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19/12/2022
Witnesses
(EchO)
 
Si je vous dis que (EchO), quartette originaire de Lombardie, existe depuis 2007, nous pouvons convenir que le groupe a désormais de la bouteille et qu’il ne peut plus être considéré comme un nouveau venu. Pourtant, Witnesses n’est que son quatrième album. Peu importe la quantité, pourvu qu’on ait la qualité, ce qui est le cas en l’espèce, (EchO) ayant toujours veillé à développer son propre style, à partir d’un substrat d’obédience Doom Death mélancolique, avec toujours un souci de ménager ambiances et mélodies mélancoliques. Quatorze ans après sa démo cinq titres Omnivoid, le groupe continue à labourer de manière approfondie le même sillon lent, pesant parfois, mais toujours atmosphériques et parcouru par de puissants courants mélodiques, si torturées soient-ils.

Comme son nom l’indique, (EchO) est un projet au long cours, qui s’efforce de demeurer fidèle à l’explosion originelle, en la peaufinant, en la perfectionnant. Dans le cadre de compositions dont les durées s’étagent au-dessus de six et de sept minutes, le groupe nous fait déambuler au gré de séquences successives, souvent complémentaires, parfois fortement contrastées. Globalement, le tempo demeure lent, ce qui n’empêche pas des variations de rythmes, mais surtout d’intensité. Prenons les registres abordés successivement par les deux guitaristes : s’ils savent encore lâcher des riffs dénudés et lapidaires, les deux compères ont appris de longue date à modérer leur propos et à distiller des mélodies acides, dignes du Rock gothique, ainsi que des plages apaisées et limpides.

Dans le domaine vocal, les contrastes sont tout aussi flagrants. Fabio URIETTI alterne passages clairs et poignants, avec des accès de férocité aigres et rauques, qui relèvent dorénavant davantage d’un Death équilibré par des intrants Black Metal. Quels que soient les référentiels, l’animation dramatique se trouve pleinement assurée. D’autant plus que le groupe n’hésite pas à faire appel à du renfort, si nécessaire. Ainsi, Alexander HÖGBOM (OCTOBER TIDE, ex-CENTINEX) adjoint son timbre rugueux sur le titre Laudanum. La chanteuse Heike LANGHANS (ancienne de DRACONIAN et actuelle moitié de REMINA cliquez ici) apporte une profondeur émotionnelle particulièrement appropriée sur My Covenant (splendide enchevêtrement entre chants masculin et féminin) et Chemical (exercice de style du plus beau type la Belle versus la Bête, en mode CREMATORY originel).

Faisant fi des modes et des tendances, (EchO) approfondit le sillon qu’il s’est choisi initialement, les naïvetés et maladresses des débuts ayant cédé le pas à des compositions efficaces mais pas faciles d’accès, à une exécution toute en maîtrise mais toujours authentiquement vibrantes de sentiments sombres. En résumé, (EchO) manie l’art des paradoxes vertueux et productifs.
PS : et quelle magnifique illustration de pochette !

Vidéos de Chemical cliquez ici, My Covenant cliquez ici et Wanderer cliquez ici.
Alain
Date de publication : lundi 19 décembre 2022