Hard, boogie, blues : trinité divine !
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Le Hard Rock est apparu à la jonction des années 60 et 70, reprenant à son compte, dans un contexte terriblement amplifié et orageux, les préceptes du Blues, du Rock’n’Roll et du Boogie. Depuis, des groupes viennent régulièrement nous rappeler cette recette de synthèse diabolique. Pour les années 70, citons pêle-mêle SAVOY BROWN, FOGHAT, Johnny WINTER, THE ROLLING STONES, THE FLAMIN’ GROOVIES, CANNED HEAT, Rory GALLAGHER, FREE, puis BAD COMPANY, STATUS QUO, AC/DC, CACTUS, LITTLE FEAT, Ted NUGENT, JAMES GANG, MOUNTAIN, HOT TUNA, ZZ TOP, BROWNSVILLE STATION, ROSE TATTOO, BOYZZ, nous en oublions des centaines, tout en repêchant en fin des 70’s-tout début 80’s les Français de GANAFOUL et de STOCKS . Dominées par les sonorités synthétiques, les années 80 furent moins prolifiques, quoiqu’elles permissent l’émergence étonnamment diversifiée de talents inspirés en tout ou partie des racines originelles : le Rock sudiste de MOLLY HATCHET et POINT BLANK, George THOROGOOD & THE DESTROYERS, MÖTLEY CRÜE à partir de Theatre Of Pain (1985), THE GEORGIA SATELLITES, GREAT WHITE, CINDERELLA (flagrant à partir de Long Cold Winter, 1988, encore plus avec Heartbreak Station, 1990)… Sans parler de formations plus obscures comme VARDIS, les Finlandais de PEER GÜNT, les Américains de RAGING SLAB, RED DEVILS, FOUR HORSEMEN et autres…
A une époque où la démarche rétro semble se généraliser, les Sardes de KING HOWL peuvent se prévaloir d’une assez large anticipation en matière de Heavy Rock Retro, puisque son premier album remonte déjà à 2012 (King Howl Quartet). S’ensuivirent le ep quatre titres Truck Stop (2014) et le second album Rougarou (2017), avant de voir éclore ce troisième album, riche de dix compositions originales et d’une reprise. Servies par un son vibrant, puissamment alimenté de sensations live, et dopé par un mixage tout à la fois limpide et dévastateur, les compositions de KING HOWL revendiquent immanquablement leurs influences, tout autant qu’elles se permettent toutes les hybridations, pleines de puissance brute, mais également de nuances quasi-psychédéliques (splendide Slowly Coming Down). En fait, KING HOWL peut tout à la fois s’exercer à un Boogie Rock hystérique, avec guitare slide en fusion et harmonica hystérique, qui évoque une synthèse nucléaire entre ROSE TATTOO, Johnny WINTER et CANNED HEAT, ou s’essayer au Heavy Blues rampant, quand il ne s’agit pas de Heavy Rock mid-tempo avec une touche sudiste.
Nous sommes bien d’accord que chaque influence relève d’un grand classicisme et que KING HOWL ne saurait prétendre révolutionner quoi que ce soit. Mais il faut reconnaître au groupe une capacité à composer des morceaux ramassés, concis, percutants, riches en rythmiques accrocheuses et en mélodies fortes en gueule. Le tout servi par une prise de son très live et par un mixage puissant. Impossible de ne pas remuer de partout en écoutant ce troisième album irrésistible. Le quartette se paie même le luxe de reprendre l’immense Gimme Shelter des ROLLING STONES, avec une approche sensiblement plus nerveuse, plus roide, plus tranchante ; le résultat est loin d’être honteux, même s’il ne peut prétendre égaler la classe et le groove de l’original. Décidément, voilà une formation qui a très bon goût !
Vidéo de Motorsound : cliquez ici
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