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11/06/2022
Into the nightmare
SHADOWS
 
A l’accoutumée, le label californien Sentient Ruin Laboratories donne à entendre les groupes et les projets les plus extrêmes, les plus abscons qu’il se puisse rencontrer. Dans le cas présent, on sent a contrario le coup de cœur de l’extrémiste pour ses lointaines racines, à savoir le Heavy Metal. Faisons les présentations préalables. SHADOWS est un projet solo d’un artiste chilien, dissimulé sous le pseudonyme de John SHADES (également actif, sous le pseudonyme de Cris Profaner au sein du combo Black Thrash APOSTASY, précurseur au Chili). Into The Nightmare est la première démo de ce projet, riche de quatre pistes : une introduction flippante (Dream Paralysis, tout droit sortie d’un film horrifique de série Z) et trois compositions qui évoquent immanquablement ce que pouvait proposer le Heavy Metal underground entre 1982 et 1985.

Le fait est que, passé l’intro évoquée ci-dessus, notre homme-orchestre invoque les mânes du Heavy Metal, tel que réinventé par JUDAS PRIEST à la fin des années 70 et au début de la décennie suivante. Ce qui se traduit par un goût pour les riffs secs et nettement détourés et, plus globalement, pour un son limpide et percutant. Fidèle à la réinterprétation que firent des myriades de formations à partir du patrimoine de JUDAS PRIEST, SHADOWS adopte simultanément un positionnement identique par rapport à ces préceptes : il faut les adopter, pour mieux les adapter, pour les dépasser davantage. Les variations de rythmes et de tempos évoquent les débuts de MERCYFUL FATE (le mini-lp sans titre), avec notamment ce brusque surgissement de solos de guitare incisifs et tranchants.

Le fait que les vocaux ne puissent aucunement prétendre reproduire les brusques variations entre graves et aigus si caractéristiques des prestations de KING DIAMOND ne veut pas dire qu’ils ne parviennent pas à instaurer des ambiances similaires, à savoir brumeuses et hantées. D’autant plus que des harmonies efficaces augmentent notablement le rendu de ces vocaux délivrés tour à tour en mode étouffé et en registre médium modulé ou agressif.

Rien dans ces trois compositions, précédées de leur introduction, ne comporte une once d’innovation. Par contre, je peux vous assurer que les codes du Heavy Metal des années 80, se revendiquant d’un univers dédié à l’occultisme et au surnaturel. Celles et ceux qui n’étaient pas nées à temps pour découvrir le Heavy Metal tordu et gothique de MERCYFUL FATE, de WITCHFYNDE, PAGAN ALTAR, CIRITH UNGOL ou HELL. En somme, il s’agit de passer un excellent moment, pour partie régressif, pour partie limpidement et puissamment servi par une production et un mixage bien éloignés des critères étriqués et fauchés du début des années 80. Reste à attendre un album complet pour statuer définitivement sur le cas de SHADOWS.

Vidéo de The Ripper : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 11 juin 2022