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21/03/2022
Roots
CHILDREN OF THE SÜN
 
Diantre, que ce second album des Suédoises de CHILDREN OF THE SÜN (le batteur et le guitariste sont les seules présences masculines) fait du bien par les temps sinistres actuels ! Déjà, en 2919, nous avions salué les qualités du Rock hippie présenté sur le premier album baptisé Flowers (cliquez ici). Comme le titre Roots le suggère habilement, la démarche passéiste et solaire du groupe gagne en profondeur et en solidité, notamment grâce à une écriture plus ferme, avec à la clé des chansons mélodiquement attractives, émotionnellement vibrantes, très bien arrangées qui plus est.

Et pourtant, la diversité des styles qui se côtoient sur cet album, parfois même au sein d’une même composition, aurait pu au contraire conduire à une dispersion préjudiciable. Fort heureusement, que ce soit en termes de composition ou d’interprétation, notre petite troupe est parvenue à une grande maîtrise de styles aussi divers que le Blues Rock teinté de Soul (FREE, SAVOY BROWN, STONE THE CROWS), le Rock psychédélique, le Folk progressif (RENAISSANCE, AFFINITY), le Folk à la Joni MITCHELL, le Rock Soul à la Janis JOPLIN, le Boogie Rock (CACTUS, FOGHAT) et on en oublie sûrement !

Pour répondre à une telle diversité, la guitare de Jacob HELLENRUD a fort à faire pour produire des riffs charbonneux, des solos crépitants et bluesy, des passages cristallins en son clair ou acoustique : chapeau l’artiste, les défunts Paul KOSSOF, Peter GREEN et Les HARVEY te bénissent ! L’excellente Wilma ÅS se montre aussi pertinente au piano qu’aux claviers vintage, multipliant les couleurs essentielles, parfois lumineuses, d’autre fois teintées de mélancolie. Quant à la section rythmique, elle peut tout aussi bien faire montre d’une parfaite efficacité binaire sur un Boogie, d’une effervescence enivrante sur les passages Rock les plus enlevés, que de percussions et de pulsations plus subtiles dans les accalmies.

Il n’en demeure pas moins que la facette identitaire la plus marquante se situe du côté vocal. En pleine maîtrise technique et expressive, la chanteuse Josefina BERGLUND EKHOLM fait tout à la fois montre d’une puissance impérieuse, d’une finesse impeccablement dosée et d’une versatilité bluffante. Sa prestation fusionne les qualités respectives de références aussi imposantes que Joni MITCHELL, Janis JOPLIN, Maggie BELL (STONE THE CROWS), Julie DRISCOLL (artiste solo, également complice du claviériste Brian AUGER), Sandy DENNY (FAIRPORT CONVENTION), Jacqui McSHEE (PENTANGLE) ou, plus récemment, la Norvégienne Susan SUNDFØR : c’est dire le niveau ! Par ailleurs, CHILDREN OF THE SÜN apporte de nombreuses preuves de son souci de qualité vocale puisqu’Ottilia BERGLUND EKHOLM se consacre intégralement à des chœurs et à des harmonies divines, auxquelles la claviériste Wilma ÅS prête occasionnellement son talent. On hésite entre une qualification en orfèvrerie (pour la précision) et une franche maestria solaire (pour la primauté accordée à l’effet d’ensemble, plutôt qu’à la démonstration).

Aussi effervescentes que leurs contemporains en Heavy Rock rétro HEAVY FEATHER, THE RIVEN, BESVÄRJELSEN, BLUES PILLS, les dames de CHILDREN OF THE SÜN (et leurs deux complices masculins) se distinguent cependant par la diversité de leurs inspirations et de leur expression. Même par un temps radieux, Roots pourrait décupler l’intensité lumineuse ; a fortiori dans les temps ô combien sombres que nous traversons, cet album fait office d’élixir de joie et de sérénité (avec juste ce qu’il faut de profondeur dramatique et mélancolique). Merveilleux…

Vidéos de Leaves (cliquez ici), de Reflection cliquez ici, de Gaslighting cliquez ici et de In Silva cliquez ici
Alain
Date de publication : lundi 21 mars 2022