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22/01/2023
The weight of remembrance
TRIBUNAL
 
Le TRIBUNAL qui comparaît devant nous – à l’inverse de la procédure universelle selon laquelle le tribunal juge les justiciables – est un duo canadien (côte est), soit un homme – Etienne FLINN (en charge des guitares et des vocaux extrêmes, caverneux et grondant) – et une femme – Soren MOURNE (chant, violoncelle, basse). Tandem qui se livre en commun à la passion dépressive du Doom Metal, avec pour ambition de facto de livrer une version quelque peu personnelle du genre.

De fait, les premières mesures rythmiques du morceau initial (le bien nommé Initiation, long de 7’43) imposent une version très inspirée par CANDLEMASS : riffs épais et tendus, grosse caisse impérieuse et caisse claire sèche et imparable. Le versant vocal se trouve d’entrée de jeu partagé entre partition masculine caverneuse et hostile d’une part, registre féminin clair, fermement articulé et fructueux sur le plan dramatique d’autre part. L’effet de surprise étant exempt, vu que ce type de contrastes a proliféré depuis les années 90, le bénéfice des œuvres ainsi exposées n’en demeurent pas moins optimal. Il en va ainsi de la cohabitation entre le chant féminin, clair et articulé, et les vocaux masculins caverneux, néanmoins articulés et expressifs.

Outre cette complicité sur le plan vocal, le duo TRIBUNAL repose sur un dispositif sévèrement balisé, combinant débit inlassable de riffs rêches et arides, appuis rythmiques orientés vers la lourdeur et la lenteur, inserts de guitares aux mélodies simples et mélancolique, le tout au fil de tempi invariablement lents. Les arrangements de violoncelle augmentent ostensiblement le vecteur dépressif du dispositif d’ensemble, lequel, sans atteindre l’efficience d’une formation comme DRACONIAN, n’en développe pas moins une offre initiale on ne peut plus solide. Robustement agencé sur le plan rythmique, TRIBUNAL peut aisément développer ses mélodies simples mais addictives. Les durées des compositions s’avèrent globalement imposantes (deux titres au-dessus de sept minute, The Path culminant à plus de douze minutes), mais permettent néanmoins des développements dramatiques maîtrisés et efficaces.

Soit un album conforme aux préceptes Doom Death mélancolique, avec de belles accroches mélodiques, compensant le classicisme de l’ensemble.
Alain
Date de publication : dimanche 22 janvier 2023