement, par variations successives. Les scansions sèches de la boîte à rythmes sont enrichies par des percussions. La guitare alterne des riffs secs, typiques du Rock garage, et des attaques rythmiques ou solos nettement plus acides. Constamment, des effets électroniques et des arrangements de claviers créent un fourmillement sonore qui sollicite l'ouïe en permanence et animent les schémas rythmiques.

Un morceau comme Mass Control possède la lourdeur menaçante et rampantes des STOOGES, alors que Nibiru's Scrolls s'inscrit pleinement dans l'héritage oriental, avec instruments à cordes (tzoura), flûtes et percussions. Pour autant, la logique demeure identique : inscrire un schéma rythmique obsédant, lui superposer des interventions qui développent le thème principal, avec des arrangements psychédéliques en arrière-plan. Quand les compositions se font longues - à deux reprises, le cap des dix minutes est franchi -, ce schéma devient carrément redoutable !

Au total, nous tenons un album aventureux mais parfaitement maîtrisé qui, outre les adeptes des artistes déjà évoqués, peut également intéresser les fans de MONSTER MAGNET (dans son versant le plus psychédélique) ou d'OZRIC TENTACLES. Psi constitue un excellent vecteur d'évasion par les temps actuels.

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Alain
Date de publication : samedi 18 avril 2020