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02/10/2020
Destrudo
ECHOLOT
 
En 2017, nous vous avions signalé la qualité certaine du second album de ce trio suisse, Volva (relire ici : cliquez ici). L'arrivée du troisième opus, Destrudo, nous donne l'occasion de réitérer les compliments, ECHOLOT approfondissant toujours un sillon analogue.

En premier lieu, ECHOLOT s'adonne toujours aux formats longs puisque l'album ne comporte certes que trois titres, mais il s'agit en l'occurrence de sacrés bestiaux ! Jugez plutôt : Frozen Dead Star et Orbital dépassent les neuf minutes, mais font figures de nains à côté de Wind Up North qui frôle les vingt minutes. Le trio met à profit des grands espaces pour développer posément des structures changeantes, par nature progressives, riches en breaks, en variations subtiles ou au contraire en ruptures franches. Car ECHOLOT n'aime rien tant que les contrastes épicés.

Sur le versant extrême, on peut comptabiliser des vocaux caverneux (influence Death métal), fréquemment taraudés par des intonations âcres et haineuses (prurit Black Métal). Par ailleurs, Destrudo regorge de rythmiques pesantes, progressant lourdement au fil de tempos lents, le tout relevant d'un Doom Métal qui aurait repris à son compte les contours boueux du Sludge. Les riffs tordus, malsains, évoquent également le Post Métal et le Post Hardcore...également représentés via cette appétence à ménager de longues plages atmosphériques, apparemment apaisées, mais sous-tendues par une menace latente. Au fil de ces digressions, la guitare de Lukas FÜRER tisse des trames mélodiques tremblotantes, faussement fragiles, en vérité profondément vénéneuses, relevant in fine d'une approche psychédélique bien ancrée.

Nous avons évoqué plus haut la rudesse des vocaux, ce à quoi il faut ajouter des interventions en registre clair, nettement plus pondérées, qui contribuent à renforcer des sensations de flottement, de douceur trompeuse.

A la fois la longueur des compositions et l'accumulation d'éléments pourrait faire craindre un foutoir. Pour autant, chaque titre se trouve solidement charpenté par des progressions, certes lentes, mais bien réelles, avec pour points d'ancrage des plans rythmiques ou mélodiques qui ponctuent le tout. L'équilibre des contraires est rendu viable par une production et un mixage impeccables, ménageant dans le même mouvement la précision, la puissance de l'ensemble, le souci du détail et les vibrations vivaces.

Alors, si vous appréciez AHAB , SLOMATICS, MONOLORD , ISIS ou THE OCEAN, n'hésitez pas, osez Destrudo.

Vidéo de Frozen Dead Star : cliquez ici
Alain
Date de publication : vendredi 2 octobre 2020