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03/03/2022
Oltretomba
THE OSSUARY
 
Il est parfois étrange de constater (subir ?) certaines stratégies promotionnelles qui aboutissent, in fine, à ce qu’un album vous parvienne en mode dernier appel au mois de février 2022, la date de parution se situant en novembre de l’année précédente. Pour ma part, je préfère être en retard pour des raisons indépendantes de ma volonté, plutôt que de louper un album de qualité. Ce qu’est Oltrebomba, troisième album du quartette italien THE OSSUARY (originaire de Bari), actif depuis 2014.
Ne connaissant ni Post Mortem Blues (2017), ni Southern Funeral (2019), c’est donc en parfait novice que je découvre Oltretomba, sans pouvoir juger de la marge de progression du groupe. Vous voilà prévenus ! Autant affirmer d’entrée de jeu qu’il n’est point désagréable de découvrir aujourd’hui ce groupe attaché à faire revivre de manière vivace une certaine conception du Rock lourd en cours dans les années 70, selon des modalités multiples. Si l’ensemble de l’album offre favorablement une résonance de l’orage électrique propre à la décennie 65-75, il n’en demeure pas moins que, refusant une approche trop littérale et passéiste, les membres de THE OSSUARY s’emparent avec panache d’un patrimoine bariolé, pour en offrir une restitution vintage dans ses inspirations, passablement efficace dans ses restitutions.

Au moins sur le versant instrumental, l’exigence d’efficacité ne devrait pas étonner, les trois instrumentistes de THE OSSUARY ayant préalablement œuvré au sein du groupe de Death Metal brutal et technique NATRON ! Sauf que, dans le cas présent, il ne s’agit pas d’écraser l’auditeur sous un flux rythmique impérieux, mais bien plus de se conformer aux paramètres plus fournis, plus difficiles à maîtriser de par leur diversité, du Heavy Rock qui se développa dans les 70’s avec ALICE COOPER notamment. N’allez cependant pas croire que THE OSSUARY privilégie une approche Classic Rock, car l’ambiance générale se veut relativement sévère et sombre, avec une batterie sèche, des lignes de basse tendues et métalliques, bien présentes dans le mix, et des guitares qui savent osciller entre mordant, acidités psychédéliques et incises plus mélodiques, avec notamment des plans de guitares jumelles du plus bel effet, breaks vaporeux... De l’art de combiner douceur, menace sourde et ambiances sinistres. Dans un registre médium plutôt profond et ample, parfois plus éraillé, le chanteur adapte parfaitement ce schéma de contrastes.

Au niveau des compositions, on trouve des titres relativement concis, mais aussi pas moins de trois morceaux qui approchent ou dépassent le cap significatif des huit minutes, permettant des pleins développements dramatiques, avec changements de rythmes, de tempos et d’ambiances. Surtout, le groupe fait montre d’une appréciable variété dans son écriture. Ainsi, l’envoûtant Mourning Star développe un côté mélodique et gothique que n’aurait pas renié THE CULT dans ses grandes heures. A contrario, Kyrie Eleison propose une rythmique rampante, des guitares tour à tour mélodiques puis lourdes et tranchantes, un chant intimiste qui mue éruption contrôlée. On retrouve le même type de contrastes et de progressions sur le monumental titre éponyme (subtilement rehaussé d’arrangements d’orgue), sorte de collision Doom entre THE DOORS et ALICE COOPER. L’intro acoustique, avec claviers vintage et flûte, de Devils In The Night Sky renvoie clairement au Heavy Prog de BLACK WIDOW et JETHRO TULL. Sur les parties les plus lourdes, lentes et épaisses, on songe parfois au Doom tel que pratiqué dans les années 80 par PENTAGRAM ou TROUBLE.

Nous n’allons pas nous livrer à un fastidieux titre à titre, mais les quelques exemples exposés ci-dessus reflètent fidèlement la diversité dans la cohérence, traits de caractères à l’œuvre tout au long de cet excellent album. Sans se montrer démonstratifs, les trois musiciens de THE OSSUARY font montre d’une maîtrise et d’une versatilité qui fait la différence et le chanteur possède ce petit plus qui emporte l’adhésion.

Vidéos de Serpent Magic cliquez ici, de Devils In The Night Sky cliquez ici et de Ratking cliquez ici
Alain
Date de publication : jeudi 3 mars 2022