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01/04/2023
The flight after the fall
WITCH RIPPER
 
Après un premier EP quatre titres, sans titre et autoproduit en 2012, le quartette originaire de Seattle avait patienté jusqu’en 2018 pour livrer son premier album, Homestead, dans une édition vinyle limitée. Fort heureusement, la signature sur l’excellente boutique Magnetic Eye records implique une promotion plus large et plus internationale. Et c’est une fort bonne chose, tant pour le groupe que pour les chroniqueurs et les auditeurs. En effet, en plus d’être fort convenablement produit et mixé, cet album révèle des musiciens ambitieux, pratiquant des compositions imposantes, puisque quatre d’entre elles s’étagent entre plus de sept et plus huit minutes ; avec de telles portions, il y a déjà de quoi déployer ses ailes. Ce n’était visiblement pas suffisant pour WITCH RIPPER, qui a commis une cinquième composition, Everlasting In Retrograde Parts 1 & 2, qui crève le plafond des dix-sept minutes !!!

Les plus perspicaces d’entre vous auront deviné que règne ici une dimension progressive et ils.elles auront parfaitement raison. Chaque titre de cet album est un véritable festival rythmique, avec le batteur Joseph ECK qui, tout en adoptant une frappe puissante, n’en multiplie pas moins les roulements, des contretemps, des breaks, sans oublier un usage généreux des cymbales. Il faut au moins cela pour canaliser ce festival de riffs tantôt tranchants ou compressés, de parties de guitares jumelles frissonnantes, de solos mélodiquement construits, de plages mélodiques et apaisées : au service, remercions les compères Curtis PARKER et Chad FOX pour l’abattage, tout en versatilité et en cohérence. Le bassiste Brian KIM apporte certes une salvatrice dose d’épaisseur, notamment en appui des rythmiques les plus musculeuses, mais il se fait également fort d’accompagner le tricotage rythmique de son complice de batteur. La grande réussite instrumentale de cet album est, qu’en dépit de sa complexité rythmique, il n’en demeure pas moins riche en points de repères mélodiques et rythmiques. Faire à la fois évident et compliqué, quelle suprême maîtrise des contrastes !

Sans en rien vouloir amenuiser la part essentielle de l’instrumentation dans l’identité de WITCH RIPPER, on peut toutefois affirmer que la dimension vocale contribue grandement à fixer l’identité propre au groupe. Non content d’allumer le feu à chaque instant, les deux guitaristes se partagent le chant, majoritairement clair (ce qui renforce l’identité progressive), plus ponctuellement rauque et agressif (typique du Metal moderne). S’ils se succèdent souvent, les deux chanteurs s’entrecroisent et s’harmonisent en permanence, créant une densité et une complémentarité, lesquelles démultiplient la tension dramatique et augmentent le potentiel mélodique.

Avec ce fort bel album, WITCH RIPPER me fait penser à une collision idéale entre COHEED AND CAMBRIA et MASTODON, deux combos modernes et évolutifs, ayant su chacun à sa manière combiner la complexité, la technicité et le souci des mélodies aériennes, propres au Rock progressif, sans jamais oublier l’attaque agressive, compacte et puissante, propre au Metal moderne. A découvrir !

Vidéo de Enter The Loop : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 1 avril 2023