17 / 20
19/08/2020
Alive in color
REDEMPTION
 
Quand il débuta REDEMPTION au début des années 2000, le guitariste et claviériste Nick van DIK n’imaginait peut-être pas que son groupe sortirait un DVD (ou Blue Ray) assorti d’un double album live presque deux décennies plus tard. Pourtant, il faut reconnaître que, dès les origines, le bonhomme avait fait montre d’ambition artistique en oeuvrant aux côtés de vétérans comme le guitariste Bernie VERSAILLES (ancien de AGENT STEEL, guitariste d’appoint sur scène pour FATES WARNING) et le chanteur Ray ALDER (FATES WARNING, rejoignant le projet dès le second album The Fullness Of Time, paru en 2005), sans oublier le batteur Jason RULLO (SYMPHONY X) au début. Autant d’acolytes qui furent gages de qualité au fil d’albums développant un univers Metal progressif, complexe mais dépourvu des boursouflures à la DREAM THEATER, sensible et torturé mais intelligemment musclé.

Même le départ de Ray ADLER ne semble pas avoir handicapé la progression discrète mais constante du groupe. Son remplaçant Tom ENGLUND (EVERGREY) a ainsi pu laisser son empreinte sur un premier album, Long Night’s Journey Into Day (2018) et se produire sur scène. Le concert dont il est ici proposé un témoignage est celui donné en tête d’affiche du Prog Power festival qui se tint à Atlanta en septembre 2018. Précisons que REDEMPTION s’est déjà frotté à l’exercice de la publication en format live, avec Frozen In The Moment – Live In Atlanta (2009) et Live From The Pit (2014), avec pour conséquence pas moins de cinq titres communs à ce dernier et à Alive In Color ; doublons que la richesse du catalogue de REDEMPTION aurait permis d’éviter, à condition de prendre quelques risques et de faire l’impasse sur quelques classiques.

N’ayant pas pu visionner la partie vidéo, nous nous contenterons de l’essentiel, à savoir la musique. De ce point de vue, je ne surprendrai personne en affirmant que les parties instrumentales témoignent d’une maîtrise et d’une dextérité impeccables, les innombrables changements de rythmes et de tempos étant parfaitement maîtrisés, offrant une trame imparable aux solos virevoltants et techniques de guitares et de claviers. Ici, tout est affaire d’équilibre. Les riffs graves, sévères et tranchants trouvent leurs contrepoints dans les solos électrisants, virtuoses, mais toujours mélodiques. On peut sans conteste affirmer que le style de REDEMPTION, parfois jugé un peu sage sur album, se voit ici injecter une sacrée dose d’adrénaline. L’impact inhérent à la configuration scénique a cependant tendance à gommer quelque peu les subtilités qui font l’intérêt de ce groupe. On a ainsi l’impression que, sur la longueur, la virtuosité et l’impétuosité l’emporte, avec un certain effet arasant, voire lassant. Peut-être le visionnage simultané permet-il d’enjamber ce petit obstacle (par ailleurs subjectif !).

Comme les instrumentistes de REDEMPTION sont partageurs, ils ont invité deux guitaristes en renfort, à savoir messieurs Simone MULARONI (du groupe de Prog Metal italien DGM) et Chris POLAND (ancien des débuts de MEGADETH) : bon esprit et grosse émulation au rendez-vous ! D’autant plus que la présence de ce dernier débouche sur une version de Peace Sells (But Who’s Buying) acérée.

Reste à se prononcer sur la prestation vocale de Tom ENGLUND. Très appliqué, le Suédois ne force pas sa voix, demeure dans un registre médium bien modulé. En somme, il faut le boulot mais on me permettra de trouver sa prestation trop sage, trop peu passionnée. D’ailleurs, le groupe nous propose sans le vouloir l’occasion de comparer avec son brillant prédécesseur. Ray ALDER est en effet invité à proposer sa version de Threads (qui ouvrait l’album The Fullness Of Time en 2005). Même maîtrise, même modulation de chaque instant, mais quel supplément d’âme, avec ces intonations, ces nuances subtiles mais qui font toute la différence ! La comparaison est d’autant plus criante car le groupe a eu l’étrange idée de jouer à nouveau Threads plus loin dans le concert, avec le seul Tom ENGLUND au micro. Verdict : Tom est on ne peut plus compétent mais Ray apporte indéniablement un supplément d’âme, ô combien bienvenu dans un style parfois un peu hermétique à force de complexité. D’ailleurs, quand Tom se lâche un brin sur une très bonne version de The Fullness Of Time – Part 3 – Release, il apporte enfin ce petit plus émotionnel.

Hormis les quelques réserves apportées et sujettes à contestation, ce copieux live valide l’entrée dans l’ère ENGLUND pour REDEMPTION. On attendra cependant un second album studio pour confirmer pleinement…

Vidéos de Indulge In Color cliquez ici et de Walls cliquez ici
Alain
Date de publication : mercredi 19 août 2020