18 / 20
30/03/2023
I am the storm
REDEMPTION
 
REDEMPTION ayant été formé en 2001, mais n’ayant jamais rencontré un succès public conséquent, il n’est peut-être pas inutile d’en retracer le parcours, même à grands traits. A l’origine du groupe, on trouve deux guitaristes américains : l’inamovible Nick VAN DIK (guitariste live pour FATES WARNING par le passé) et Bernie VERSAILLES (ex-AGENT STEEL, ex-ENGINE, lui aussi guitariste live pour FATES WARNING par le passé). Après un premier album sans titre, paru en 2003 (avec Rick MYTHIASIN au micro), REDEMPTION accroît notablement son écho critique en embauchant le chanteur Ray ALDER (FATES WARNING), à partir du second opus, The Fullness Of Time (2005) ; s’ensuivirent une série d’album de Prog Metal profond et exigeant : The Origins Of Ruin (2007), Snowfall On Judgment Day (2009), This Mortal Coil (2011) et The Art Of Loss (2016).

A la suite de quoi, nous apprîmes le départ de Ray ALDER et son remplacement par Tom S. ENGLUND, le guitariste et chanteur du groupe suédois de Metal progressif EVERGREY. Pour ma part, grand fan de FATES WARNING et amateur certain de REDEMPTION, cette permutation n’allait pas de soi et l’impétrant suédois n’avait plus qu’à numéroter ses abatis ! Il a suffi de deux sorties pour que j’accepte de tempérer quelque peu mes préventions : le premier album studio avec ENGLUND au chant, Long Night’s Journey Into Day (2018) et le DVD-CD live (le troisième pour le groupe) Alive In Color (2020, relire ici : cliquez ici).

Des débuts avec REDEMPTION sérieux, solides, mais qui peinaient à dépasser l’aura vocale de Ray ALDER, dont le style nasal et plaintif est tellement caractéristique et personnel qu’il s’avère fort ardu à égaler, encore plus à dépasser. Après une légitime période de rodage, I Am The Storm se devait donc être l’album enterrant le passé de REDEMPTION. Qu’en est-il ?

REDEMPTION nous livre un album extrêmement généreux, dense et diversifié. Rien qu’en termes de formats, nous trouvons quatre compositions de Metal , intenses et relativement complexes, brèves, musculeuses et ramassées, à savoir le titre éponyme, Seven Minutes From Sunset, Resilience, Turn It On Again (tous au-dessus de quatre minutes). Dans ce cas de figure, REDEMPTION se montre tout à la fois puissant, efficace, compact, mais également diversifié, subtil, technique : une sacrée leçon de virtuosité efficace !

Nous avons gardé pour la fin le traitement de la performance vocale de Tom S. ENGLUND, celle-ci étant rapportée au maintien d’un parfaite cohérence entre, d’une part, un impact Heavy Metal râblé et musculeux (quoique nettement complexe), et, d’autre part, une ambition tant dramatique que structurelle. Autant tuer le suspense immédiatement, le Suédois ne parvient – et ne parviendra jamais – à émuler les lignes de chant de son émérite prédécesseur. De fait, quel que soit le contexte, ENGLUND ne pourra jamais égaler les intonations, tour à tour charmeuses, nerveuses et cinglantes, typiques du registre si particulier de son prédécesseur. Sans aucune volonté polémique, je proclame que Tom S. ENGLUND ne saurait aucunement concurrencer l’empreinte vocale propre à Ray ADLER. Cependant, dans le cas présent, le Suédois apporte une nette plus-value, non pas au-dessus de son aîné, mais bien au-delà. Tom S. ENGLUND a plus que jamais l’intelligence, d’une part de ne pas chercher à rivaliser avec les lignes de chant si particulières de Ray ALDER, d’autre part de ne pas dupliquer ses performances pour le compte de EVERGREY. Bien au contraire, le chanteur, délesté de sa guitare, délivre des lignes de chant, claires, posées et merveilleusement modulées entre puissance et subtilité, constamment adaptées aux ambiances de compositions à tiroirs.

Une fois de plus, il faut proclamer : le roi ALDER est mort chez REDEMPTION, vive le roi ENGLUND ! Et, pour celles et ceux qui se contrefichent du passé mais se passionnent pour un Heavy Metal classique, animé par des tendances progressives, il ne reste qu’à recommander ce disque.

Vidéo de I Am The Storm : cliquez ici
Alain
Date de publication : jeudi 30 mars 2023