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19/12/2022
Empires of ash
HERON
 
Le HERON dont il va être question est canadien et ne doit pas être confondu avec le combo américain de Black Metal, parfait homonyme. Formé en 2014 à Vancouver, le combo a sorti en 2014 son premier album, A Low Winter’s Sun, qui fut pour moi l’occasion de découvrir son Doom Sludge pour le moins hostile et bitumineux. En 2020, le second album, Time Immemorial, faisait honneur à son prédécesseur. Sans rien renier de ses allégeances fondamentales – la pesanteur du Doom, l’épaisseur et la crasse du Sludge, les déchirements Post Hardcore et Post Metal -, HERON accomplit avec Empires Of Ash un pas en avant et le quartette démontre sa volonté de faire évoluer sa formule.

Passons tout d’abord en revue les éléments qui garantissent une permanence. Les riffs de guitare conservent un aspect monolithique, avec un rendu crasseux et malsain : clairement, l’ambiance en la matière se veut totalement primitive ! S’il sait se montrer tout aussi intraitable, le batteur Bina MENDOZZA parvient à introduire un groove massif qui permet ponctuellement d’éviter un rendu trop monolithique, avec notamment un jeu de cymbales varié et fin, des contretemps savamment distillés.

Et puis, on retrouve encore et toujours les vocaux prodigués par Jamie STILBORN. C’est bien simple, on évolue dans des expressions tellement extrêmes, qu’on a envie d’adresser d’office le bonhomme dans le service de psychiatrie d’urgence le plus proche !!! Il éructe, il grogne, il crisse, exprimant tour à tour agressivité, démence, tourment et douleur. Un vrai festival de déviances, qui évoque autant certains vocaux chez des groupes affiliés au Sludge (ACID BATH, GRIEF ou bien sûr EYEHATEGOD), mais également le Black Metal ou le Post Hardcore. Qu’on apprécie ou pas, il faut saluer une performance authentiquement dérangée et dérangeante !

Pour ce qui est des éléments qui actent une évolution, il faut prendre en compte des séquences plus aérées (avec espacement des riffs), voire parfois carrément mélodiques. Ainsi en va-t-il de l’introduction du long The Middle Distance, très dépouillée, avant que n’intervienne pendant trois minutes une intensité dosée, un orage rampant tout au long du reste de cette pièce presqu’atmosphérique. Dispositif analogue sur un autre morceau long, Hauntology, qui s’ouvre sur un motif de guitare limpide et lancinant, ce durant plus de 2’30. Mais c’est bel et bien le titre de clôture, le relativement concis Dead Eyes qui achève de surprendre. Animé par une batterie toute en tension subtilement dosée, le morceau renvoie à l’arrière-plan les habituels riffs grondants pour privilégier des motifs de guitare simples, en son clair, avec pas mal d’écho. Dans un tel contexte, le chant, toujours aussi maladif, crée un contraste, là où ailleurs il renforce le caractère foncièrement malsain du style HERON.

Là où bien trop de formations pratiquant l’hybridation Doom Sludge privilégient avant tout le monolithisme, HERON commence à sortir de ce carcan et trouve une voie plus personnelle.

Vidéo de With Dead Eyes cliquez ici
Alain
Date de publication : lundi 19 décembre 2022