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Chronique
AVATARIUM - Death, where is your sting

Style : Dark / Gothic / Doom / Stoner
Support :  MP3 - Année : 2022
Provenance du disque : Reçu du label
8titre(s) - 45minute(s)

Site(s) Internet : 
AVATARIUM FACEBOOK

Label(s) :
AFM
 (18/20)

Auteur : Alain
Date de publication : 29/10/2022
Doom certes, mais aussi par-delà
Actif depuis une décennie déjà, AVATARIUM était initialement un projet commun entre le guitariste Marcus JIDELL (ex de chez EVERGREY, ROYAL HUNT, SOEN) et du bassiste Leif EDLING (CANDLEMASS, KRUX), renforcés par la chanteuse Jennie-Ann SMITH. Depuis, le groupe n’a franchement pas chômé, Death, Where Is Your Sting étant déjà son cinquième album (sans oublier deux EPs en débit de discographie et un live, An Evening With Avatarium-Live In Stockholm). Au fil du temps, Leif EDLING s’est peu à peu effacé, allant même jusqu’à sortir du groupe, tout en collaborant ponctuellement. Pour cette fois, la chanteuse Jennie-Ann SMITH s’est sentie suffisamment en confiance pour prendre à son compte l’écriture de l’ensemble des textes. Ce qui constitue un enjeu pour tout l’album, au-delà des mots compris dans les textes : quelle influence ce changement d’autrice a-t-elle bien pu avoir sur les lignes de chant, voire sur l’ambiance générale de l’album ?

Même si AVATARIUM n’a pas réalisé deux albums identiques depuis ses débuts, force est de constater que Death, Where Is Your Sting marque une évolution assez nette du Doom Metal psychédélique et progressif initial. Là où Leif EDLING avait importé de ses groupes précédents un goût immodéré pour des riffs de plomb, posés sur des rythmiques impitoyables, Marcus JIDELL semble avoir voulu quelque eu aéré le spectre sonore, afin de réserver plus d’espace à Jennie-Ann SMITH. Est-ce à dire qu’AVATARIUM aurait perdu de sa puissance au cours du processus ? Que nenni, AVATARIUM a indéniablement perdu en épaisseur et en lourdeur, mais la puissance demeure, répartie selon une économie un brin décalée. C’est ainsi que les couplets se trouvent très souvent soutenus par une instrumentation plus tempérée, les orages électriques se réservant pour les refrains, avec des montées en puissance appréciables.

Soyons clair, AVATARIUM version 2022 ne renie rien de ce qu’il fut depuis 2012, mais présente un réaménagement de ses éléments fondamentaux. Que permet cet aménagement ? Là où la richesse du style AVATARIUM résidait dans une prééminence de parties lentes, épaisses et lourdes, avec de nombreux breaks et arrangements plus atmosphériques et tempérés, AVATARIUM ne confie plus les lignes directrices de ses morceaux strictement à son versant Doom, des éléments plus variés et plus subtils se hissent plus fréquemment aux premiers rangs. Au premier rang desquels on trouve le chant. Jennie-Ann SMITH livre ici sa prestation la plus mûre, la plus aboutie, la plus profonde sur le plan des émotions. En effet, n’ayant plus besoin de pousser aussi puissamment pour exister dans un univers de granit et de plomb, elle peut se permettre davantage encore de subtilité et de nuances dans son phrasé et dans ses intonations. Elle n’est certes pas issue du monde du Metal, mais elle a toujours – à mon humble avis, du moins – évolué dans une autre dimension que les vaillantes brailleuses Metal et que les divas néo-classiques. Si vous écoutez cet album à fort volume sur des enceintes, vous serez bluffé.e.s par sa prestation. Si vous écoutez au casque, à un volume plus mesuré, vous serez ému.e.s , profondément bougé.e.s par son investissement émotionnel, si savamment dosé. Aucune frime, aucune putasserie, rien qu’une combinaison rare de justesse technique et émotionnelle.

Mais il n’est pas d’approfondissement que dans le registre vocal. Les riffs de géants se faisant plus rares mais, par comparaison, plus impressionnants encore, ils cèdent de l’espace à des arrangements de claviers, de guitare acoustique (déjà fréquemment en usage sur les albums précédents) et autres sonorités électroniques très ponctuelles. Mais il y a (beaucoup) mieux. Prenons par exemple le morceau introductif, baptisé A Love Like Ours, dont les toutes premières notes se trouvent fournies par des cordes, bientôt rejointes par un piano et une guitare acoustique, tous instruments dont les entrelacs subtils forment un écrin pour l’irruption de la voix très proche, toute en passion et en tourment retenus (sous-tendue par une batterie sèche). Pendant une minute, l’électricité demeure sous forme d’arrangements ponctuels, avant que voix et instrumentation ne se rejoigne pour alterner pics électriques et subtile reptation rythmique. Du grand art, et, surtout, un incroyable pari en ouverture d’un album !

Sans vouloir aucunement me livrer à une fastidieuse revue titre à titre, que l’on me permette d’aborder le cas significatif de Stockholm (cliquez ici), composition de rupture, ostensiblement placée en seconde position, juste après le complexe et profond exercice émotionnel décrit ci-avant. Or donc, voilà un titre qui s’annonce comme l’AVATARIUM de jadis, avec riffs de titan, section rythmique glaçante de puissance, arrangements ultra-puissants de claviers en soubassement. Au bout de cinquante secondes, break, voilà que guitare acoustique et voix claire (certes, un peu de guitare saturée en arrangement) évoluent en plein Folk : une merveille de contraste ! A 2’30, la rythmique se fait plus progressive et l’électricité réinvesti peu à peu la rythmique, le chant pousse, tandis que piano et violon s’insinuent. A 3’50, nouveau break acoustique et voix, presque dépouillé, avec même des chœurs réellement touchants et célestes. A 5’, nouveau retour à une démarche progressive lestée d’électricité menaçante, porteuse de Doom jusqu’au final inexorable. Un pur exercice d’intelligence en termes d’écriture (musique et lignes vocales), d’arrangements et de mise en son ! Preuve que l'évolution représentée par Stockholm ne se fait pas contre le géniteur originel, ce titre est le seul coécrit avec Leif EDLING !!!

Quand bien même je ne souhaiterais pas bêtement me livrer à un descriptif chronologique, morceau après morceau (et pourtant, tout m’y pousse), il me paraît impossible de ne pas citer le troisième par ordre de classement, à savoir le titre éponyme (cliquez ici). Lequel débute sur un tempo médium, marqué et nerveux, pour autant accompagné rythmiquement par une guitare acoustique – la guitare électrique produit des arrangements électriques orageux, passablement psychédéliques. Assez rapidement (après un peu plus d’une minute), explose un refrain uniquement basé sur des accentuations vocales, autant dramatiques que lumineuses. Le tout nerveusement soutenu par des guitares électriques félines et acérées et par une section rythmique pour le moins tendue et carrée. Et là, je me suis dit que cela faisait appel à mon corpus musical personnel, totalement hors Metal ; réflexions sensitive et émue qui me conduisit aux plus grands noms du Rock US de qualité : Bruce SPRINGSTEEN, John MELLENCAMP, Tom PETTY, Bob SEGER. En fait, Death, Where Is Your Sting (le morceau) possède une structure progressive et évolutive, des montées en charge émotionnelle et dramatique, analogues à des titres aussi dévastateurs et accrocheurs que The River (SPRINGSTEEN & THE E STREET BAND, album The River, 1980 cliquez ici), Rain On The Scarecrow (John MELLENCAMP, album Scarecrow, 1985 cliquez ici), Refugee (Tom PETTY & THE HEARTBREAKERS, album Damn The Refugees, 1979 cliquez ici), No Man’s Land (Bob SEGER & THE SILVER BULLET BAND, album Against The Wind, 1980 cliquez ici). Bien que le traitement plus sévèrement Metal empêche a priori de telles comparaison, les qualités conjuguées de la composition, de l’écriture des textes, de l’interprétation, des arrangements convergent vers ces critères d’excellence du meilleur niveau. Preuve que le contexte Doom édifié originellement par Leif EDLING n’est en rien incompatible avec une certaine universalité, sans rien renier des particularités propres au projet.

Situé en quatrième position, d’une durée de 4’23, Psalm For The Living (écho au fabuleux Psalm For The Dead de CANDLEMASS, datant de 2012 ?) adopte majoritairement une approche franchement dépouillée, voire flottante, l’intensité électrique et vocale n’intervenant par paliers qu’à partir de trois minutes. Bel exercice d’équilibrisme…

L’approche plus frontale et impérativement compatible avec le Doom Metal se retrouve par contre sur God Is Silent (qui offre cependant un rendu sonore plus complexe et dynamique que par le passé). Le relativement long Mother Can You Hear Me Now (un peu plus de six minutes, rien d’extravagant en somme), fort contrasté, entre Folk Rock Song nerveuse et Doom Rock lyrique, illuminé par une guitare solo parcimonieuse, mais ô combien incisive et lyrique.
Autre facette du répertoire actuel d’AVATARIUM, le mid-tempo Nocturne n’atteint aucunement les niveaux d’audace et d’inventivité de ses voisins de palier, mais il s’apparente à une version superbement modernisée du Ozzy OSBOURNE des années 80.
En clôture d’album, l’instrumental, dangereusement nommé Transcendent, s’offre une introduction en guitare acoustique et guitare à son clair psychédélique (plein d’écho donc), avant d’aboutir au bout de deux minutes à un mur de riffs arides et de section rythmique impitoyable. Cependant, même dans ce contexte très lourd, voilà qu’un violon s’introduit comme instrument solo, avant qu’à quatre minutes échues, un break acoustique délicat ne se fasse jour et ne conduise vers une conclusion limpide, un peu comme une fin de vie que chacun.e souhaiterait apaisée.

A titre personnel, je vous livre sans ambages mes sentiments. Prisonnière d’un référentiel historique, l’inspiration de Leif EDLING tourne en rond au sein de CANDLEMASS, l’album Psalms For The Dead (datant de 2013, avec l’ex SOLITUDE AETURNUS Robert LOWE au chant) contenant les derniers éclats de génie d’un homme et d’un groupe devenus essentiels, sans avoir jamais reçu la reconnaissance due (sauf ces toutes dernières années) .
Brièvement régénérée au sein du projet KRUX (quel chef d’œuvre de premier album ! mais une carrière intermittente de 2002 à 2011, débouchant sur un Heavy Doom épique plus classique, quoique magnifique, en atteste cette chronique cliquez ici), la verve du créateur du Doom épique se banalisa (certes, splendidement) dans le projet THE DOOMSDAY KINGDOM (un EP en 2016 et un bel album en 2017, rencontre entre le Doom et le Hard lunimeux, fringuant et épique de RAINBOW). Aujourd’hui, au travers de ce cinquième album d’un projet né de la volonté d’un homme désormais accessoire - aucune offense, tant je respecte immensément l’artiste et ce que je devine être devenu l’individu – je crois décerner un potentiel déjà avéré et potentiellement énorme. En somme, serait-il envisageable que la charge romantique et dépressive, si typiquement liée au Doom Metal épique, tel que défini par Leif EDLING, se trouve de nombreuses années après redéfinie par des compagnons de route, entre fidélité et franche évolution. Pour ma part, sans trahison, mais avec au contraire le souci de prolonger le projet d’un homme, le tandem JIDELL-SMITHrécupère l'héritage et le réinvestit splendidement.

Vidéos de A Love Like Ours cliquez ici
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Pumpkin-T Le samedi 29 octobre 2022

Ville : MARSEILLE
Excellent album qui propose une incarnation nouvelle de l'esprit doom servie par un chant féminin hors norme (bien loin des clichés de ces divas qui me font gerber).
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