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La passion selon il rovescio della medaglia !
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On l'ignore hélas trop souvent mais l'Italie fut dans les années 70 un havre pour le Rock progressif. Non seulement des formations anglo-saxonnes aussi pointues que VAN DER GRAAF GENERATOR et GENTLE GIANT y trouvèrent un écho favorable, mais une scène locale s'épanouit. On peut regretter que seuls trois ou quatre noms subsistent dans l'esprit de la communauté "Prog", à savoir PFM (PREMIATA FORNATA MARCONI), BANCO DEL MUTUO SOCCORSO, LE ORME et GOBLIN (connu pour ses musiques de films, notamment pour le compte du réalisateur Dario ARGENTO). Demeurent obscures quantité de formations, qui produisirent pourtant des œuvres passionnantes.
Dans cette catégorie, IL ROVESCIO DELLA MEDAGLIA produisit trois albums entre 1970 et 1975. En 1973, le troisième lp, Contaminazione (qui connut en 1975 une adaptation en anglais, Contamination), fit figure d'acmé discographique. Sur cette œuvre conceptuelle consacrée à la vie de Jean Sébastien BACH, le groupe se faisait fort de décliner le célèbre Clavier bien tempéré du cantor de Leipzig. Il s'agissait d'une vibrante démonstration de fusion entre le Rock progressif et la musique savante, virevoltante et virtuose, précieuse et puissante.
En 2011, le guitariste Enzo VITA décida de ressusciter le groupe, avec deux albums studio à la clé. Un retour sur les planches aboutit en 2018 à une prestation dans une ancienne abbaye, restituant Contaminazione, enrichie pour l'occasion du suffixe 2.0. Ce concert se trouve aujourd'hui édité par Jolly Roger records. Au (copieux) menu, j'ai droit aux treize morceaux de l'album originel, avec trois titres supplémentaires tiré du premier album du groupe, La Bibbia (1971). Sacrée dose de nostalgie pour les fans !
Et les nostalgiques retrouveront cet entremêlement entre le tranchant et la verve du Rock d'une part, la rigueur et la pompe de BACH d'autre part. Ils sentiront leur cœur se serrer lors des parties les plus ostensiblement émouvantes (par exemple le chant délicat sur Johann) ou solennelles (Scotland Machine). À vrai dire, le groupe actuel restitue à merveille cet équilibre funambulesque entre les extravagances électriques et les exigences presque mathématiques du maestro. Le rapport à BACH relevait à l'origine de l'inspiration, plutôt que de l'adaptation fétichiste, ce qui impliquait en 1973 une véritable audace. Je suis d'ailleurs fondé à penser que IL ROVESCIO DELLA MEDAGLIA relevait plus finement ce défi que des groupes plus connus comme ELP ou DEEP PURPLE (puis RAINBOW) qui accaparaient Baroque et Classique pour se livrer à des débauches de démonstrations techniques.
À vrai dire, je pouvais redouter la prédominance d'un côté suranné, que je retrouve certes dans les sonorités de claviers, dans certains arrangements (présence ponctuelle d'un quatuor de cordes et de flûte !), dans certaines bribes d'interprétation. Mais je me dois de souligner la puissance de l'interprétation, avec en particulier la guitare impériale de VITA (riffs tranchants et solos éblouissants) et le jeu pour le moins intense et modulé du batteur.
En somme, IL ROVESCIO DELLA MEDAGLIA est parvenu à rendre un hommage respectueux à son œuvre originelle, tout en la parant d'atours qui n'en font pas une pièce de musée mais bien une création encore vivace, passionnée et audacieuse comme au premier jour. Alors, histoire de broder autour du nom du groupe, je peux affirmer que, si ce groupe n'a jamais reçu le succès populaire proportionnel à son talent, il fait aujourd'hui encore partie des formations capables de maintenir ses standards techniques et sa passion dans l'interprétation. Ajoutons l'appui d'un public fidèle. Après tout, n'est-ce pas là le summum de l'accomplissement artistique ?
Vidéo live de Ora non ricordo più cliquez ici.
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