Conçu en 2009 comme un projet solo du guitariste canadien Jeff BLACK, GATEKEEPER passa ses neuf premières années à produire des singles, des split, des live… avant qu’en 2018 ne paraisse enfin le premier album du groupe, East Of Sun (positivement reçu par nos soins : cliquez ici). Cinq ans plus tard, GATEKEEPER livre enfin son second album. Première constatation : le propos musical du groupe demeure toujours aussi intimement lié au Heavy Metal européen, tel qu’il se redéfinit constamment au cours des années 80. Histoire d’emprunter une référence issue du monde de la bande dessinée, le Heavy Metal à tendance épique pratiqué par GATEKEEPER adopte plus que jamais la ligne claire : faisant fi des exigences modernes de productions sur-gonflées, le combo opte pour un son généralement sec, limpide mais peu tranchant. En conséquence de quoi, on distingue à merveille chaque riff sec, chaque frappe de caisse claire ou de cymbale.

Un tel dispositif sonore privilégie avant tout une approche dénudée, osseuse et nerveuse. S’agissant d’un choix assumé, il nous appartient de saluer l’honnêteté de GATEKEEPER vis-à-vis d’un certain héritage, à savoir : IRON MAIDEN à ses tout débuts (pour l’agencement de séquences successives et la complémentarité des guitares), FATES WARNING première époque (avec John ARCH au chant), MANOWAR (les débuts), SAVATAGE (pour la combinaison de vocaux harmonisés ou perçants dans les aigus), LILLIAN AXE (pour l’impact mélodique). Loin de singer alternativement chacune de ces influences, GATEKEEPER se fait fort de présenter un front, certes divers, néanmoins uni et conquérant, parfaitement raccord avec l’ambition épique, présente dans la musique, dans le chant, dans les paroles et dans les visuels.

Les fâcheux pourront certes ergoter que GATEKEEPER n’apporte rien de neuf dans l’équation. Ce à quoi j’objecterai volontiers que tel n’a jamais été la prétention du combo, lequel réussit par contre à accaparer des héritages du passé, très codifiés, et à se les réapproprier de manière relativement personnelle. Dans le cas présent, la personnalité de GATEKEEPER réside me semble-t-il principalement dans ce traitement très travaillé et soigné des harmonies vocales, lesquelles rehaussent en permanence un chant en registre clair et médium, maîtrisé mais peut-être trop peu puissant pour atteindre les objectifs du groupe, plus percutants et emphatiques.

Au total, on tient un album profondément sincère et accrocheur, livré par un groupe totalement investi, certes pas révolutionnaire mais plus ambitieux que la plupart des disques livrés par les groupes se revendiquant de la New Wave of True Heavy Metal. Si vous êtes quelque peu perdu.es devant la prolifération de cette mouvance, vous pouvez considérer que GATEKEEPER représente dès à présent un point de référence fiable.

Vidéo de From Western Shores : cliquez ici

Alain
Date de publication : dimanche 2 avril 2023