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19/12/2022
Of solitude triumphant
THE TEMPLE
 
En 2016, nous avions favorablement accueilli la publication du premier album de THE TEMPLE (cliquez ici). L’honorable appréciation contamine aisément l’examen du second album, tant THE TEMPLE semble avoir gagné en assurance et en puissance, l’expérience et la maturité aidant.

Une fois passée la magnifique introduction chorale et liturgique, Me To Lichno Tou Astrou, nous évoluons dans un univers dédié à un Doom Metal, certes classique, néanmoins superbement mélancolique et limpide dans sa mise en son. A aucun moment, THE TEMPLE ne cherche à ériger on ne sait quel infranchissable mur rythmique, à battre un illusoire concours de pesanteur. Du point de vue stylistique, THE TEMPLE ne s’inscrit guère dans la tradition du Doom classique d’obédience BLACK SABBATH, PENTAGRAM, SAINT VITUS et THE OBSESSED n’étant pas ses figures tutélaires, car trop terre-à-terre. De par ses guitares très marquées par le Heavy Metal, de par sa mélancolie existentielle, THE TEMPLE s’avère assurément plus proche du Doom dynamique de MEMENTO MORI et MEMORY GARDEN, du Doom tourmenté de SOLITUDE AETURNUS, GRIFTEGÅRD et ISOLE, et du Doom majestueux de CANDLEMASS.

S’il est un domaine dans lequel THE TEMPLE fait montre d’une efficacité redoutable, c’est celui des guitares. Le soliste Felipe s’illustre par ses solos incisifs, à la fois techniques et riches en émotions et en mélodies, tandis que son compère Stefanos débute des riffs rêches et lapidaires. Plus souvent qu’à leur tour, les deux compères prodiguent des plans gémellaires, générateurs de mélodies simples mais terriblement mélancoliques et tristes ; on a beau connaître le procédé de longue date, il n’en reste pas moins d’une expressivité émouvante quand il est manié avec talent.

Cependant, un domaine domine davantage encore les débats, à savoir le registre vocal. Il y a d’une part le chant, clair, dans un registre médium, à la diction très articulée, aux intonations allant de la tristesse patente au désespoir le plus poignant, les émotions intermédiaires étant la mélancolie profonde, la douleur en plein florès. Le tout sans effets inutilement théâtralisés, mais avec une tranquillité constante qui confine à la mélopée. Cette base puissamment établie, le groupe a pris soin de multiplier les arrangements vocaux, que ce soit sur les refrains ou sur les couplets : harmonies, chœurs, tout est bon pour accentuer subtilement les émotions délétères évoquées ci-avant. A vrai dire, je n’avais pas ressenti des émotions aussi splendidement tristes et poignantes depuis l’immortel Solitude de CANDLEMASS et les premiers albums de WHILE HEAVEN WEPT !

Hormis l’introduction vocale Me To Lichno Tou Astrou déjà évoquée (à peine plus de trois minutes) et A White Flame For The Fear Of Death (5’41 de pur Doom mélancolique), cet album comporte pas moins de trois compositions autour de sept minutes. Au-dessus du lot, The Lord Of Light atteint 9’21, tandis que The Foundations culmine à 10’09. Des durées aussi conséquentes permettent à THE TEMPLE de développer amplement des rythmiques hypnotiques, mais également d’agencer des changements d’ambiances et de rythmes. Bref, THE TEMPLE maîtrise merveilleusement bien une animation dramaturgique qui transcende le classicisme de chaque élément constitutif du Doom Metal du groupe grec.

Découverte et acquisition impératives !

Vidéo non officielle de l’album : cliquez ici
Alain
Date de publication : lundi 19 décembre 2022