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Chronique
BRUCE DICKINSON - The mandrake project

Style : Heavy Metal
Support :  MP3 - Année : 2024
Provenance du disque : Reçu du label
10titre(s) - 59minute(s)

Site(s) Internet : 
The Mandrake Project

Label(s) :
BMG
 (19/20)

Auteur : 神の知恵
Date de publication : 16/02/2024
Un véritable chef-d’œuvre et une aventure magistrale !!
Et ben mes aïeux !!! Il en a fallu du temps à Bruce DICKINSON pour sortir son nouvel album solo. Près de 19 longues années pour donner un successeur au très bon Tyranny Of Souls. OK, c’est vrai que le chanteur d’IRON MAIDEN est un homme généralement très occupé, donc, on peut lui pardonner le fait de nous avoir vraiment fait patienter pendant des lustres. Car, si vous ne le savez pas encore, le monsieur est aussi pilote de Boeing 737 et 747, gérant d’une compagnie aérienne, PDG d’une entreprise de fabrication de ballons dirigeables, escrimeur professionnel, auteur, scénariste, conférencier, co-animateur d’une émission sur une chaîne YouTube tenue par un psy. Bref, le mec, il gère son agenda comme il le peut et, surtout, avec brio. Même nos pieds nickelés de ministres ne savent pas aussi bien jongler entre leurs activités de golf, de squash, de massage thaïlandais, de dégustation de caviar, de léchage de popotins aux syndicats agricoles entre deux dossiers urgents et leurs visites sur le terrain à Tartampion-les-Machins. Bruce DICKINSON est l’as des as qui parvient à tout mener de front, y compris sa carrière en solitaire. Et, malgré toutes ses occupations, The Air Raid Siren, de son doux pseudonyme, s’est débrouillé pour nous concocter, non pas un septième fils du septième fils, mais un septième disque qui vaut vraiment son pesant d’or, car, oui, son contenu est magistral.

Outre les deux premiers singles que vous connaissez déjà (l’épique Afterglow Of Ragnarok et l’amusant Rain On The Graves), le quatuor composé de Bruce DICKINSON himself au chant, du guitariste et bassiste Roy Z, du claviériste Mistheria et du batteur Dave Moreno, soit l’équipe gagnante que l’on retrouve également sur Tyranny Of Souls, est parvenu à nous pondre un monstre métallique, positivement parlant. Différent de ses aînés, The Mandrake Project n’en conserve pas moins certains aspects, tels que le côté heavy prononcé, les mélodies mélancoliques, les rythmiques variables, les ambiances versatiles et les envolées vocales caractéristiques. Bruce et Roy Z, les principaux compositeurs, se sont attachés à évoluer tout en gardant une empreinte stylistique reconnaissable entre mille. Ainsi, il est aisé d’entendre ponctuellement des plans à la Balls To Picasso ou Accident Of Birth, noyés dans des riffs plus surprenants. Certaines influences extérieures font aussi leur apparition pour la première fois sur un album de Bruce DICKINSON. C’est ainsi que nous nous retrouvons transportés dans le Far West sur Resurrection Men où les films de Sergio Leone et les bandes originales d’Ennio MORRICONE font écho, avec ces grattes électro-acoustiques qui évoquent sans mal le soundtrack du long-métrage ‘Le Bon, La Brute Et Le Truand’ ainsi que les galopades qui n’auraient pas dépareillées sur Run To The Hills de la Vierge De Fer. Derrière ce titre, une histoire, celle de Necropolis, que l’on perçoit également tout au long des dix morceaux de The Mandrake Project. D’ailleurs, certaines parties du texte contiennent une référence au If Eternity Should Fail originel (qui, logiquement, est devenu Eternity Has Failed) : « I rise from slumber, you call my name, Recall my number, my day of shame ». Musique de western qui s’empare subitement d’une aura plus ténébreuse et qui verse complètement dans un doom à la BLACK SABBATH période Ozzy OSBOURNE, voire le CANDLEMASS de Epicus Doomicus Metallicus. Là, ça frise le War Pigs, le Iron Man ou le Solitude. Jamais Bruce n’avait osé aller si loin dans l’expérimentation. Néanmoins, Roy Z qui se la joue Tony IOMMI ou Leif EDLING, cela a quelque chose de très jouissif pour le fan de NWOBHM qui sait comment tout a commencé. Malheureusement, cette section s’écoule à une vitesse folle et la ritournelle clint-eastwoodienne pointe à nouveau le bout de son pif pour un final grandiose.

Cela dit, les musiciens n’en restent pas là et testent une grande variété de sonorités. Prenez le « symphonique » Fingers In The Wounds sur lequel Bruce fait des merveilles avec sa voix. Il n’a jamais aussi bien chanté dans les aigus que sur cette compo d’une impressionnante puissance émotionnelle. Les orchestrations en arrière-plan apportent un visage dramatique bienvenu et l’excursion au pays des sables éternels apporte une touche cinématographique à la Lawrence d’Arabie plutôt plaisante. Le dépaysement garanti sans avoir dépensé un rond dans une agence FRAM. Mistress Of Mercy lorgne du côté de King In Crimson, Starchildren et Machine Men avec son agressivité évidente et se termine par un jam psychédélique que l’on pourrait lier à la partie instrumentale dans Starblind d’IRON MAIDEN ou le b-side Pass The Jam du même groupe. Les soli de Roy Z suggèrent ceux d’Adrian SMITH. Et le refrain hypnotique popisant peut, éventuellement, s’apparenter à ceux de Face In The Sand et Age Of Innocence dans sa façon d’être. Alors que Shadow Of The Gods se lance quasiment sur les même notes que The Chemical Wedding, accompagnées d’un piano délicat, Bruce délivre ici sa meilleure prestation de The Mandrake Project, brillant tant dans les passages les plus nostalgiques que dans ceux plus costauds quand la seconde partie de cette mélopée au long cours défonce la tronche à coups de lignes vocales scandées surprenantes façon PANTERA. Ce moment précis laisse totalement sur le cul. Jusqu’à présent, le truc le plus violent que notre hurleur favori a fait était juste avant le solo de Tyranny Of SoulsKillin’ my head with the neon, Suffering my fate for no reason, No is a relative stranger to my life […] Hammer the nail into my hand, Anger is ruler in my land, I am the killer of weakness in my head »), sauf qu’il surenchérit dorénavant dans la colère (« Look at your life, world of the dead, This is your life, world of the dead, You have no life, world of the dead, World of the dead »). Cependant, cette ire passe très vite et la formation s’en retourne au début de la chanson, changeant les paroles, mais gardant la même mélodie, exactement comme dans la paire The Chemical Wedding et The Alchemist où l’un débute d’une manière et l’autre se termine avec le même thème altéré. Shadow Of The Gods est d’une beauté sans nom. Soit dit en passant, il s’agit d’une extension de The Chemical Wedding puisque, à défaut de gésir dans une seule tombe, le personnage et sa compagne gisent cette fois sous une lueur lunaire. Toujours une référence détournée de la Mort qui est l’intrigue principale sur The Mandrake Project, un leitmotiv récurrent. A contrario de The Chemical Wedding qui était une ode à la vie et à ses pêchés.

Autre guet-apens sur cet album, Eternity Has Failed. Dès l’entame de cette sixième piste, les quatre cavaliers de l’Apocalypse nous ramènent en 2015 sur The Book Of Souls d’IRON MAIDEN. Intro, lyrics et mélodie similaires. Il est difficile de savoir où le groupe voulait en venir avec ce copier-coller. Là où le combo nous prend à contrepied se situe sur le refrain modifié pour l’occasion, devenant « Reef in the sail at the edge of the world, Cos Eternity Has Failed, You were waiting in line for the ending of time, But Eternity Has Failed, We are building a bridge, So you people can live, Cos Eternity Has Failed, Just a matter of time for my partner in crime, And Eternity Has Failed », de même que la fin du deuxième couplet (« The dark redeemer…he takes your hand, You sign the contract and lose your mind…, Lose Your Mind »). Néanmoins, la piste prend une tournure palpitante lorsque les soli successifs de six-cordes et de synthé spatial débarquent, laissant bouche-bée quiconque pose une oreille dessus. C’est tellement harmonieux qu’on en pleurerait de joie. D’autant que l’escouade de choc en rajoute une montagne avec des flûtes et des percussions tribales sur le tiers final du morceau. Voilà à quoi aurait pu ressembler la version d’IRON MAIDEN si Steve HARRIS avait eu le courage de s’engouffrer sur les territoires inconnus que Bruce DICKINSON, Roy Z, Mistheria et Dave MORENO n’ont pas eu la crainte d’emprunter. La magie du projet mandragore opère littéralement sur ce titre. On en a la chair de poule. Qui persiste sur Face In The Mirror, une ballade s’avérant plus familière. Effectivement, cette huitième sérénade rappelle, d’une certaine façon, Man Of Sorrow et semble en être une suite moins pompeuse, axée sur la guitare acoustique de Roy Z et le piano de Mistheria, contenant un historique solo de gratte de Bruce à marquer d’une croix blanche sur la cheminée. Paisible et mélodique, cette chanson mériterait d’être un prochain single qui aurait de la classe. Elle ne termine pas l’album comme l’avait fait Arc Of Space et ne révolutionnera pas le genre, Darkness Be My Friend et The Acoustic Song ne l’ayant pas fait non plus, bien qu’elle soit parfaitement insérée, freinant judicieusement le rythme de The Mandrake Project avant le binôme final Shadow Of The Gods - Sonata (Immortal Beloved).

A l’instar de Steve HARRIS et sa trilogie Death Of The Celts - The Parchment - Hell On Earth sur Senjutsu et inspiré par son propre Empire Of The Clouds sur The Book Of Souls, Bruce DICKINSON s’est lancé dans un marathon d’une longueur relativement supportable pas tant avec Shadow Of The Gods qu’avec l’OVNI Sonata (Immortal Beloved). Cet épilogue hypnagogique dure quasiment dix minutes et décolle laborieusement, ceci malgré l’acharnement de Roy Z, Mistheria et Dave MORENO à maintenir les refrains. Cela dit, l’histoire qui nous est contée ici est plutôt bouleversante et les sanglots du personnage, incarné par Bruce, suite à la mort de sa femme carrément poignantes. Musicalement, ce titre est un croisement entre The Alchemist, Eternal et Journeyman. Et pourrait être pensé comme une prolongation de Tears Of The Dragon, Strange Death In Paradise, Taking The Queen, Navigate The Seas Of The Sun et River Of No Return, objectivement parlant, pour le sujet qu’il aborde : la survenue inopinée du sommeil éternel chez un quidam et la souffrance collatérale qu’elle engendre dans son entourage. La première minute se calque sur la ligne de chant de Cyclops qui, de la même manière, monte crescendo au fur et à mesure de l’avancement du morceau. La caisse claire triggée permet une sonorité cotonnée, tout en retenue, qui soutien le combo tout en apportant une sensation de réduplication, telle une onde sonore perdue dans la froideur de l’Au-Delà, le ricochet d’une pièce (celle de la pochette ?) rebondissant en vain sur le Styx pour corrompre le Passeur. Lorsque Roy Z entre en scène, le refrain explose et c’est un « Save me now, save me now, save me now, save me now, save me from this pain, save me now, save me now, let me live again » infortuné de Bruce qui brise le cœur de par son caractère éprouvant, un rugissement de détresse qui vient nous étreindre douloureusement, nous ramenant à la dure réalité et nous remémorant la fragilité de l’existence. Chaque instant s’envolant en un battement de cils et nous menant directement vers « les ombres de la vallée de la mort ». D’où l’importance de profiter de chaque moment et de nos proches tant que cela est encore possible. Sonata (Immortal Beloved) est également un terrain de jeu pour Bruce qui s’amuse à retracer son passé en nous citant furtivement Return Of The King et Taking The Queen via de petits vers astucieux. Les ménestrels nous gratifient alternativement de passages fébriles et d’interludes narratifs intimistes qui reflètent impeccablement les montagnes russes affectives vécus par le(s) protagoniste(s) où il(s) plonge(nt) corps et âme(s) dans les cinq premières étapes du processus de deuil (à savoir le choc, le déni, la colère, la dépression et la tristesse, la résignation). Le mur des lamentations phonique qu’est Sonata (Immortal Beloved) ne va pas plus loin et occulte les deux dernières phases (l’acceptation, la reconstruction). De sorte qu’il est possible de rester sur sa faim, n’ayant pas de fin heureuse cette fois encore. Bruce DICKINSON nous ayant habitué à des dénouements graves et difficiles sur ses albums (Tears Of The Dragon, Strange Death In Paradise, Arc Of Space, The Alchemist, Tyranny Of Souls), il était inévitable qu’il nous la refasse. Cette fois sur un ton quelque peu psychédélique, avec une pointe de Dave MURRAY dans le jeu de Roy Z, dans le dernier quart de cette épitaphe poétique. Dans tous les cas, des larmes sont potentiellement versables à l’écoute de cette sonate particulière, mais si somptueuse.

A contrario, Many Doors To Hell, qui aborde l’avis d’une vampiresse qui désire en finir avec l’éternité, semble en être l’antithèse si l’on considère cet orgue Hammond millésimé, ce mouvement festif, la prestation de DICKINSON qui rejoint celle de Afterglow Of Ragnarok dont elle est le pendant dans la continuité. Là encore, Bruce rayonne vocalement. L’impression d’entendre Burn de DEEP PURPLE ou Ride The Storm du HUGHES TURNER PROJECT est très prégnante, la célérité en moins. Nous savions Bruce grand fan du Pourpre Profond, ici il le prouve ostensiblement, avec ce maillage d’accords à la Jon LORD qui ferait pâlir de honte les interprètes de Smoke On The Water, tout en se réappropriant le poinçon de ses aînés avec sa touche exclusive. Le fantôme de Child In Time, pour ne citer que lui, plane sur Sonata (Immortal Beloved) de par son aspect ascensionnel et les soli de grattes façon Ritchie BLACKMORE. Many Doors To Hell autorise cette comparaison avec Living Wreck, Space Truckin’, voire Comin’ Home. Cette seconde piste apporte une aura 70’s absolument séduisante, comme l’avait fait River Of No Return sur Tyranny Of Souls. Une superposition des deux étant que plus que la Mort elle-même, c’est l’Enfer qui est la fin des haricots, puisque si la Grande Faucheuse libère, le Diable embastille. La suceuse de sang (ou bien Necropolis, qui pourrait aussi et surtout être le sujet de cette fable musicale ?), n’étant qu’une humaine malgré sa difformité dentaire, sa souffrance est telle qu’elle se projette dans la peau de Jésus au travers d’une rhétorique religieuse manifeste tant dans les couplets (« My blood is thin, my body aches, To lie in Earth is still my fate » […] « I’m telling you now I will come again, With the knowledge from my secret realm, Share my treasure with human kind, Drink of me lose your mind ») que dans le refrain (« When the sun goes down, I wear my thorny crown, I know them oh so well, The many opening doors to Hell »). La buveuse d’hémoglobine (Necropolis idem) se mettant, à tort ou à raison, au même niveau que le Christ rédempteur. Ainsi, elle nous est présentée comme étant la porteuse d’une couronne d’épines, le vin étant son corps, breuvage qui ferait perdre l’esprit, et consciente que nombreux sont les chemins pavés menant au schéol ou au pandémonium. Tout comme le Sauveur nazaréen. Afterglow Of Ragnarok et Rain On The Graves spécifiant qu’il n’en est rien, Akasha (ou Necropolis ?) n’étant qu’une allégorie de Judas Iscariote qui trahit délibérément ses semblables (plus spécifiquement sa propre moitié pour le shaman), tout cela dans le but obscur de prolonger ses jours (pour Necropolis, son intellect) et de gagner en érudition sur les secrets universels. D’où la parabole du contrat méphistophélique à parapher dans Rain On The Graves. Le fruit de la tentation est trop juteux pour ne pas être dégusté de manière persistante et redondante. D’où la rémanence du « destin des puissances » évoqué dans la première cavatine et l’aliénation de l’atma par le Dragon originel.

Imaginez, vous êtes Bilbon Sacquet de la Comté. Vous êtes assis bien confortablement dans votre fauteuil au coin du feu en train de lire le dernier roman de la grand-mère de Rosie Chaumine, la femme de Sam Gamegie, jardinier de Frodon Sacquet, votre neveu, pipe au bec. La soirée est déjà bien entamée. Soudain, quelqu’un frappe à votre porte. Vous vous levez péniblement en râlant pour voir qui c’est. Il s’agit d’une bande de nains voulant reconquérir Erebor, leur royaume perdu suite à leur racket par le délinquant saurien vaurien, de la taille d’un gros porteur, qui se la joue Picsou sur un énorme tas d’or de la Banque de France. Après que ces malotrus d’intrus aient bâfré tout ce que vous aviez dans le congélateur et le frigo, un géant barbu chelou au chapeau pointu turlututu qui s’est permis d’entrer dans votre humble demeure sans votre permission, mais que vous connaissez puisque c’est votre compagnon de tisane et de petits fours, vous explique que ces treize messieurs castagneurs, qui sont en train de se chamailler dans le boudoir pour savoir qui sera le plongeur de vaisselle du jour, ont besoin de votre aide pour délivrer leur habitat du squatteur invétéré prénommé Smaug. Vous n’êtes pas super chaud à l’idée d’affronter les orcs, les gobelins et les elfes sylvestres. Vous faire défoncer la tronche ne vous réjouit pas tellement, d’autant plus que vous avez toutes vos habitudes dans votre trou de hobbit. Vos bouquins, votre tabac de l’Ouistrenesse, votre potager, votre sofa moelleux. Toute cette équipée sauvage vous a tellement bourré le mou de leurs jacasseries que vous ne parvenez pas à fermer l’œil de la nuit. Ce n’est qu’à l’aube que vous tombez enfin dans les bras de Morphée. Le hic, c’est que tous ces pique-assiettes se sont tirés sans vous le dire. Même par un pourboire pour le service, quel culot ! Du coup, ce n’est que vers 10h du mat’ que vous sortez du pieu, la tête dans le cul, un petit goût ferreux dans le gosier. Vous avez soif et vous rendez dans la cuisine pour vous verser un filet de flotte dans un godet. Votre ventre grouille, vous avez la dalle. Toujours en pyjama, vous déambulez en direction de votre cella, mais, stupeur, il ne vous reste plus qu’un paquet de Pépito pour apaiser votre faim de loup. Et là, vous êtes en train de vous interroger sur le pourquoi du comment de la disparition subite de toutes vos courses que vous avez faites l’avant-veille au supermarché du coin. Ont-elles été abductées par des aliens melmaciens ? Ou est-ce qu’un raton laveur vorace est venu se servir après être passé par la petite fenêtre des waters ? Et c’est à ce moment précis que le flipper dans votre cervelle fait tilt !! Votre mémoire vous rappelle les faits : une meute de descendants de Fenrir est venue faire une curée, prenant votre garde-manger pour un buffet chinois à volonté. Elle vous relate également que ces représentants de la compagnie Ragnarök vous ont fait une proposition à laquelle vous ne pouviez pas renoncer sous peine de passer pour un Marty McFly faisant dans son froc rien qu’en voyant Biff Tannen. Du coup, votre poitrine s’emballe. Votre respiration devient plus rapide. Vous engouffrez l’intégralité des biscuits au chocolat, un petit kawa instantané de marque Starbucks, vous filez dans votre piaule, ouvrez votre armoire, vous vous désapez, vous faites un petit tour par la salle de bains, vous prenez une petite douche bien chaude pour terminer de vous galvaniser. En sortant de la cabine, vous manquez de vous prendre un vol en posant le pied sur l’eau savonneuse faisant office de mare aux canards sur le carrelage. Vous vous faites un petit brushing, histoire de, vous enfilez vos vêtements de randonnée après votre slibard et votre marcel, vos chaussettes qui puent un peu de la veille et vos godasses de marche. Vous détalez dans la cabane d’outillage au fond du jardin pour prendre votre bandoulière et votre havresac, vous revenez dans la maison, vous mettez vos frusques, une lampe de poche, des piles, des gâteaux magnésiens, des sachets de graille lyophilisée, de la flotte, une trousse de premiers secours, un chargeur universel photovoltaïque, quelques CDs de IRON MAIDEN et de Bruce DICKINSON, les meilleurs. Une fois paré à vous ébranler, vous foncez droit vers l’entrée. Vous éteignez toutes les lumières. Vous traversez la « porte des étoiles ». Vous êtes sur le seuil extérieur de votre bicoque écolo. Vous fermez votre porte à clé. Vous vérifiez quand même que vous avez arrosé vos géraniums. Ni une ni deux, sautillant comme un cabri, vous vous carapatez vers le portail que vous venez tout juste de peindre. Votre cabas se pare d’une belle couleur mauve, mais vous n’en avez rien à carrer, vous êtes en route pour une odyssée élyséenne, voire un périple ulysséen. Vous avancez d’abord prudemment sur le menu sentier qui descend au village. Gagnant graduellement en confiance, vous débutez un timide trot avant de fuser au galop et de faire du 100 mètres haies devant les yeux ébahis de vos voisins qui, d’une voix stridente, s’enquièrent de votre destination. Les zygomatiques déridées, vous leur déclarez spontanément que vous partez pour une aventure hors de la Terre du Milieu chez votre disquaire chronique.

Et c’est justement ce qu’est cette nouvelle galette de Bruce DICKINSON : une aventure. Quasiment deux décennies se sont écoulées depuis le puissant Tyranny Of Souls. En tant que fans du vocaliste, nous étions très fébriles face à la mise sur le marché de ce septième opus, nous rongeant les ongles face à nos propres interrogations. The Mandrake Project allait-il être aussi dingue que The Chemical Wedding ? Être plus raisonnable, tel Balls To Picasso ? Allait-il allier le visage mélodique de Accident Of Birth au faciès brutal de Tyranny Of Souls ? Ou bien serait-ce quelque chose de totalement nouveau ? Nous avons déjà obtenu deux réponses au travers des sorties respectives des deux singles Afterglow Of Ragnarok et Rain On The Graves. Du premier émanait un côté graduel relativement surprenant venant de la paire Bruce DICKINSON - Roy Z. Pour certains, la musique du duo s’est endurcie, voire même enténébrée. Le clip vidéo flirtait d’une façon très cristalline avec l’occultisme, thème cher au chanteur qui, depuis 1997, voire 1983 et son Revelations sur Piece Of Mind, nous présente l’ésotérisme comme un sujet actuel, la plupart des élites de ce monde baignant dans la franc-maçonnerie et l’hermétisme. Du second s’exhalait un parfum art-rock pas désagréable, mais dans lequel nous pouvons mieux plonger une fois l’ensemble du groupe sur une même lancée plus revêche. Les deux ponts-neufs ayant des refrains aisément mémorisables pour les célébrations publiques à venir. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils ont été choisis pour représenter, dans une moindre mesure, l’intégralité du dernier album. A priori, des morceaux plutôt « classiques ». Ce qui est exact pour Rain On The Graves et ses sonorités vintage ne l’est pas forcément pour Afterglow Of Ragnarok et sa trombine moderne. Si l’un trouverait sa place sur Accident Of Birth, l’autre n’aurait pas cette chance, puisqu’il n’a pas de précédent. De facto, nous nous sommes retrouvéEs face à une expression plus contemporaine de Bruce DICKINSON. Serait-ce aussi le cas sur le reste des dix titres ? Tel Indiana Jones qui débroussaille les temples Maïa pour accéder à l’El Dorado, il ne nous faut pas longtemps pour exhumer le contenu du septième microsillon. Il est évident que pour saisir l’essence même de cette rondelle, il nous faut plusieurs inspections auditives. Passer la galette au peigne fin et au tamis, afin de découvrir les pépites qui se dissimulent dans ce flot sonique au long cours et aux accordages disparates. Quelle joie de se rendre à l’évidence que The Mandrake Project n’est pas un reboot d’un Accident Of Birth ou d’un Balls To Picasso, mais bien une espèce inconnue sortie tout droit du laboratoire des Docteurs Dickinsonopolis et Zalarus ainsi que des Professeurs Mistheriis et Morenos. Après le reptile péruvien Enyalioides Dickinsoni voici le Mandrakeusiniae Projecti, un caméléon musical qui se pare d’un camouflage variable lui permettant de s’insinuer dans chaque période de la carrière solo du vocaliste accompli et d’en créer une autre tout en arborant l’ensemble des couleurs emphatiques typiques des six premiers palets en une seule et même entité discographique. Mieux encore, de concevoir une palette chromatique novatrice qui place le quatuor sur un plan éthérique supérieur, transcendant ainsi la totalité des ouvrages de Bruce DICKINSON. The Mandrake Project est un véritable chef-d’œuvre, intégrant à la fois la puissance sensorielle de nos troubadours au monde fantasmagorique empli de paraboles de Necropolis et Lazarus en dix textes et récitals empoignants ou piquants. Nul ne peut ressortir indemne de ce voyage artistique multidimensionnel aux confins de la souffrance et de la folie, principales trames sur The Mandrake Project et, par extension, sur les comics coexistant. Les quatre motards de l’Armageddon nous ont offert un don du ciel, un cadeau providentiel que nous attendions comme le Messie. Le projet initial étant de sortir cet album en 2007. N’ayant pas eu l’occasion de le faire, Bruce et Roy Z se sont remis à bosser sur ce projet en 2014, peu avant la mise sur le marché de The Book Of Souls. La suite, vous la connaissez. Mis en boîte par le couple DICKINSON - RAMIREZ aux Doom Room Studios à Los Angeles, mixé et masterisé par Brendan DUFFEY dans son antre de Jupiter (USA), la production est suffisamment ardente et massive pour donner de la vie à cet ixième témoignage du talent d’écriture et de composition de nos larrons. S’il y a bien un qualificatif qui siérait à The Mandrake Project, ce serait le suivant : sidéral, tant il porte en lui cette dualité solaire et lunaire, cette complémentarité masculine et féminine, à l’origine de tout, via un conjungo alchimique dont il a été de nombreuses fois question dans les paroles de Bruce DICKINSON, plus encore ici et dans les futures bandes-dessinées. Idée judicieuse de la part du natif de 1958 que d’avoir usé de son pouvoir de nécromancie pour ramener son groupe d’entre les défunts en cette année 2024, synonyme d’infinité d’un point de vue numérologique. En espérant que l’arcane n°8 du Tarot rende justice à ce disque d’une immense beauté et d’une éminente sensibilité. A noter que Bruce et que son orchestre augmenté de Tanya O’CALLAGHAN, bassiste irlandaise de session, que vous aviez déjà pu apercevoir dans la vidéo de Rain On The Graves, seront en tournée sur deux continents situés dans deux hémisphères différents à partir du 18 avril prochain. La liste complète des dates est disponible sur le site officiel de The Mandrake Project à la rubrique Live. Passer à côté de cette pièce maîtresse sur l’échiquier metal serait une réelle offense au complot mandragore et ses protagonistes ainsi qu’à la virtuosité de nos artistes favoris (et un Bruce DICKINSON qui se la joue Janick GERS à la gratte sur le solo de Face In The Mirror et le riff de Resurrection Men, c'est un atout majeur qui ne se refuse pas).


Line-up :

Bruce DICKINSON (chant, guitares, percussions)
Roy Z (guitares, basse)
Mistheria (claviers)
Dave MORENO (batterie, percussions)


Equipe technique :

Bruce DICKINSON (production)
Roy Z (production)
Brendan DUFFEY (mixage, mastering, prise de son additionnelle)
Michael W. HARRIS (ingénierie du son)
Dave MORENO (ingénierie du son)
Christian CUMMING (ingénierie du son)
Addasi ADDASI (ingénierie du son)
Bill SIENKIEWICZ (artwork BD livret)


Guests :

Tanya O’CALLAGHAN (basse de session live)


Studios :

Enregistré au sein des studios Doom Room (Los Angeles, Californie, USA)
Mixé et masterisé au sein des studios Brendan Duffey Audio (Jupiter, Floride, USA)


Crédits :

Bruce DICKINSON (paroles, musique)
Roy Z (paroles, musique)


Tracklist :

1) Afterglow Of Ragnarok
2) Many Doors To Hell
3) Rain On The Graves
4) Resurrection Men
5) Fingers In The Wounds
6) Eternity Has Failed
7) Mistress Of Mercy
8) Face In The Mirror
9) Shadow Of The Gods
10) Sonata (Immortal Beloved)

Durée totale : 59 minutes environ.


Discographie studio non-exhaustive :

Tattooed Millionaire (1990)
Balls To Picasso (1994)
Skunkworks (1996)
Accident Of Birth (1997)
The Chemical Wedding (1998)
Tyranny Of Souls (2005)
The Mandrake Project (2024)


Date de sortie :

Vendredi 1er mars 2024


Vidéos :

Afterglow Of Ragnarok (Clip Officiel)

Rain On The Graves (Clip Officiel)

COMMENTAIRES DES LECTEURS Vos commentaires, vos remarques, vos impressions sur la chronique et sur l'album
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Rémifm Le lundi 4 mars 2024
神の知恵 : Petite question, qu'est-ce-qui justifie le point qu'il manque pour toi pour arriver au 20/20 ? Gribouille : je pense que cet album mérite plus qu'une écoute attentive pour en déceler toutes les saveurs, les nuances... Et oui, les goûts et les couleurs se respectent !
Commentaire de 神の知恵 : @Rémifm : Pour moi, il manque ce petit grain de folie qui était présent sur 'Accident Of Birth', 'The Chemical Wedding' et 'Tyranny Of Souls'. Par ailleurs, la production est un peu étrange par moments. Deux raisons pour lesquelles je n'ai mis "qu'un" 19/20.
Gribouille Le dimanche 25 février 2024

Ville : Palluau
J'adore le dernier SAXON 2024, qui est exceptionnel,,,par contre je reste plus ou moins dubitatif sur cette galette de Bruce, question de gout sans doute !
Commentaire de 神の知恵 : @Gribouille : Nous sommes d'accord, le nouveau Saxon est monstrueux. Tout comme ce nouvel opus de Bruce Dickinson qui l'est tout autant, mais que tu n'apprécies visiblement pas, malheureusement; Ce qui est dommage pour toi. 'The Mandrake Project' est un disque qui s'apprivoise au fur et à mesure des écoutes. Et dont on tombe sous le charme rapidement. Comme tu l'écris si bien, les goûts et les couleurs...
Rémifm Le vendredi 16 février 2024
Cet album a fort bonne presse de tous les côtés ! 19/20, voilà qui pousse à l'écoute de ce nouvel album de Bruce DICKINSON. Avec le SAXON, 2 albums majestueux de ce début 2024 ! Horns Up !
Commentaire de 神の知恵 : @Rémifm : Selon moi, les quatre meilleurs albums de ce début d'année sont le 'The Mandrake Project' de Bruce Dickinson, le 'Circle Of Stone' de Blaze Bayley, le 'Hell, Fire And Damnation' de Saxon et le 'Invincible Shield' de Judas Priest. Il y a de quoi se réjouir avec ces quatres merveilleuses pépites.
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