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27/12/2021
Wait and pray
INSANE
 
Généralement, quand on demande au public Metal de citer un album référentiel de SLAYER, une réponse s’impose sans ambiguïté : Reign In Blood. Effectivement, ce brûlot sorti en 1986 demeure encore aujourd’hui un modèle de brutalité systématique, assénée à un train d’enfer, avec une approche dépouillée et foncièrement hostile. Les plus raffinés citeront Seasons In The Abyss (1990), magnifique album de synthèse qui combinait à merveille la brutalité effrénée et les ambiances malsaines et sinueuses abordées sur South Of Heaven (1988).
Cela dit, il y fort peu de chance que les suffrages se portent sur les premier et second albums du groupe, à savoir Show No Mercy (1983) et Hell Awaits (1985). Pour autant, ces deux-là demeurent mes favoris personnels, quand bien même ils furent des œuvres de jeunesse perfectibles. Ils combinaient fantastiquement une frénésie rythmique binaire héritée du Punk de la seconde vague (DISCHARGE, THE EXPLOITED, ANTI-NOWHERE LEAGUE…) et les interactions crépitantes à deux guitares, ainsi que les cassures rythmiques (telles qu’imposées sur le premier album d’IRON MAIDEN en 1980).

Il se trouve que, dans la première moitié des années 2000, trois Italiens (anciens de SLAVES, combo déjà largement dévoué au culte de SLAYER) témoignèrent d’une adulation identique envers les premiers pas discographiques de SLAYER et, sous la bannière INSANE, publièrent en 2005 un unique album, intitulé Wait And Pray (chez Battle Cry records). Lequel constitue un hommage vivace, crédible et paradoxal à Show No Mercy. Pourquoi paradoxal ? Parce qu’à de nombreuses reprises, on reconnaît des rythmiques ou des lignes vocales empruntées ou dérivées de la matrice du SLAYER bourgeonnant… Alors qu’à de nombreuses reprises, après un couplet fortement évocateur, on se surprend à attendre le refrain de Die By The Sword, The Final Command, Fight Till Death, Show No Mercy ou Black Magic, on n’a aucunement envie de crier au plagiat honteux ; on se trouve au contraire aspiré par une interprétation fougueuse et féroce, mais aussi accroché par des compositions solidement agencées. Soulignons de surcroît que les membres de INSANE ne se contentent pas de singer leurs modèles. C’est ainsi que le chant, prodigué par le bassiste Dan MONTIRONI, reprend le style de chant rageur et évoluant ponctuellement vers les aigus, si typique du jeune Tom ARAYA, sans toutefois pouvoir en égaler les montées. Bien que frappeur et dynamique, le batteur Matt MONTIRONI n’égale pas tout à fait un Dave LOMBARDO, à l’époque encore vert, mais déjà plus fracassant. Aussi intraitable dans ses riffs que ses deux modèles, le guitariste Luke PEROZZI assure des solos aussi brefs et incisifs qu’à la source, avec une maîtrise plus ferme et un sens mélodique davantage présent.

Tout l’intérêt de cet album consiste en cette confrontation entre un référentiel à la fois limité, identifié et impressionnant d’une part, une capacité à composer des morceaux aussi accrocheurs que ceux dont ils sont inspirés d’autres part. Cette équation exigeante, résolue brillamment, interprétée en toute sincérité, n’est certes pas un indispensable absolu mais constitue toutefois une source rafraîchissante, qui permet au fan invétéré des premières heures de SLAYER de ressentir à nouveau le choc de cette impétuosité carnassière si addictive.
Augmentée de trois versions démos et d’une illustration de pochette inédite, cette réédition vaut indéniablement que l’on s’y intéresse.

Vidéo de Wait And Pray : cliquez ici
Alain
Date de publication : lundi 27 décembre 2021