Reportage : Un entretien avec :
Jens JOHANSSON (STRATOVARIUS), Paris le 6 juillet 2015
( STRATOVARIUS )
Rencontre avec Jens JOHANSSON.
Propos recueillis à Paris le 6 juillet 2015.

Alors que les Finlandais viennent de sortir Eternal et repartent en tournée (en France, ils seront à la Rodia de Besançon le 31 octobre et au Trabendo de Paris le 1er novembre 2015), Metal Intégral a pu s'entretenir avec Jens JOHANSSON (claviers).

METAL INTEGRAL : Tout d’abord, une question au sujet du groupe : STRATOVARIUS, c’est quoi, en 2015 ?
Jens JOHANSSON : Ah ! C’est probablement encore un groupe de Rock ! Je dirais que c’est aussi un collectif disparate de compositeurs, et nous avons pour concept de nous réunir une fois tous les deux ans pour écrire de nouvelles choses. Jouer sur scène, interpréter nos nouveautés sur scène ou l’ensemble de notre catalogue, des titres qui ont déjà 20 ans. Mais la majeure partie du travail de création se fait individuellement dans un esprit collectif. Nous décidons ensuite, ensemble, de ce que nous gardons ou pas. C’est un monstre étrange ! Nous sommes bien sûr un groupe mais nous ne gérons pas ce groupe « à l’allemande », dirais-je, où une personne est clairement le leader, et décide de ce qui doit être fait ou pas. Nous sommes biens plus chaotiques et retardés que ça, personne ne sait vraiment ce qu’il se passe. Nous ne savons pas vraiment ce que nous faisons, mais au final, nous avons enregistré 4 albums de cette manière, alors… Les gens semblent les apprécier, ce qui est d’autant plus surprenant.

METAL INTEGRAL : Il y avait une sorte de trilogie basée sur la mythologie avec Polaris, Elyseum et Nemesis. Eternal semble continuer dans cette voie
Jens JOHANSSON : on peut voir les choses ainsi, sans doute. Je n’y ai pas pensé dans ce sens, mais en effet, nos albums se terminent généralement avec une sorte d’ouverture et chacun peut construire sa propre vision de l’histoire. En général, dans la mesure où nous écrivons séparément, c’est assez difficile de retrouver un thème à chaque album. Chacun compose en fonction de ses humeurs, envies. C’est comme le titre : nous ne lavions pas en composant, c’est quelque chose que nous avons décidé des jours plus tard.

METAL INTEGRAL : Comment ça se passe lorsque vous vous retrouvez en studio ? Chacun arrive avec ses compositions, ses idées, comment travaillez-vous afin d’obtenir ce qui sera un album ?
Jens JOHANSSON : Il y a plusieurs méthodes. Avant même de nous retrouver, nous enregistrons des démos que nous partageons sur une Dropbox, je prends des notes pour me souvenir de mes impressions lors de ma première écoute. C’est important, car les fans vont déterminer s’ils aiment une chanson ou pas à la première écoute. Évidemment, quand tu as travaillé sur un titre pendant 3 mois, il te semble bon. Nous cherchons aussi à satisfaire chacun. Nous sommes obligés d’écarter certaines chansons, surtout lorsque nous avons une base de 2h30 au départ. Tout ne peut être conservé.

METAL INTEGRAL : Vous êtes arrivés en studio avec combien de chansons en tout ?
Jens JOHANSSON : En tout ? Je ne sais plus. Mais nous avons travaillé sur une base de 15 ou 16 morceaux en tout, il me semble. Tout n’était pas terminé, certains titres n’en étaient qu’à la moitié.

METAL INTEGRAL : Rolfe a intégré le groupe en remplacement de Jörg en 2012. A quel niveau dirais-tu que son arrivée a influencé la manière dont STRATOVARIUS envisage et enregistre sa musique ?
Jens JOHANSSON : Pas tant que ça, en réalité, car nous avons la même approche qu’avant son arrivée. En d’autres termes, une approche chaotique des albums, dans l’urgence. Bien sûr, il apporte, dans un sens, du sang neuf. Je pense que, à la fin, Jörg était plus préoccupé par ses affaires, son agence d’artistes, que par le groupe, et c’est la raison pour laquelle il est parti. Rolfe a bien plus de temps à consacrer au groupe. Ceci mis à part, il boit moins, aussi ! Il y a certaines choses qui font partie du passé… Il y a une époque où nous demandions tous les soirs une bouteille de vodka. Il (Jörg) en buvait beaucoup, moi, un peu… C’est assez difficile de résister quand tu as quelqu’un qui te tente… Maintenant, l’avantage c’est qu’il n’y a plus ces tentations. Attention, je ne dis pas qu’il buvait toute la bouteille, mais elle était bue. Par deux ou trois gars du groupe. Au final, c’est sans doute mieux pour Jörg et pour tout le monde.

METAL INTEGRAL : Comment décrirais-tu l’évolution de STRATOVARIUS depuis Nemesis, il y a deux ans ?
Jens JOHANSSON : Mmmh… Nous nous connaissons bien mieux désormais, en tant que personnes et en tant que musiciens. Les choses étaient déjà en place il y a deux ans, mais l’évolution s’est faite graduellement. Les chansons sont différentes mais le concept identique. Tout le monde compose et nous ne retenons que le meilleur. Ce n’est pas une grande évolution, en fait. Il n’y a toujours pas de leader ou de dictateur au sein du groupe !

METAL INTEGRAL : Parlons de quelques chansons de ce nouvel album : Sur Shine In The Dark, Timo KOTIPELTOchante : « Je suis ce que tu as fait de moi ». Sais-tu qui est ce « Tu » et, personnellement, Jens, qu’es-tu, ou qu’est-il ?
Jens JOHANSSON : Je crois qu’il s’agit d’un de ses amis… Je ne suis pas certain, mais c’est sans doute quelqu’un qui a eu une influence sur Timo. En ce qui me concerne, je suis un homme heureux, je donne des interviews sympas, à Paris…

METAL INTEGRAL : Passons à une autre chanson, mais cette fois, c’est ton opinion qui m’intéresse. Feeding The Fire débute ainsi : « à lire les nouvelles du quotidien, tous ces meurtres, haine et abus, où va donc le monde ? » D’après toi, les hommes ont-ils complètement perdu la tête ?
Jens JOHANSSON : C’est une bonne question… Apparemment, ils l’ont perdue, oui (rires). Je crois que le monde est le même qu’avant, mais les nouvelles deviennent de plus en plus « sensationnelles ». Ils veulent que les gens continuent de suivre les nouvelles, mais le monde, d’après moi, n’est pas pire que ce qu’il était au cours des 40 à 50 dernières années. Même si ce n’est pas forcément l’impression que l’on peut avoir en écoutant les nouvelles.

METAL INTEGRAL : A part deux albums, le titre de tous les disques de STRATOVARIUS ne comporte qu’un mot. C’est une volonté de votre part ?
Jens JOHANSSON : Cette fois, ça a été notre intention. Pour moi, le titre d’un album n’est pas vraiment important. Il faut lui donner un nom, bien sûr, mais ce n’est pas le principal. Prends, Elements, par exemple, il y a une chanson qui porte ce nom, mais c'est le seul rapport. Et on a fait Part 1 et Part 2...

METAL INTEGRAL : Timo et toi êtes les deux membres les plus anciens du groupe mais vous n’êtes pas membres fondateurs. J’imagine qu’il y a encore certains fans les plus anciens qui continuent de vous dire que vous ne devriez pas continuer d’utiliser le nom de STRATOVARIUS
Jens JOHANSSON : Il doit ne rester que 5 gars sur la planète qui continuent de nous le faire savoir. Mais je crois que nous avons désormais prouvé que l’esprit du groupe est le même. Tu sais, ça fait quatre albums que nous publions avec cette même envie, ce n’est pas une blague ou un simple concept. Je ne les blâme pas, certains sont très émotionnels, ils peuvent continuer d’écouter les anciens albums… Cette musique est toujours là, et le sera toujours.

METAL INTEGRAL : Si tu devais ne retenir qu’un album de STRATOVARIUS afin de me faire découvrir le groupe, lequel choisirais-tu ?
Jens JOHANSSON : Sans doute.. Il y avait cet album live, Visions Of Europe, qui est un double. Il résume assez bien non seulement le groupe mais également cet esprit particulier au Métal à la fin des années 90. Nous devenions plus important, travaillions beaucoup et avons participé à l’émergence de cette vague qui était comme une sorte d’optimisme retrouvé pour le Métal. C’est un album cool.

metalmp
Date de publication : mercredi 9 septembre 2015