DEADLY VIPERS - Low city drone
Style : Dark / Gothic / Doom / Stoner
Support :
MP3
- Année : 2022
Provenance du disque : Reçu du label
8titre(s) - 45minute(s)
Site(s) Internet :
DEADLY VIPERS FACEBOOK DEADLY VIPERS BANDCAMP
Label(s) :
Fuzzorama Records
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(18/20)
Date de publication : 20/10/2022
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Stoner magistral et bien plus que ça
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Ils sont quatre, originaires de Perpignan et ils ont déjà publié un EP cinq titres et sans titre en 2014, un premier album, Fueltronaut (2017), avant d’en arriver à ce second opus impressionnant de maîtrise, de solidité et de verve. Alors, dynamitons d’entrée de jeu la cérémonie des étiquettes, nécessaire mais convenue. Le groupe se revendique tour à tour du Fuzz Rock, du Stoner Rock, osant même une appellation cul par-dessus tête : Sci Fi Fuzzy Psych Rock. J’acquiesce à la mention psychédélique, tant abondent les séquences flottantes et subtiles, parfaits contrastes à la rugosité et à l’épaisseur rythmiques prévalentes. Pour ma part, cette combinaison impeccablement assimilée de lourdeur sinueuse, d’énergie éruptive, transpercée par des vocaux qui se font tour à tour sardoniques, magistraux et un rien désabusés, me ramène au meilleur du Grunge, à condition de songer aux débuts de SOUNDGARDEN, voire à ALICE IN CHAINS. Quand l’énormité des lignes de basse et le rendu massif et crépitant des riffs de guitare déroulent pesamment leur attirail sur des tempos lents, je conjure tout fan de Doom et de Sludge de refuser de venir patauger dans cette fange bordée de falaises granitiques.
Sortons de la cérémonie d’étiquetage à vocation universelle, pour mieux souligner les particularités du son et du style développé par DEADLY VIPERS. Une première écoute un brin superficielle conduit assez paresseusement à identifier les connections, nombreuses et revendiquées, avec le Stoner originel. Par ses rythmiques asphyxiantes, par son groove d’ursidé ivre, par son intensité compressée, par ses séquences plus aériennes et psychédéliques, le groupe s’apparente pleinement aux préceptes fondamentaux et historiques du Stoner : KYUSS forcément, FU MANCHU, avec également la touche Rock sale et urgent propre à THE HEADS et NEBULA. Il y a donc fondamentalement dans les compositions de DEADLY VIPERS cette volonté d’installer des répétitions de motifs rythmiques et mélodiques, tellement entêtants qu’ils ont vocation à développer une perception hypnotique.
Cependant, là où des centaines de formations converties au Stoner se contentent de ces dispositifs de charmeurs de serpents, DEADLY VIPERS complexifie l’enjeu, principalement en multipliant les ruptures au sein de morceaux relativement concis (seul le colossal titre éponyme franchit le cap des neuf minutes). En somme, le groupe parvient miraculeusement à combiner un versant brut, avant tout puissant et primitif d’une part, mais aussi une approche plus subtile, plus articulée. A vrai dire, si la prise de son privilégie ostensiblement un rendu sale et explosif, le mixage totalement adéquat permet de maintenir les équilibres entre rendu crasseux et limpidité mélodique, entre écrasement totalitaire et digressions subtiles, entre obligation d’efficacité impérieuse et maniement sensible d’une dimension franchement plus subtile.
En somme, nous tenons un album, porteur d’une maturité pleine et entière, parfaitement équilibré, dans le fond et dans la forme, entre la force brute et impérieuse et les subtilités non accessoires. On ose à peine envisager un troisième album qui, consolidant les acquis des deux premiers, prendrait carrément sa liberté par rapport au référentiel Stoner.
Les perspectives ? Démultiplier les missions exploratoires. Davantage d’épaisseur rythmique ? Autant privilégier encore plus de subtilité contrastée dans l’instrumentation. Quant au chant, on se contentera de saluer cette versatilité, jamais exempte de cohérence. Vous voulez un registre nasal, articulé, entre nonchalance et élégance ? Présent. Vous appréciez les crispations franches, légèrement agressives ? Vous rêvez que les plus costauds soient aussi réceptifs à la transcendance ? Mission accomplie.
Celles et ceux qui cherchent avec frénésie à combiner les contraires ne manqueront pas de trouver via Low City Drone cette exigence de figures prédestinées, mais dépassées par une écriture au cordeau et par une interprétation intense, par un investissement de tous les instants. Ce à quoi il faut ajouter une prise de son organique (ce qui inclue, contradictoirement, crasse et limpidité), un mixage détourant idéalement chaque détail sans jamais rien renoncer au rendu d’ensemble. Diantre, de la personnalité au travers du classicisme : bon sang, mais c’est bien sûr, voici la voie à suivre pour ces fichues vipères !
Définitivement mordu, j’ai commandé les deux premiers albums, via Bandcamp : je dis ça, je dis rien…
Vidéo de Big Empty cliquez ici et de Low City Drone cliquez ici
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