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19/03/2021
The courts of chaos
MANILLA ROAD
 
La réédition en format vinyle de The Courts Of Chaos par High Roller records offre l'occasion de réhabiliter ce huitième album du groupe de Wichita. En effet, MANILLA ROAD avait fait connaître en Europe son Heavy Metal épique grâce à une triplette d'albums splendides, à savoir Crystal Logic (1983), Open The Gates (1984) et The Deluge (1986). Après quoi, le trio mâtina son Heavy Metal fougueux d'apports Thrash pas forcément complètement pertinents, cette dichotomie identitaire grevant quelque peu le potentiel de Mystification (1987) et de Out Of The Abyss (1988).

Aussi, en 1990, quand parut The Courts Of Chaos, le momentum du groupe était passé. Tout semblait se conjuguer contre MANILLA ROAD : tensions internes, relation dégradée avec son label français Black Dragon records, scène Metal dominée d'une part par le Thrash et le Crossover (en attendant le Death Metal émergeant), d'autre part par le Hard US commercial.
Il n'empêche que ces huit compositions originelles, agrémentée d'une reprise (nous y reviendrons), témoignaient d'une volonté de retrouver les ambiances brumeuses et épiques qui faisaient son particularisme originel et de se réinventer, notamment par l'utilisation fort à propos de claviers vintage. Hors de question en effet de répéter la recette qui avait fait la réussite de la trilogie magique évoquée ci-avant.

C'est ainsi qu'il fallut une bonne dose d'audace pour débuter cet album par Road To Chaos, instrumental à base de claviers aux sonorités brumeuses, tout droit sorties d'une bande originale d'un film d'horreur italien : GOBLIN n'aurait pas fait moins flippant ! Dig Me No Grave offre un visage plus nerveux, avec ces riffs en rafales si caractéristiques, ces solos bourrés d'écho et de notes tenues, sans parler du chant nasillard de Mark SHELTON.

(Vlad) The Impaler , A Touch of Madness, From Beyond, The Prophecy et Into The Courts Of Chaos s'inscrivent dans la grande tradition des pièces épiques de MANILLA ROAD qui alternent couplets doux et pics de grande intensité, les tours et détours étant superbement animés par ce batteur pétaradant qu'était Randy FOXE, Scott PARK se chargeant d'apporter de l'épaisseur avec ses lignes de basse ventrues. Structurellement parlant, les changements de rythme, de tempos, d'ambiances, confèrent une touche progressive de bon aloi. Sur tous ces titres, MANILLA ROAD se montre impérial, en pleine maîtrise de son art.

Venons-en à la reprise, en l'occurrence celle de D.O.A., qui constitua un hit en 1970 pour le groupe texan BLOODROCK. Si la version d'origine vaut le détour dans le genre Hard halluciné et lugubre (un peu à la ALICE COOPER de Love It To Death), la reprise par MANILLA ROAD s'avère encore plus vibrante et hypnotique : splendide !

A l'instar de l'édition vinyle de 1990, cette réédition ne compte que huit titres, omettant pour des raisons de place The Books Of Skelos, magnifique morceau épique et musculeux de huit minutes (en trois parties). D'où l'intérêt de se procurer les deux supports !

Vidéo de Dig Me No Grave cliquez ici
Alain
Date de publication : vendredi 19 mars 2021