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Réédition d'un rock prog concis, quoiqu'héritier des 70's
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Formé en 1997 à Trondheim (ville du centre de la Norvège), ARABS IN ASPIC (nom faisant allusion à Larks’ Tongues In Aspic, cinquième album studio de KING CRIMSON, paru en 1973) a brillamment déclenché son compteur avec le mini-album quatre titres Progeria (2003), suivi d’un premier album Far Out In Aradabia (2004), à la maturité assumée. Les accrocs de la première heure eurent à s’inquiéter et à souffrir une longue attente, avant de découvrir l’impeccable Strange Frame Of Mind (2010). Trois ans plus tard, Pictures In A Dream prenait splendidement la suite et se trouve judicieusement réédité aujourd’hui, occasion lumineuse pour se plonger dans les méandres passionnés de ce Rock progressif, nettement additionné de Hard Rock 70’s.
Si l’on se livre au jeu – légitime – des références, on peut identifier les débuts de carrière, à la fois très portés sur la complexité structurelle, sur la performance instrumentale des interprètes et sur les mélodies vocales, propres à des formations quintessentielles du Rock progressif (YES, KING CRIMSON, GENESIS).
Cependant, force est de constater que le propos du groupe s’avérait à la fois plus concis et plus percutant que dans le Prog originel. En témoignent les formats concis des dix compositions, a fortiori ponctués par des riffs de guitares tranchants et nerveux (Difference In Time, Hard To Find, Ta et steg til siden), par un orgue épais et brumeux et par une section rythmique à la fois très souple et très impactante (frappe sèche et gros volume de jeu de la batterie, lignes de basse grondantes et évolutives). Tout ceci peut légitimement évoquer le premier album de BLACK SABBATH, DEEP PURPLE (époque Ian GILLAN), mais bien plus sûrement cela invoque les mânes fructueux de la grande période d’URIAH HEEP.
On retrouve en effet cette capacité à proposer des variations d’ambiances au sein de compositions concises, cet art consommé d’un contraste entre lourdeur et limpidité mélodique, cette maîtrise consommée des variations d’ambiances, au service d’une dramaturgie palpable. Certes, le chant n’égale aucunement les contrastes exubérants du regretté David BYRON ; cependant, les trois contributeurs vocaux concourent à créer des lignes vocales dûment modulées, avec un renfort d’harmonies et même quelques montées dans les aigus. L’alternance de paroles en anglais et en norvégien achève d’ancrer le particularisme du groupe.
Une décennie après sa première parution, cet album n’a rien perdu de son charme et représente plus que jamais une réappropriation vivace de divers héritages des années 70. Voilà qui m’attire diantrement davantage que le Prog moderne, trop froid, trop tourné par la technique. Ici, tout vibre, tout tourbillonne, tout fait sens. Une splendide (re)découverte.
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