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30/11/2021
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KORSAKOV
 
Rien qu’en découvrant le nom retenu par ce duo français, on se doute qu’on ne va pas nager dans l’optimisme et la gaîté ! Le syndrome de Korsakoff désigne en effet une amnésie grave, notamment consécutive à l’alcoolisme. Loin d’être amnésique, les deux complices, respectivement en charge de l’instrumentation et des vocaux, se partageant les arrangements, se souviennent et assument un référentiel Black Metal.

Lequel se traduit par des vocaux aigres, âpres et agressifs, mixés en retrait, par les riffs acides, assénés en trémolos si distinctifs, par des alternances de longues séquences rapides et des plages au tempo plus pondéré, quoique caractérisée par une intensité égale. Dans ce domaine, on ne peut décemment pas parler d’innovation, mais on peut constater la maîtrise du dispositif, qui aboutit à un rendu abrasif, vénéneux, hypnotique. D’autant plus que le tandem n’aime rien tant que s’ébattre dans des formats conséquents : quatre des six morceaux s’étagent entre sept et plus de dix minutes, offrant toute latitude pour installer les séquences dans toute l’ampleur requise. A titre d’exemple, l’introduction du titre III est un modèle d’agression glaciale, qui se termine au bout de onze minutes sur un tempo plus lent, les ambiances demeurant au mieux menaçantes. A ce stade, l’auditeur est rincé, essoré. Cependant, il aura pu faire escale au cours d’un long break Ambient planant, placé dans le premier tiers de la composition. Dans un ordre d’idée analogue, cherchant une certaine variété, avant de dégénérer en charge Black Metal au souffle épique, le titre final VI s’offre une minute d’introduction électro-indus.

Afin de varier les plaisirs, KORSAKOV n’hésite en effet pas à proposer des moments Ambient, où les arrangements électroniques combinent étrangeté et touches mélodiques et mélancoliques. Outre les plages placées au milieu de la tourmente, l’intégralité de la plage II reprend ce dispositif bienvenu. Le titre IV surprend davantage en combinant piano, arpèges, arrangements électroniques répétitifs et murmures insanes.

Avec ce mélange de classicisme Black Metal, d’Ambient, d’arrangements électroniques et même d’un traitement des riffs pas étranger au Shoegaze, KORSAKOV oscille habilement (le syndrome de Korsakoff se traduit aussi par des troubles de la marche et de l’équilibre) entre des influences suffisamment diverses pour accaparer l’attention de manière fructueuse. Si l’on ajoute à cela une mise en son percutante et nette, quoique respectant l’âpreté consubstantielle au Black Metal, voici un début qui appelle des suites.

Vidéo de I : cliquez ici
Alain
Date de publication : mardi 30 novembre 2021