Il y avait longtemps qu'un album de Black Metal n'avait pas attiré mon attention. Sans prétendre proposer une démarche avant-gardiste, le trio norvégien ACÂRASH parvient cependant pour la seconde fois (après un premier album, In Chaos Becrowned, datant de 2018) à mettre en évidence une vision particulière du Black Metal. Certes, les objectifs de guerre retenus par ACÂRASH demeure la production d'un Metal abrasif, hostile, baignant dans l'occulte. Mais, pour parvenir à ce résultat, le groupe ne se fourvoie pas dans les impasses habituelles : Raw Black Metal, copie à l'identique des productions de 1993...

Non, ACÂRASH propose sa propre mixture, à commencer par le style. Certes, les guitares âpres, les vocaux âcres et haineux, les accélérations foudroyantes témoignent de l'ancrage majoritaire du groupe dans le Black Metal. Le moins que l'on puisse dire en la matière, c'est que les trois compères maîtrisent le sujet et parviennent à créer une atmosphère générale sinistre, agressive et malsaine.

Pour autant, ACÂRASH se plaît, à introduire de nombreux éléments qui appartiennent au répertoire du Doom Metal : riffs trapus, tempos ralentis, rythmiques pesantes, ambiances épiques. De quoi contrebalancer la férocité décrite ci-dessus, avec à la clé des compositions fourmillant de moments accrocheurs, percutants, qu'ils relèvent du Black Metal ou du Doom Metal. La concision relative des morceaux – entre trois et cinq minutes – renforce d'ailleurs cette faculté à marquer l'auditeur, sans pour autant renoncer à des structures reposant sur une imbrication de séquences aussi contrastées que complémentaires.

Pour mettre en valeur son Black Doom vibrant, ACÂRASH a opté pour un son rugueux, organique, sec, mais rendu tout à fait lisible par un mixage on ne peut plus pertinent. En conséquence de quoi, aucun brouhaha, aucune bouillie sonore ne vient amoindrir l'impact du chant (très en avant et particulièrement expressif) ou des riffs.

A l'arrivée, nous tenons un album fort en gueule, attachant, voire marquant.

Vidéo de Satanic Obsession : cliquez ici

Alain
Date de publication : vendredi 12 juin 2020