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18/12/2021
Woduridar
HELHEIM
 
Black Metal. Norvège. Groupe formé en 1992. Premier album, Jormundgand, paru en 1995. Sûrement des données essentielles sont-elles contenues dans ces notations lapidaires. HELHEIM est né au bon endroit, au bon moment, pratiquait le bon style musical – le Black Metal, pour les distraits -, mais n’a publié son premier témoignage conséquent qu’une fois la hype lancée. Bien que relativement actif et vigilant à l’époque en matière de Black Metal, je n’ai croisé la discographie de HELHEIM qu’en 2010 avec le mini-album Åsgards ! La honte… D’autant plus que, depuis ses débuts, le combo originaire de Bergen a publié pas moins de dix albums, ainsi que plusieurs formats courts ou partagés.

Il n’est jamais trop tard - du moins veut-on bien le croire pour avoir bonne conscience ! – pour se rattraper à l’occasion de la parution du onzième album, WoduridaR. Lequel permet constater l’équation habile établie par HELHEIM entre ses racines Black Metal d’une part, sa marge d’évolution d’autre part. Sans tenir compte d’un processus évolutif que je n’ai pas suivi, je constate juste qu’en 2021, HELHEIM parvient à préserver l’essence du Black Metal, tout en lui adjoignant des adjuvants qui, s’ils n’émargent pas aux registres du Metal, n’en demeurent pas moins conformes aux objectifs misanthropiques initiaux.

Commençons par signaler les facteurs de stabilité en relevant un usage fréquent de riffs de guitare en trémolos, de riffs dépouillés et dissonants, d’accélérations rythmiques frénétiques (blast beats à l’appui), d’un chant âcre et véhément, écorché dans un registre médium. Le tout évidemment – expérience oblige – maîtrisé sur le bout des doigts. L’agressivité, voire la haine, sont présentes…
… mais elles sont constamment contrebalancées par des facettes plus mélodiques, plus apaisées, plus accessibles. Des guitares à l’acidité vaporeuse (compatibles avec le Shoegaze) ou aux arpèges simples et aériens, un chant masculin clair et bien modulé, évoquant autant la New Wave des années 80 que les franges les plus profondément sombres du Rock. Même si sept des huit compositions de l’album affichent des durées relativement cadrées - entre plus de trois et plus de six minutes -, on relève une nette tendance à varier subtilement les tempos et les rythmes, introduisant de facto une dimension, progressive apte à maintenir en permanence la tension.

En matière de Rock progressif, il faut néanmoins attendre l’ultime morceau de l’album, Det kommer i bølger, pour affronter du lourd, du conséquent. Soit une intensification progressive de plus de douze minutes, à mi-chemin du BATHORY de Hammerheart et du ENSLAVED dernière manière. Avec une montée en pression constamment contrôlée, des plages de respiration mélodique incrustées à des moments stratégiques, cette composition s’avale d’un seul tenant, absolument magistrale dans sa conception, dans son interprétation et dans sa mise en son. Sans le moins du monde diminuer les qualités intrinsèques authentiques des autres morceaux, on peut affirmer que cette plage de clôture incarne de manière vibrante la maturité et le savoir-faire de HELHEIM, après trente ans de carrière. Quel final !

Vidéo de WoduridaR : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 18 décembre 2021