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18/05/2022
Somnium nocte mendaciis
OPHE
 
« Approche ! Approche, pauvre humain à l’esprit fermé. Regarde dans ce miroir sombre l’image de ton âme viciée ».

Dans le crépuscule sonore de Tarde, la frêle silhouette obtempère et pénètre la matière grise et granuleuse de cette introduction à Somnium Nocte Mendaciis. Elle sent grandir son insécurité mais ne se doute pas encore de ce qui va…

« Continue, esclave ! Va plus avant jusqu’à traverser ton propre reflet. Sens-tu le Mandrax engourdir ton corps et te rendre simultanément euphorique ? »

En titubant, le pauvre humain passe le seuil d’Odalisk Incursio Sub Methaqualone. Douze minutes, c’est la plus longue épreuve. De l’électricité crépite sur les parois du couloir obscur. Ses pieds nus foulent lentement un sol humide et meuble d’où sortent ces vers qu’il sent glisser entre ses orteils. Bientôt, les démons se font entendre mais il ne parvient pas à savoir si leurs voix sont à l’intérieur ou à l’extérieur de son cauchemar.

« Danse avec eux ! Aime-les de tout ton corps puisque de ton âme tu ne peux plus rien faire. »

Eux, ce sont les pantins de chair de Squirting Cadaveribus. L’environnement beaucoup plus identifiable prend l’allure d’une belle et ample mélodie répétitive soutenue par une rythmique rapide qui deviendra lourde, puis syncopée, jusqu’au cri final de jouissance douloureuse.

« Ha, ha, ha ! La semence est en toi, à présent. Des graines de mots et d’idées capables d’engendrer ces chimères qui ne sont que les déchets de ta pensée. Tel est Partum Chimaerae ».

L’humain pose une main tremblante sur son ventre et écarquille les yeux. Autour de lui, s’ouvrent dix pièces cubiques. Decem Vicibus II s’étend comme une équation rythmique, une série jouée sur tom basse au-dessus de laquelle flottent des chœurs chauds mais indifférents. Juste envoutant. Juste envoutant. Juste envoutant jusqu’à ce que le chaos ne le rattrape. Il s’évanouit.

Plaintes graves des créatures de l’ombre, stridulations des chauves-souris… En contact direct avec le sol glacé, sa tête bourdonne sous les assauts de ceux qui aiment la nuit – Noctis Ames.

Le sol se réchauffe mais il ne le ressent pas. Il ne ressent plus rien. Il n’est plus. Et sur son corps en décomposition germent les chimères, comme les primevères du mal. Des cieux descend la main qui pique une étiquette au pied de ce massif grotesque :
[Flores Vere A Peccatis – semer à l’ombre, ne supporte pas le soleil direct]

***


OPHE est le one-man band de post black metal de Bargnatt XIX, guitare et chant dans OMRÅDE et DEMANDE À LA POUSSIÈRE. En hébreu ancien, « Ophe » aurait comme racine le verbe porter ou couvrir, comme une branche porte des rameaux ou des feuilles couvrent un arbre. La musique d’OPHE est ainsi faite que vous la portez sur vous et qu’elle vous enveloppe.

Après Litteras Ad Tristia Maestrum Solitude sorti en 2018 Somnium Nocte Mendaciis est son second album. Sur 41 minutes d’un son aux textures particulièrement riches se confrontent les émotions.

Maintenant, à vous d’écouter et de raconter votre propre histoire.

Pour accéder au streaming de Somnium Nocte Mendaciis : Cliquez ici !
Pumpkin-T
Date de publication : mercredi 18 mai 2022