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21/03/2021
Le dernier rempart
HERZEL
 
Même dans mes rêves les plus fantasmatiques, je n'aurais osé imaginer entendre un jour un mélange entre le Heavy Metal épique des années 80 (MANILLA ROAD, WARLORD, CIRITH UNGOL...), le Hard à tendance prog de la charnière 70's-80's (les débuts de MAGNUM, SARACEN) et le Folk breton électrisé à la AR RE YAOUANK ou encore les deux premiers albums solo de Dan AR BRAS (Douar Nevez en 1976 et Allez dire à la ville en 1978). Et pourtant, les Bretons de HERZEL viennent de me mener à l'épectase avec leur premier album, Le dernier rempart. Certes, en 2015, le EP trois titres Unis dans la gloire laissait augurer de fortes promesses.

Promesses tenues donc avec ces six compositions fortes en gueule. Si la forme fera sourire les tenants des grosses productions Metal actuelles, les amateurs de la ligne claire et les vétérans des années 80 prendront un réel plaisir à ce Heavy Metal racé, relativement dépouillé et avare d'effets fastueux. Le son de la batterie demeure assez sec, la basse se trouvant bien rondelette et audible dans le mix. Les deux guitares assènent de petits riffs nerveux, se livrent à des passes d'armes harmonisées et délivrent des solos ciselés qui accordent la primauté à la mélodie, plutôt qu'à on ne sait quelle vaine démonstration de technicité aride. Le chant, clair et modulé, oscille entre un registre médium et des modulations plus hautes, avec quelques poussées franches dans les aigus ; sachant que les textes sont en français, on se croirait revenu au milieu des années 80 !
A cette différence près que le son est ici certes clair, à l'opposé des productions énormes et cliniques actuellement en vogue, mais il est propre et dynamique, là où les disques de la plupart des groupes de Metal français des années 80 pêchaient par manque d'impact.

Composante non négligeable de l'identité musicale propre à HERZEL, les sonorités bretonnes peuvent au choix s'entendre dans les plans de guitare ou être servies par une bombarde. C'est ainsi que l'instrumental éponyme me rappelle l'alliance bombarde-basse qui anima si puissamment AR RE YAOUANK ! Preuve que ces influences traditionnelles ne relèvent pas de la pose et sont traitées avec savoir-faire, de manière à ce qu'elles se marient au mieux avec le substrat électrique.

Cerise sur le gâteau, HERZEL propose des compositions solidement structurées en séquences successives, avec changements de rythme et de tempo, ce qui garantit une animation dramatique de qualité. D'ailleurs, on relève que, sur six titres, trois présentent des durées conséquentes, entre sept et huit minutes, ce qui permet de mettre en place une dimension épique, sans avoir recours à des effets grossiers et pompeux.

Avec ce premier album haut en couleurs, HERZEL affirme une identité originale, paradoxalement empreinte de classicisme, qu'on aura grand plaisir à connaître les développements futurs.

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Alain
Date de publication : dimanche 21 mars 2021