Les classifications de genres, de styles sont vouées aux gémonies par certains et servent de repères à d’autres.
Comment qualifier le contenu de Time, sixième effort discographique d’INFECTED RAIN?

Souvenons-nous que, en 2023, deux postes étaient à pourvoir après les départ de Vladimir (basse) et Sergey BABICH (guitare). La formation s’est resserrée avec Vadim "Vidick" OJOG (membre fondateur, principal compositeur) qui assure les parties de six cordes alors que c’est Alice LANE qui se charge désormais de la basse. Les inamovibles Eugène VOLUTA (batterie) et Elena “Lena Scissorhands” CATARAGA (chant) complètent le quatuor.
Peut-être est-ce l’origine d’une présence accrue de sonorités électro dans leur mélange démoniaque de Nu-Metal, de Djent et, partant, d’EDM (mais n’exagérons rien le Metalcore est bien plus présent!)

Pour ce sixième effort discographique, le collectif a corsé son cocktail et, ma fois, le résultat est plutôt goûtu mais dangereusement enivrant. C’est frais, coloré, contrasté. Très contrasté. C’est la marque de fabrique d’INFECTED RAIN.
“Lena Scissorhands” est fort présente et utilise tout son potentiel, alternant chant clair – parfois avec une voix enfantine (Because I Let You), parfois mélancolique – et hurlé, plein d’une conviction viscérale.
Les musiciens, eux, bétonnent les fondations (The Answer Is You), créent des ouvertures aux sonorités orientales et à l’Electro (Never To Return), construisent des escaliers complexes – dans lesquels Elena saute d’une volée à l’autre, montant et descendant de manière imprévisible - qui élèvent les compositions à un haut niveau au point que le mot progressif pourrait venir à l’esprit (les cases je vous disais). Et puis, pourquoi pas, une pièce plus symphonique comme Lighthouse ? Le style général de l’album pourrait être résumé dans le titre Unpredictable - avec ses paroles énoncées/chantées/hurlées - qui peut faire penser à un ascenseur fou qui ne se stabilise pas et change de sens vertical sans cesse. Game Of Blame vient consolider l’édifice en joignant les deux extrêmes.
Paradoxalement Paura débute par un texte narratif en italien avant que le chant, bien entendu varié au possible, en anglais, ne s’impose sur une charpente en béton précontraint.
La fermeture du gros œuvre est assurée par A Second Or A Thousand Years », un instrumental ambient étrange et ensorcelant.

Les finitions viennent ensuite. Chaque nouvelle écoute apporte son lot d’ornementations, trouvailles, nuances difficilement perceptibles en bloc tant le groupe joue serré. Pas de fissures, joints apparents ou autre imperfection, c’est net et sans bavure.

Time rassure quant à l’avenir d’INFECTED RAIN. Le quatuor se montre parfaitement au point. Les grand rendez-vous de l’été – la formation est en tournée du 21 juin au 31 août en Europe et au Royaume-Uni – leur donneront l’occasion de roder ces nouvelles compositions in situ.

Enfin je ne serais pas complet si je n’attirais pas votre attention sur les clips mis en ligne: Because I Let You (écouter ici), Dying Light (écouter ici), Never To Return (écouter ici), Lighthouse (écouter ici), Vivarium (écouter ici) qui bénéficient d’une mise en scène et en images assez époustouflante.

BOUBOU
Date de publication : mardi 9 avril 2024