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15/10/2022
Evil mystery
LORD OF CONFUSION
 
Ce premier album du quartette portugais LORD OF CONFUSION constitue une excellente découverte en matière de Doom Metal. Avant d’évoquer l’essentiel, attachons-nous au visuel de Evil Mystery qui, de par son motif, son design et ses couleurs, rappelle immanquablement la pochette du mythique De Mysteriis Dom Sathanas de MAYHEM. Pour autant, d’un point de vue stylistique, le quartette lusitanien n’a pas grand-chose à voir avec le Black Metal des légendaires Norvégiens. Certes, LORD OF CONFUSION évolue dans un fort classique univers lugubre, occulte et sinistre, évoquant davantage un certain cinéma horrifique et gothique, plutôt que le satanisme. Alors, hommage, clin d’œil ou acte manqué ? Allez savoir…

Par contre, concernant la musique, on n’a aucun doute : c’est Doom et gothique ! Au fil de compositions majoritairement longues (trois titres entre plus de sept et plus de huit minutes), voire carrément imposante s’agissant du bien nommé Hell (plus de treize minutes !!!), LORD OF CONFUSION déroule lentement des rythmiques lourdes, soutenant des riffs grondants (assez conformes au CATHEDRAL des débuts et à ELECTRIC WIZARD). Certes, je conviens que le procédé est ultra-classique, voire éculé. Mais, que voulez-vous, quand il est exécuté avec une puissance laconique, je fais partie de ceux qui succombent encore et encore.

Cela dit, s’il n’était question que de lenteur et de lourdeur, LORD OF CONFUSION rejoindrait illico les hordes de formations Doom compétentes, mais finalement peu marquantes. Fort heureusement, au moins deux éléments complémentaires, mais loin d’être secondaires, confèrent une personnalité particulière au groupe.
En premier lieu, il y a le chant de Carlota SOUSA, évoluant dans des registres graves et profonds, savamment modulé, tout en privilégiant un phrasé hypnotique, parfait complément aux rythmiques implacablement obsédantes. Même si des vocaux masculins gutturaux apportent ponctuellement une touche sauvage, typique du Death Metal, c’est bien la capacité de la chanteuse à concilier un rendu spectral et une dimension passionnellement dramatique.
En second lieu, il nous faut souligner la qualité des arrangements d’orgue, prodigués par la décidément incontournable Carlota. Tout d’abord, ils contribuent à épaissir notablement les rythmiques. Ensuite, ils contribuent puissamment à installer une atmosphère lugubre et gothique, pleinement évocatrice des films horrifiques des années 50, 60 et 70, qui nourrissent sans relâche tant de groupes de Metal.
Enfin, certains arrangements plus électroniques (évocateurs du Space Rock), ainsi que des solos de guitare bluesy et acides, introduisent de facto une dimension psychédélique fleurant bon le début des 70’s, le tout merveilleusement compatible avec un contexte lourdement métallique.

Au total, nous tenons un premier album au charme vénéneux et obsédant, du genre qui vous retire du monde réel pendant trois quarts d’heure et qui vous donne envie de replonger encore et encore, à peine l’écoute terminée. Peuvent converger vers cette invitation sublime les fans de SAINT VITUS, PENTAGRAM, CATHEDRAL, ELECTRIC WIZARD, BLOOD CEREMONY, PAGAN ALTAR, les adeptes vétérans de BLACK SABBATH et BUDGIE étant également bienvenus, à condition de ne pas s’attendre à une tension rythmique très dynamique. Un joli tour de force et un coup de maître : vivement la suite !

Vidéo de Land Of Mystery : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 15 octobre 2022