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23/12/2021
Bleak light, fervent light
BLACK BLOOD OF THE EARTH
 
Bien que formé depuis 2008, le trio polonais BLACK BLOOD OF THE EARTH avait tout juste enregistré une démo en 2011 et un EP trois titres Wave Of Cold en 2013. Pis, plus rien, avec que ne sorte enfin ce premier album. Adeptes d’un Doom Death Metal assez classique, les trois compères ont à cœur de montrer leur maîtrise de chacun des éléments constitutifs de ce sous-genre qui, mal dosé et pratiqué de manière bourrine, peut s’avérer très rapidement fort lassant… d’autant plus que l’essentiel en la matière a déjà été produit dès les années 90 !

Le fait est que BLACK BLOOD OF THE EARTH évite pas mal d’écueils. Au premier rang desquels une vaine propension à la lourdeur et à l’épaisseur, qui a trop souvent transformé le Doom Death en bouillie pataude. Dans le cas présent, l’album se trouve doté d’un son à la fois organique, porteur d’une certaine crasse dans les riffs, mais aussi garant d’une certaine clarté dans l’exposition de chaque élément constitutif du son du groupe, des plus rugueux, aux plus dissonants, sans oublier les indispensables touches mélodiques. Surtout, on évite l’effet muraille sonore, tout autant que les débordements gras au possible. S’ensuit un exercice de Doom Death paradoxalement sec et rêche dans son versant rythmique, les guitares solos se montrant tour à tour vibrantes et tordues. Dans un ordre d’idée analogue, on remerciera le batteur de nous épargner une utilisation systématique de la double grosse caisse, avec éclatement espacé et métronomique de la caisse claire ; notre gardien du tempo fait au contraire montre d’une souplesse salutaire. Quant au chant, il comporte certes une bonne dose de rugosité caverneuse mais l’élocution demeure relativement articulée et dynamique, ne reculant pas devant certaines intonations plus aigres et haineuses (une tentation Black Metal chatouillerait-elle le gosier ?).

Au total, on tient un exercice de Doom Death maîtrisé, que certains jugeront un peu trop fin dans ses rythmiques. C’est cette clarté qui apporte le tranchant qui caractérise pour une bonne part l’identité sonore du trio. L’autre marqueur s’avérant être cette propension mélodique, à tendance dissonante (l’ombre du Post Metal plane franchement sur certaines séquences). Rien de révolutionnaire ? Certes non, mais on sent un groupe qui a pris le temps de mûrir son propos, de digérer ses influences pour en proposer une version crédible, sincère et solide, qui appelle des développements futurs (mais pas dans dix ans, hein !).

Vidéo de Drowning : cliquez ici
Alain
Date de publication : jeudi 23 décembre 2021