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19/09/2022
Vermines
MIASMES
 
MIASMES est un trio français qui publie chez les activistes Acteurs de l’Ombre son premier EP cinq titres. Groupe récent mais comportant quelques musiciens expérimentés : un bassiste-vocaliste passé chez RITUALIZATION et dans la configuration scénique d’ANTAEUS, un guitariste ancien du combo Death Metal COMO MUERTOS. Comme le laisse augurer le visuel (entre franc blasphème et dégueulasserie urbaine), le trio semble vouloir tester une rencontre sulfureuse et explosive entre la virulence carrée du Punk Hardcore britannique des origines (DISCHARGE, GBH) et l’âpreté atrabilaire du Black Metal.

Inutile de faire durer le suspense, les biens nommés MIASMES parviennent avec un bonheur certain à combiner les deux familles d’influences. On retrouve bien cette façon de dégueuler des rythmiques bourrines qui nous charma tant à la charnière des décennies 70 et 80 : ça tape fort, ça fonce droit devant, c’est moche, ça se vautre dans le caniveau, mais quelle saine brutalité, quel exutoire ! Pour le côté Black Metal, vous avez en premier ces vocaux qui débitent des textes, certes écrits en français mais incompréhensibles car mixés très en retrait et de toute façon farouchement éructés. Vous avez ensuite un batteur qui développe un gros volume de jeu, notamment à la grosse caisse, largement plus impérieux que le classique tchac-poum keupon ; le type est intraitable également quant aux changements de rythmes et de tempos, létalement millimétrés. Quant aux riffs, on déguste en pleine poire des riffs bien clairement assénés, bien rêches et primitifs, mais aussi des vrombissements plus indistincts mais pas moins virulents. Souvent, le trio file à vive allure, mais, de temps à autre, il décélère et cela en devient presque malsain tant la menace se fait palpable : allez vers la fin de Pestilence ou tentez directement l’introduction accrocheuse de Désolation pour bien saisir le vice de ces configurations a priori plus pondérées… Sur les cinq compositions, quatre demeurent dans des durées assez concises entre plus de trois et moins de cinq minutes ; déjà cité, Pestilence culmine à 6’27, sans rien perdre en intensité mais en gagnant raisonnablement en complexité structurelle… une piste intéressante à développer à l’avenir.

On ne va pas épiloguer ni délayer cette chronique. Les cinq morceaux qui constituent Vermines sont de véritables coups de boule, des concentrés haineux, des percussions brutales en plein buffet. Ce n’est pas civilisé pour un sou mais c’est très bien maîtrisé et interprété avec la fougue et l’engagement requis. On en viendrait presqu’à craindre un album entier : il faudra prévoir le baume au camphre et les points de suture… MIASMES ne nous amène objectivement pas la révolution, mais très certainement une bien belle émeute !

Vidéo de Vermine : cliquez ici
Alain
Date de publication : lundi 19 septembre 2022