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25/06/2022
Shadow work
DRUIDS
 
Quelques secondes dans une ambiance sonore mystérieuse et un peu angoissante, faite de bruits nocturnes, de nappes de synthé et chœurs, ainsi s’ouvre Shadow Work, le quatrième album long de DRUIDS. C’est alors que s’enclenche une rythmique au son hors du commun : une basse profonde qui tourne comme un moteur de Mustang, des percussions graves, tribales, martelées. Et tout de suite, la voix chaude et basse achève de nous envelopper dans un espace sonore rayonnant de vibrations shamaniques. La guitare intervient parcimonieusement, simplement pour faire monter la tension dramatique. Aether est un morceau d’introduction assez court mais qui plante magistralement l’ambiance de l’album.

Stylistiquement, DRUIDS est au départ un groupe de stoner psychédélique libéré et enrichi d’autres dimensions pour créer son propre Univers sombre, heavy, qui trouve le temps de se développer au fil de morceaux de six à huit minutes. Tous les titres sont charpentés par des lignes de basse géniales, un batteur puissant, et enluminés par une guitare qui sait se faire mordante, discrète ou exploser dans de lumineuses interventions.

DRUIDS apprend et évolue depuis maintenant quatorze années et cette expérience conséquente s’exprime pleinement tout au long d’un album dont la maturité est évidente. Le trio originaire de l’Iowa n’est pas là pour enchaîner des riffs dans un morceau, ni pour juxtaposer des titres sur un album. Il y a une grande cohérence artistique, une ligne directrice forte et volontaire, en l’occurrence, dépeindre ce sentiment d’incertitude et de flottement qui nous a tous plus ou moins étreint durant la crise sanitaire. Ceci implique notamment des titres construits comme des randonnées en montagne : non linéaires et renfermant de délicieuses surprises au détour de chaque virage.

La production et l’instrumentation de l’album ajoutent une très grande plus-value avec un son parfait qui laisse oublier que derrière la vague rythmique et mélodique déferlante, il n’y a que guitare, basse et batterie, et puis les voix, bien sûr. À ce propos, Shadow Work se caractérise aussi par un remarquable traitement du chant, instrument à part entière, varié, modulé, adapté au contexte – le plus souvent clair, parfois growlé juste quand il le faut, de temps en temps à deux voix en harmonies, en contrepoints ou en responsorial. Je crois que durant l’album, tous les arrangements vocaux possibles sont utilisés, un vrai cour de maîtres !

Sans vouloir entrer dans une comparaison simpliste, je trouve un certain nombre de points communs avec les excellents albums que nous ont récemment servi MESSA, QUEEN(ARES), ANATOMY OF HABIT, SUNSTARE ou THE MATTERHORN PROJECT - toute cette scène particulièrement créative capable de se construire une identité propre après avoir assimilé plusieurs décennies de heavy rock, de psychédélisme, de progressif, de new wave (post-punk), et de post-metal.

Shadow Work est à classer sans hésitation aucune parmi les incontournables pépites de l’année.

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DRUIDS est composé de :
- Drew RAUCH, basse et chant ;
- Luke RAUCH, guitare et chant ;
- Keith RICH, batterie.

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Pour écouter l’album en streaming avant un inévitable achat :
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Et en extra, quelques morceaux live en studio :
- DRUIDS’ Studio performance : Cliquez ici !
Pumpkin-T
Date de publication : samedi 25 juin 2022