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06/02/2023
Trench of loneliness
ITERUM NATA
 
En 2019, l’album The Course Of Empire par ITERUM NATA m’avait parfaitement séduit (cliquez ici) et, en ce début 2023, le projet mené par Jesse HEIKKINEN (HEXVESSEL, THE ABBEY, HENGET, KING SATAN, THE AEON) délivre un quatrième album, lequel procure toujours ces sensations à la fois tissées de lumière et hantées par de sourdes et subtiles menaces. Fondamentalement, les dix compositions reposent sur une trame Folk Rock, à base de guitare acoustique et de chant clair. Quand bien même elles ne reposeraient que sur cet archétype archi-classique, elles constitueraient de fort plaisantes pièces, charmantes et délicates.

Cependant, tout le propos d’ITERUM NATA consiste à transcender le cadre de départ, Folk Rock donc, en y injectant une généreuse dose de psychédélisme : voix éthérées, claviers vintage, guitares acides, structures évolutives (qui ne peuvent nier leurs liens avec le Folk progressif)… Ainsi, sur Losing Connection, la splendeur mélodique à la MAGNA CARTA s’imprègne de couches plus lourdes et d’ambiances spatiales presque Space Rock. Sur The Mountain, les martèlements de batterie presque tribaux, la basse nerveuse et les interactions entre guitare acoustique et riffs électriques, ainsi que le chant passionné m’évoque les jeunes années de NEW MODEL ARMY, des arrangements de claviers vintage apportant une touche fantomatique bienvenue. Même une ballade voix-guitare acoustique comme Bones In The Forest se trouve subtilement rehaussée par des claviers vintage brumeux, du meilleur effet.

Au niveau de l’inspiration et de l’effet visé, il ne faut se laisser berner par ce chant articulé et mélodieux, parfois harmonisé, pas plus que par ces guitares acoustiques et par ces claviers limpides. L’inspiration propre à ITERUM NATA demeure sombre : en témoignent les titres et les textes de I Only Sing With The Dead (digne du meilleur de THE HANDSOME FAMILY), de Comedy Of Humanity (piano-voix débouchant lentement vers des chœurs prenants, peut-être le titre le plus grand-public de tout le répertoire d’ITERUM NATA, car susceptible de plaire aux amateurs de MUSE et de QUEEN) ou de My Name Is Sorrow (que pourrait sans problème adapter GHOST !). Même sur l’instrumental The Feather, ITERUM NATA fait mentir le titre, à force de claviers partiellement épais de riffs de guitare âpres.

Vous aurez compris qu’ITERUM NATA ne correspond guère aux critères coutumiers de notre site. Cependant, les fans de mélodies délicates et d’ambiances paisibles peuvent sans aucun doute s’abreuver à satiété dans Trench Of Loneliness. Les amateurs de déviances subtiles, ainsi que les irréductibles d’une approche négative de l’existence auront leur ration de sonorités vicelardes d’une part, d’assertions foncièrement négatives d’autre part. Quand on parvient avec une telle réussite à combiner si magnifiquement les contraires, pourquoi se priver ?!

Vidéos de Losing Connection cliquez ici et de The Mountain cliquez ici
Alain
Date de publication : lundi 6 février 2023