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Reportage :  Un entretien avec : Luke MORLEY (THUNDER). Paris le 8 décembre 2014 ( THUNDER )
Date de publication : 12/12/2014
Auteur : metalmp
Rencontre avec Luke MORLEY (guitare, THUNDER)
Interview réalisée le 8 décembre 2014 à Paris

Si Back Street Symphony, son premier album paru en 1990, avait exposé THUNDER au grand jour et empli de promesses l'avenir de la formation, l'injustice a frappé le groupe en France: jamais les Anglais ne sont parvenus à percer au grand jour chez nous alors que le groupe de Luke MORLEY (guitare) et Danny BOWES, le chanteur à la voix d'or, est une véritable institution outre-Manche.

Après 25 ans de carrière, 18 singles classés au Top 40 anglais, THUNDER sortira au mois de février son dixème album, Wonder Days, première publication depuis 2008. La venue à Paris de deux de ses membres emblématiques était l'occasion de faire le point sur une carrière à part, l'état de santé de Ben MATTHEWS, son guitariste qui se bat depuis quelque temps contre un cancer, parler de l'avenir de THUNDER . Nous sommes aussi revenus sur les jours passés de Luke MORLEY. Pour ne rien gâcher, cet entretien s'est déroulé dans les locaux français de Gibson où nous étions, naturellement, entourés de guitares toutes aussi superbes les unes que les autres.

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METAL INTEGRAL : Avant de parler de votre nouvel album, Luke, comment se porte Ben MATTHEWS (guitare) ?
Luke MORLEY : Il va bien. Tout va bien, maintenant, son cancer a disparu. Il doit maintenant se reconstruire et retrouver des forces parce que le traitement qu’il a subi est très rude. On l’a mené aussi près de la mort que possible avec cette thérapie, ce qui l’a vraiment affaibli. Mais il se remet doucement, malgré les effets secondaires de ce type de traitement, la perte de cheveux et ce genre de choses. Il avait aussi de nombreux ganglions au niveau de la gorge où tout s’est concentré. Il a bien meilleure mine, même s’il est encore maigre. Il doit retrouver son poids et sa forme avant de pouvoir tout reprendre. On espère cependant qu’il puisse être de nouveau sur pieds pour nos prochains concerts anglais en mars prochain.

METAL INTEGRAL: Espérons-le. Nous lui souhaitons de se remettre rapidement.
Luke MORLEY : Espérons-le, oui.

METAL INTEGRAL: Le dernier album studio de THUNDER, Bang!, remonte à 2008. Qu’avez-vous fait depuis ?
Luke MORLEY : Principalement, on a écumé les pubs (rires) ! Sérieusement, entre 2003 et 2008, on a enregistré 4 albums. C’était une bonne période pour développer le groupe sur les réseaux sociaux, une nouvelle approche du business. En 2008, Danny (BOWES, chant) a décidé de faire autre chose, devenir agent. Ce qu’il a fait. Je me suis lancé dans le projet THE UNION avec un vieil ami, Peter, un excellent guitariste doublé d’un chanteur. Chris CHILDS (basse) et Harry JAMES (batterie) se sont impliqués dans tout un tas de projets annexes, en studio, donnant un coup de main ici et là… Mais nous sommes restés amis, nous avons continué de nous parler, visiblement… En 2009, nous avons décidé d’arrêter, Danny se lançant dans son projet. C’est la dernière fois que nous sommes venus en Europe, nous avons beaucoup tourné au Royaume Uni, fait quelques festivals sur le continent… Deux ans plus tard, nous avons reçu une offre d’un nouveau festival anglais, le High Voltage Festival qui voulait nous faire jouer. Mais j’étais occupé avec THE UNION et on a décliné. Plusieurs fois. Mais à chaque fois que nous refusions, ils rajoutaient de l’argent ! Et à un moment, on s’est dit : "et merde, on ne le fait pas pour l’argent, ce n’est qu’un concert, alors allons-y !" On a donné ce concert et on s’est éclatés. A la fin de l’année 2011, nous avons renoué avec le concert de Noël de THUNDER , quelque chose que nous faisons depuis 2003. Puis un autre en 2012, un troisième en 2013. Et à chaque fois, le public était plus important, ce qui est bizarre : moins on en faisait, plus le public était important (rires) ! Fin 2012, nous avons demandé à notre agent de nous trouver quelques festivals en Europe, et il nous a proposé de faire la tournée anglaise, ce même été, avec JOURNEY et WHITESNAKE. On a foncé, naturellement. Et ça a dépassé nos espérances. C’est pendant cette tournée que nous avons sérieusement envisagé de nous retrouver pour un album.

METAL INTEGRAL: Votre nouvel album, justement, Wonder Days : vends le moi: que peux-tu nous en dire ?
Luke MORLEY : Le fait que nous n’ayons rien enregistré pendant six ans en a fait un album très sympa à enregistrer. En tant que compositeur, c’était très agréable de m’y remettre. Un peu comme rechausser de vieilles chaussures. Je connais ces gars si bien que nous retrouver a été assez naturel. Je connais Danny depuis qu’il a 15 ans… Nous avons retrouvé nos marques assez rapidement, avec beaucoup d’enthousiasme. Nous n’avions pas de deadline pour finaliser ce disque, on s’est fait plaisir. « s’il faut un an pour composer, ça prendra un an »… Au final, il nous a fallu une bonne année. Nous avons enregistré en trois sessions, Au Rockfield Studios, ce qui est très confortable. C’est un studio des années 70 et pas grand-chose n’a changé… on s’est vraiment amusé à le faire. En règle général, avec THUNDER, plus on s’amuse lors de l’enregistrement, meilleur est le résultat final. C’est le cas avec ce disque. Nous avons tous atteint la cinquantaine, et notre approche est différente, ce qui a certainement influencé les chansons. Nous avons moins de mal à regarder le passé, et il est évident que deux ou trois chansons reflètent une sorte de nostalgie.

METAL INTEGRAL: Tu parles de nostalgie. Wonder Days, le premier titre de votre nouvel album, débute de la même manière que She’s So Fine, qui introduisait votre premier album, Back Street Symphony. C’était volontaire ?
Luke MORLEY : Non, pas du tout! Quelqu’un d’autre m’a fait cette remarque. Tu sais, quand on écrit de la musique, parfois on ne voit pas la même chose que d’autres… Sans aucun doute, c’est un riff typique du son de THUNDER. La manière dont la chanson sonne au final est la raison pour laquelle nous avons décidé de la placer en ouverture. Il ne m’est pas apparu que ce riff ressemblait à celui de She’s So Fine jusqu’à ce qu’on me dise, je crois que c’était ma femme, que ces deux morceaux sonnaient pareil. C’est après tout une bonne chose, selon moi, en tout cas pour les personnes qui écoutent THUNDER depuis longtemps, ça peut les rassurer : « Oui, c’est bien THUNDER ! » Mais je suis persuadé qu’arrivé au milieu de la chanson les gens seront surpris car ça change vraiment.

METAL INTEGRAL: Parler de « jours magiques » (Wonder days) peut passer pour de la nostalgie. Vous regrettez votre jeunesse et votre innocence ?
Luke MORLEY : Non, pas du tout ! Cette chanson en particulier fait référence à ce par quoi nous passons tous : l’adolescence, les changements de cette période, comment on grandi et la manière dont elle nous affecte. Et tout le fun qui va avec. J’ai voulu capter tout ça et le transmettre avec une chanson. Parler de mes souvenirs d’enfance, jouer dans le jardin, se rendre compte, un jour, que les filles sont plus intéressante que de courir derrière un ballon. Et puis tu réalises qu’en faisant partie d’un groupe, tu as plus de filles (rires)… Une vie d’ado, en somme.

METAL INTEGRAL: Comment s’est déroulée ta jeunesse ?
Luke MORLEY : Oh, bien, c’était fun. Danny et moi étions à l’école ensemble, dans le sud est de Londres, un secteur de travailleurs. Les gens y sont normaux, droits et honnêtes. Mes parents ont divorcé quand j’étais jeune, trop jeune pour m’en rendre compte en vérité, et j’ai grandi avec ma mère, toujours entouré de musique. Elle enseignait les arts, j’étais entouré de livres, de peinture, il y avait toujours de la musique, plein de gens… J’ai ainsi toujours grandi avec de la bonne musique. C’est sans doute une des raisons qui ont fait que je suis devenu musicien. Mais ce qui a vraiment été mon déclic fut de voir Jimi HENDRIX à la télé, le jour de sa mort. Ils rediffusaient, je crois, son concert au festival de Monterrey, il jouait avec les dents, et tout le monde voulait faire comme lui !

METAL INTEGRAL: Puisque nous parlons de ton enfance, nous chérissons tous certains souvenirs. Si tu devais n’en partager qu’un avec nos lecteurs, lequel serait-ce ?
Luke MORLEY : Ouh.. Je crois que ce devrait être le premier concert auquel j’ai assisté. Le jour de mon onzième anniversaire, ma mère avait acheté des billets pour m’emmener voir T-REX qui passait au théâtre local. Il y avait 3.000 personnes dans cette salle, à l’époque où T-REX était très gros au Royame Uni. Tout, j’ai trouvé tout fabuleux, le son, les lumières, l’ambiance. Je crois que c’est là que je me suis dit que c’est ce que je voulais faire. C’était un peu (il lève les mains et les agite) comme si Dieu me parlait d’en haut et me disais : « tu seras musicien ! ». C’est l’impression que j’avais ! C’est vraiment un moment spécial de ma vie.

METAL INTEGRAL: Parles nous de tes meilleurs jours. Quelle que soit la période...
Luke MORLEY : (il réfléchit) Si je devais mourir demain, je pense que je parlerai de toutes les fois où, en tant que groupe, nous avons joué dans de grands festivals. C’est un lieu où THUNDER est vraiment bon, à l’aise. Je crois que nous avons ce truc avec les grandes audiences. Danny est un chanteur et un frontman, il a ce feeling qui en font un grand. Je n’ai pas toujours été obsédé par la musique, mais le fait est que j'aime enregistrer et tourner, alors ces moments sont ceux qui te font comprendre que le travail acharné est payant. Je me souviendrais toujours de ces jours.

METAL INTEGRAL: Qu’en est-il de tes jours les plus durs, et comment t’en es-tu sorti ?
Luke MORLEY : Ah, ah! Maintenant que tu fais remonter tous ces souvenirs, c’est, sans hésiter: dormir à l’arrière d’un van, avec huit sacs de couchage sur moi, et Harry à côté, en janvier, dans le nord de l’Angleterre, en pleine tempête de neige! On devait avoir 23 ans, je crois. Nous n’avions pas assez d’argent pour nous offrir une chambre d’hôtel à 4. Alors on a tiré à la courte paille, et Harry et moi avons perdu ! Voilà à quel point nous étions fauchés ! Ce soir-là, nous avions donné un concert devant environ 10 personnes. Et là je me suis vraiment demandé si ça en valait le coup ! (rires) En même temps, c’est dans ces moments là que tu découvres si c’est vraiment ce que tu veux faire, si tu veux devenir professionnel. Tu bosses tellement, tu affrontes des situations si difficiles pour monter sur scène et jouer pour à peine 10 personnes… Tu te poses des questions sur ton équilibre mental, est-ce que c’est sain de vivre comme ça ? Si tu continues après ce genre de galères, tu peux tout affronter. Ça forge vraiment ton caractère.

METAL INTEGRAL: Tu partagerais des jours magiques?
Luke MORLEY : Mon dieu… J’ai vécu quelques moments… intéressants, oui. J’avais des héros, quand j’étais gamin, la plupart d’entre eux sont morts, aujourd’hui. Jimi HENDRIX, Paul KOSSOFF... Certains sont encore en vie, aussi. Je suis un grand fan de LED ZEPPELIN. En 1992, nous donnions un concert au Hammersmith de Londres, complet, avec 3.500 personnes. Je quitte la scène à la fin du concert, avant les rappels, pour aller pisser, et je me dirige vers nos loges où je vois un gars entrer… « Mais que fait ce mec dans les loges ? Elle fait quoi la sécurité ? » Je rentre et… le gars me tend la main et se présente : « je suis Jimi PAGE ». Et je ne trouve rien de mieux à répondre que : « Salut ! J’adorerai prendre un instant pour discuter, mais je dois retourner sur scène ! » (rires) « Bien sûr, vas-y, j’apprécie vraiment le concert ! » me répond-il. Ça a été un vrai choc, cette rencontre. Tu sais, on dit souvent qu’on ne devrais pas rencontrer ses héros… Mais il se trouve que c’est quelqu’un de vraiment très sympa, et nous avons eu la chance de le recroiser à plusieurs reprises. Ça fait du bien parfois de rencontrer ses héros, les gens qui t’ont vraiment influencé, et de les entendre te dire que, eux, aiment vraiment ce que tu fais ! Il n’y a pas si longtemps, en 1998, Andy TAYLOR a enregistré une chanson. Je ne sais pas si elle est sortie, mais un jour il m’a contacté et m’a expliqué son projet, m’a demandé si je pouvais venir jouer un peu de guitare. J’arrive au studio, sans savoir qui d’autre ferait partie de ce groupe. Il y avait Bernie MARSDEN à la guitare et le bassiste de CHIC, Bernard EDWARDS (NdMP: soit Luke s'est trompé de date d'enregistrement, EDWARDS ayant disparu le 18 avril 1996, ou il s'est trompé de bassiste). Ce noir américain, fantastique bassiste, assis, là, dans le studio ! C’est vraiment un grand bassiste. Le lendemain matin, Bernard et moi nous retrouvons au studio et jammons… LED ZEPPELIN, DEEP PURPLE, James BROWN, plein de choses super à jouer. A la fin, Bernard me regarde et me dis, littéralement : « Mec, tu joues de la guitare comme un vrai nègre ! ». Venant de lui, je te garantis que c’était un énorme compliment ! (rires)

METAL INTEGRAL: Dans ta jeunesse, que t’a-t-on enseigné ?
Luke MORLEY : Dans ma jeunesse? (Il se met à fredonner) In the days of my youth I was taught what it means to be a man…Tu as voulu me piéger avec LED ZEPPELIN, hein ? (NdMP: Meuh non, pas du tout. Mais la référence à Good Times Bad Times était bien volontaire!) Que m’a-t-on enseigné? Etre bon avec les autres et avec moi-même. On m’a appris à travailler dur, on m'a enseigné la valeur du travail, peu importe le pays où tu te trouves… Tenter de traiter tout le monde de la même manière, sans discrimination et… apprendre à boire aussi ! (rires)

METAL INTEGRAL: Qu’as-tu fais, enfant, que tu ne voudrais pas que tes enfants fassent?
Luke MORLEY : Je n’ai pas d’enfants, mais si j’en avais… Je ne sais pas… Le monde est si différent de ce qu’il était il y a 20 ans. Je crois que les jeunes ne sont pas plus déconnectés du monde que nous ne l’étions à leur âge. Le plus important est, je pense, de leur apprendre à prendre de bonnes décisions. Mais je ne peux pas vraiment répondre à cette question.

METAL INTEGRAL: Sur Higher Ground (Back Street Symphony) tu avais écrit: “Je ne veux pas passer toute ma vie dans cette ville”. As-tu réussi à la quitter, cette ville ?
Luke MORLEY : La ville était une métaphore. Ce que ça illustrait était la frustration de ne pas avoir autant de succès que je souhaitais. J’ai été chanceux de grandir où j’ai grandi, tu sais, même si je visais plus haut. Et nous y sommes parvenus, au final.

METAL INTEGRAL: Hors THUNDER, où aimes-tu voyager pour te relaxer, changer d’air? *
Luke MORLEY : Ah, intéressant! Il y a tant d’endroits… J’aime beaucoup la Thaïlande, et la Turquie, aussi, un endroit que je trouve très relaxant. C’est simple : il y fait si chaud, en été, que la seule chose à faire, c’est se détendre ! J’aime le monde, en fait. Nous avons participé à cette opération caritative il y a quelques temps et on a été embarqués dans un circuit en Harley dans des lieux obscurs des USA. On s’est retrouvé au fin fond de l’Utah, du Nebraska, dans des parcs naturels… Tu vois tous ces côté inhabituels des USA et tu réalises à quel point ce pays est superbe. Quand tu y vas pour le boulot, tu ne vois que New York, Los Angeles, les grandes villes. Mais j’aime voyager, tout simplement. Maintenant, pour vraiment déconnecter… je choisirais la Thaïlande.

METAL INTEGRAL: Tu évoquais tout à l’heure ta jeunesse, entouré d’art , de musique… Quel est le dernier livre que tu ais lu ? *
Luke MORLEY : Je suis en train de lire Gone Girl. Que je dois terminer… Le dernier livre que j’ai terminé est une biographie de Pete TOWNSEND qui s’appelle Who I Am.

METAL INTEGRAL: Pour finir : peux-tu imaginer deux questions que tu voudrais vraiment qu’un journaliste te poses un jour ?
Luke MORLEY : (rires) OK… Alors : « Puis-je t’emprunter un million de livres, car je sais que tu les as » (rires). Et la seconde : « Je suis marié à Brigitte BARDOT qui a 21 ans, et je n’arrive pas à la satisfaire. Tu pourrais me remplacer ? » (rire général !)

METAL INTEGRAL: Eh bien, ces deux questions seront posées à mon prochain interlocuteur qui, j’espère, sera un homme ! En tout cas, merci pour ce moment, et nous espérons vous voir bientôt sur scène en France.
Luke MORLEY : Oui, merci beaucoup et à bientôt !


* : Questions imaginées par John CALABRESE (DANKO JONES)
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