17 / 20
03/03/2021
À bout de souffle
HANIBAL DEATH MACHINE
 
Après Birth et Sombres Visions, À Bout De Souffle – sorti en février 2019 chez M&O Music – est le troisième EP d’HANIBAL DEATH MACHINE.

Le dernier 6 titres me confirme que ce groupe possède une patte qui lui est propre. Certes industriel, leur Metal fonctionne généralement en séquences mais sur des riffs très Heavy, voire parfois Doom. Les ambiances sont des plus sombres et cette obscurité est renforcée par la voix rauque et grave de Jean-Luc LORET. Je souligne le fait que si derrière lui progresse une inexorable mécanique rythmique, le chant parvient à suivre des lignes mélodiques accrocheuses. Bien que le qualificatif puisse paraître ici quelque peu dévoyé, plus d’une fois je me suis surpris à fredonner un refrain après quelques écoutes. N’allez cependant pas imaginer que lesdites mélodies sonnent comme des bluettes de Hard FM.

Samples, synthés et bruitages divers font régulièrement irruption – tels des exhausteurs de goût – afin d’ajouter une teinte à l’atmosphère, de contextualiser un propos ou d’appuyer une rythmique. Je note l’intelligence de leur utilisation jamais gratuite, plutôt assimilable à un grand souci du détail.

Le caractère social, humaniste et engagé des paroles ne fait aucun doute et, cerise sur le gâteau, les textes en français ne relèguent pas le message au second plan pour nous-autres francophones. Vsio horosho y todo está bien, ceci n’a pas empêché HANIBAL DEATH MACHINE de tourner en Russie ou en Espagne.

Allez, il ne me reste plus qu’à vous dévoiler mes grands moments de l’album… Ta-daaa !

« Essaie de n’pas crier ! » Waouh, l’entrée en matière de Jean-Luc sur L’Enfer avec ce cri à glacer le sang, évitez de faire pareil à la maison sans échauffement. C’est un morceau qui ne se distingue finalement du Heavy Metal traditionnel que par l’absence de solo. Une constante chez HANIBAL DEATH MACHINE qui ne poursuit qu’un objectif : rechercher l’efficacité absolue en s’interdisant de recourir à la moindre fioriture démonstrative.

Riff écrasant, riff oppressant, nous voici partis En Guerre contre la misère et puis soudain à 2’45’’, il y a cette atmosphère éthérée grâce à laquelle je me dis qu’un autre avenir est possible, sauf que non, la gratte revient et rend palpable toute l’ironie du discours politique.

Avec Pantin D’Acier une autre caractéristique d’HDM me saute à la tête : je suis dans un univers de poésie où la musique met en valeur le poème et vice-versa. Les mots sont simples mais questionnent : robot qui voudrait être humain ou bien Homme qui se métamorphose en robot ? Toujours est-il que le visage change, se mue en boucle sonore et y perd son sens.

La capacité à transformer un morceau en œuvre multimédia est une dimension aujourd’hui indissociable de tout projet musical. Encore un talent d’HANIBAL DEATH MACHINE qui se passe de commentaire. Je vous renvoie juste à la vidéo d’I Have A Dream en lien ci-dessous et vous laisse juge.

Sur Le Cliquetis mais encore plus sur Fer Rouge, il y a cet effet de riffs qui entrent en résonance et ouvrent une nouvelle dimension dans laquelle les éléments se pressent comme pour tester notre résistance au stress. Jolis passages de Corentin ALTAR, flippants à mort !

Quel plaisir de découvrir un groupe avec une personnalité aussi forte qu’ HANIBAL DEATH MACHINE et l’album À Bout De Souffre me semble être un excellent billet d’entrée pour leur univers, alors go ! À tester d’urgence.

I Have A Dream : cliquez ici
Pumpkin-T
Date de publication : mercredi 3 mars 2021