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20/11/2022
Deafening silence
DESERT WAVE
 
Cinq années se sont écoulées entre la sortie en 2017 de Lost In Dunes et celle de ce superbe second album : Deafening Silence. DESERT WAVE nous revient avec une œuvre toujours aussi stoner que la précédente mais délibérément plus psychédélique. Si les tempos sont lents ou médiums, s’il n’y a pas de titres aussi brutaux que les Logan’s Run, ou Blue Dicks du précédent opus, n'imaginez pas pour autant que le trio italien se soit ramolli – certainement pas ! La puissance s’exprime juste différemment.

La raison de cette nouvelle orientation est peut-être conjoncturelle. En effet, l’album a été écrit durant le confinement, particulièrement sévère en Italie. Son ambiance retranscrit donc des pensées plus introspectives et surréalistes générées par ce « silence assourdissant » annoncé dans le titre et qui était palpable lorsque l’enrayement de l’activité humaine avait figé la ruche.

J’ai été directement emballé par la première plage de Deafening Silence : un vrombissement sourd de synthé sur lequel intervient un martelage de toms graves assez tribal, une basse pleine d’harmoniques et une guitare qui imprime un riff hypnotique. Les deux parties d’Outside sont d’un pur desert rock dans lequel l’apparente simplicité joue en faveur d’une efficacité maximale. Je kiffe !

Je découvre aussi dès ces premiers titres la qualité du son chaud de l’album que l’on doit à Andrea ‘Spazza’ RIGONI des Fantasma Studios – très bonne prise de son, parfait équilibre des pistes, respect de l’ambiance poussiéreuse, excellente dynamique – ce travail est un vrai atout au service des compositions.

Le troisième morceau qui donne son titre à l’album est un stoner rampant dont la rythmique pesante à souhait va chercher de l’air dans le son de la guitare alarmiste qui ne veut pas vous lâcher et s’insinue très profondément dans votre âme sous les coups d’une infra-basse tenace. L’atmosphère à couper au couteau de cet instrumental illustre à merveille le concept de l’album.

Vous n’êtes absolument pas à l’abris de la menace. L’insécurité est absolue. Ce n’est pas parce que le ciel est lumineux que votre conscience retrouve de la sérénité. Above est un autre morceau angoissant que je comparerais au psychédélisme sombre et poétique de PINK FLOYD – dans l’esprit, cela sonnerait comme un hybride de Goodbye Cruel World avec The Nile Song.

Vortex prolonge l’émotion de la précédente chanson mais gagne d’autres sphères, plus spatiales. Le son de basse me cloue sur place dès l’intro avant de m’embarquer. L’effet de vortex est très bien réussi et lorsque la rythmique s’emballe à l’apogée du morceau (vers 2’40), il est impossible de ne pas céder à l’attraction de sa force centripète.

Je vous propose une expérience. Lancez Venus Chains dans le noir, casque sur les oreilles et écoutez attentivement. Vous verrez à quel point le jeu de DESERT WAVE est subtile et habilement servi par le mixage. Laissez vous portez par la puissance de ce groove qui avance inexorablement. Rien ne peut l’arrêter.

Endless Night clôture l’album par un affreux cauchemar. Je sens tout le poids de cette nuit sans fin peuplée de vampires à laquelle il est impossible d’échapper. Il n’y a d’autre issue que le cimetière. Cette conclusion résume bien la beauté dépressive de Deafening Silence, l’incertitude, les peurs, les rêves, les remises en question que nous avons tous connus au cœur de la pandémie.

De nombreux groupes ont écrit et composé à partir de leur propre vécu de la crise sanitaire. Le témoignage de DESERT WAVE est un des plus abouti que j’ai entendu, à la fois simple mais terriblement immersif. Un album que je recommande vivement.

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DESERT WAVE est composé de :
- Enrico ‘Burton’ DALLA POZZA, guitare ;
- Luca ‘Logan’ ADAMATI, basse, synthé et chant ;
- Andrea ‘Drugo » VETRI, batterie.

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Streaming intégral de l’album :
- Deafening Silence : Cliquez ici pour l’écoute sur Bandcamp !
Pumpkin-T
Date de publication : dimanche 20 novembre 2022