14 / 20
02/11/2022
Tragic magic
SPELL
 
SPELL est un duo originaire de Vancouver, avec déjà trois albums dans la besace : The Full Moon Sessions (2014), For None And All (2016) et Opulent Decay (2020). Arrivant en quatrième position, Tragic Magic continue de creuser le sillon si particulier qui fait le sel de SPELL. Tout d’abord, le duo semble échappé d’une faille spatio-temporelle située entre 1978 et 1982. Fort classiquement, le Hard Rock élégant et racé fait partie des influences, de même que le Heavy Metal ligne claire qui pullula dans et autour de la New Wave Of British Heavy Metal. Riffs brefs et secs, guitare solo splendidement mélodique et acérée (l’ombre de WISHBONE ASH ?).

Mais au moins deux éléments caractérisent encore plus fortement le répertoire proposé par SPELL. Commençons par l’omniprésence d’arrangements de synthés, dont il faut bien convenir que les sonorités auraient déjà sonné bon marché au début des années 80 ! A ce stade, on sent que c’est totalement voulu par le tandem, histoire de s’ancrer dans ce début de décennie 80, quand même le manque de définition de certains synthés conférait un certain cachet. Après, on aime ou pas, mais c’est effectivement cohérent.
Poursuivons par le chant, partagé par les deux compères. Quel que soit le gosier au service derrière le micro, on trouve des constantes : registre clair et plutôt haut perché (quoique sans excès), phrasé posé, modulations de faible ampleur mais toujours soucieuse d’un rendu mélodique de chaque instant.
Reste que ces claviers et ce chant ne sonnent pas particulièrement Hard ou Metal et qu’on a pu les entendre à l’époque dans des contextes franchement Pop ou Nouveaux Romantiques. Au mieux, on pourrait penser à une influence AOR, avant que le genre ne soit trop policé et formellement parfait. En tout cas, la brièveté des morceaux (rien au-dessus de 5’30) penche en faveur de cette piste…

Reste cependant à traiter une ultime dimension de la personnalité de SPELL, à savoir les structures des compositions. En dépit de formats brefs, le duo parvient à multiplier au sein de chaque titre un nombre conséquent de changements de rythmes et d’ambiances. A telle enseigne qu’on soupçonne une intention progressive, peut-être influencée par le Néo Prog (IQ, PALLAS, PENDRAGON). Certes, certaines transitions s’avèrent plutôt abruptes, voire un tantinet maladroites, mais cette propension garantit une animation dynamique à l’ensemble de l’album.

Avec toutes ces facettes identitaires, SPELL ne convaincra pas tout le monde, mais offre une approche suffisamment singulière et attractive pour mériter à tout le moins un minimum de respect et de curiosité. Faites-vous une idée en visionnant et en écoutant les vidéos de Watcher Of The Seas cliquez ici, Fever Dream cliquez ici et Ultraviolet cliquez ici.
Alain
Date de publication : mercredi 2 novembre 2022