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27/10/2022
The serpent and the lamb
SEA OF SNAKES
 
En ces temps moroses, voilà un quartette, certes originaire de l’ensoleillée Californie, néanmoins annonciateur d’une atmosphère on ne peut plus lugubre : imaginez une mer de serpents (brrr !), regardez ce pauvre mouton aux pattes liées, sous la menace directe des crocs venimeux du reptile. On a fait plus festif. De fait, SEA OF SNAKES n’a pas pour vocation d’amuser les foules, mais bien au contraire de les immerger dans un malaise existentiel patent. Même si la biographie fournie par le label évoque le Stoner et le Hard Rock, il s’avère passablement ardu de déterminer précisément le style pratiqué par nos reptiles. La faute à un son général trop peu épais pour rivaliser avec les standards trapus et bitumineux, si caractéristiques du Stoner. On sent parfaitement que le dispositif pourrait sans problème s’apparenter à l’épaisseur rebondie propre au Stoner, d’autant plus que le groupe se plait à truffer ses compositions de breaks, ménageant des séquences pondérées et subtiles au sein d’un paysage granitique. Séquences souvent animées par une approche psychédélique, à la fois attractive et vénéneuse. C’est ainsi qu’un titre comme Dead Man’s Song s’apparente à une ballade bluesy, avec un côté éthéré qui m’évoque Planet Caravan et Solitude de BLACK SABBATH (respectivement sur les albums Paranoid, 1970, et Master Of Reality, 1971).

Même si les délicatesses psychédéliques lui conviennent à merveille, il convient de souligner que le son global de SEA OF SNAKES s’impose comme majoritairement lourd et rêche : en somme, conformément aux préceptes du seigneur IOMMI, le guitariste Jim Mc CLOSKEY aligne sans jamais faiblir des solos cinglants et surtout des riffs aussi crépitants qu’épais et tranchants, puissamment impulsés par un tandem rythmique aussi intraitable quant à l’épaisseur que capable de produire du mouvement puissant. En la matière, le corpus de références de SEA OF SNAKES demeure limpide : BLACK SABBATH époque 70’s, le Grunge dans son versant Metal (SOUNDGARDEN et ALICE IN CHAINS), le Sludge à la DOWN.

Nous assistons-là à un début solide, tout à la fois marqué par des référentiels particulièrement prégnants, et par une capacité à écrire des morceaux solides et attractifs, tant du point vue rythmique que mélodique, tant vocalement parlant que sur le plan instrumental. The Serpent And The Lamb est un album qui se rapproche beaucoup de la seconde période du mythique TROUBLE, entre 1990 et 2017. Voilà de quoi prendre rendez-vous pour un second album, si possible pourvu d’un son plus charpenté et témoignant d’une plus grand indépendance vis-à-vis des influences. En attendant, ondulons de concert sur la mer des serpents.

Vidéo de Third Kind : cliquez ici
Alain
Date de publication : jeudi 27 octobre 2022