Dossier : A la rencontre de Pierre-Yves THEURILLAT (GALAAD, PyT) ( GALAAD , PYT )
Ben : Bonjour Pierre-Yves THEURILLAT (alias PyT, chanteur auteur compositeur). Plus de 20 ans après, GALAAD se reforme, avec son line up originel. Comment s’est construit ce retour en grâce ? Quel a été son élément déclencheur ? Quelle a été la motivation de votre reformation ?

PyT : Construit...oui. A la fin de GALAAD en 1996, il ne sait rien passé pendant 15 ans. Puis il y a eu la formation du groupe L’ESCOUADE en 2010 avec Laurent (PETERMANN, batteur sur Vae Victis, second album de GALAAD), un redémarrage concret pour moi dans le monde de la musique, renouer avec des expériences scéniques, refaire un disque (Confidences De Mouches : cliquez ici).
Puis Sébastien (FROIDEVAUX, guitariste de GALAAD) et moi avons eu le projet de reformer GALAAD, sans résultat. Nous avons alors repris le travail sous le nom de PyT . Nous avons tous deux composé textes et musiques (Carnet D’Un Visage De Pluie en 2013 : cliquez ici) et Mon Grand Amer en 2015 : cliquez ici). Puis nous avons eu le désir de fêter les 20 ans de Vae Victis. Cette intention a été plusieurs fois repoussée. Et c’est en 2016, suite à la fin du projet PyT et sous l’impulsion de Sébastien, désireux de faire à nouveau de la musique, ainsi qu’avec le retour de Gianni (GIARDIELLO, claviers), Gérard (ZUBER, basse) et Laurent, que le groupe s’est reconstitué. L’idée était de se retrouver, de faire de la musique, des reprises principalement, entre potes. Puis nous avons eu envie de reprendre des titres de GALAAD, ce qui nous a motivé à poursuivre l’aventure et à vraiment relancer le groupe. Suite à une heureuse soirée-concert devant 400 personnes, nous avons décidé de projeter un album, FRAT3R, qui voit le jour en 2019 (cliquez ici).

Ben : Etes-vous dans le même état d’esprit qu’il y a 20 ans ?

PyT : Pour moi, non, pas du tout.
Au niveau du groupe, l’ambiance est beaucoup plus sereine, plus libérée, sans pression. Les soucis sont mieux gérés. Psychologiquement, le groupe va bien. C’est très important. Ce nouveau départ est assez exceptionnel, après 23 ans. Nous avons été touché par les messages perpétuels nous incitant à la reformation du groupe. Cela n’a pas été facile de tous nous retrouver. Mais cela a fini par se faire, chacun trouvant du temps à côté de sa vie personnelle et professionnelle pour relancer le projet professionnel de GALAAD.

Ben : Pourquoi le groupe a choisi la langue française ?

PyT : Par commodité. Je parle un peu l’anglais, mais je ne voulais pas chanter des choses que je ne comprenais pas. Je pense aussi avoir été influencé par ANGE. Les musiciens ont été d’accord avec ce choix. A l’époque, nous apprenions la musique, et nous voulions défendre cet acquis. Certes, le rock sonne mieux en anglais, mais je pense que GALAAD offre un rock assez unique estampillé français.

Ben : Comment FRAT3R a été conçu ?

PyT : Nous avons essayé de faire le plus efficacement et rapidement possible les choses. Il est difficile de se voir tout le temps, chacun étant « éparpillé » sur tout le territoire de la Suisse Romande. Alors internet (échanges des sons et des compositions) et les réseaux sociaux (discutions et alimentations du projet) nous ont été d’une grande aide. Nous profitons de la technologie pour pallier à la difficulté de se retrouver, comme à l’époque où nous nous retrouvions 3 à 4 fois par semaine pour répéter. C’est aussi dans l’ordre des choses, nous n’avons pas non plus les mêmes ambitions qu’il y a plus de 20 ans.

Ben : Tu parles d’internet comme d’un outils pour faciliter la communication entre vous. Mais tu ne penses pas qu’à ce jour, ce n’est pas « osé » de sortir un cd physique, avec la forte probabilité de le voir rapidement disponible gratuitement sur la toile ?

PyT: Nous avons évolué avec la question. Je ne pense pas que cela soit osé. C’est le public qui vient à nous, ce sont les auditeurs qui nous choisissent. Nous sommes de l’école plus traditionnelle, nous voulions faire un disque vinyl, un cd pour avoir cet objet intermédiaire entre le consommateur et le créateur, pour développer cet aspect artistique.

Ben : Que penses-tu de l’industrie musicale commerciale actuelle ?

PyT : Il y a tellement de possibilités maintenant, je ne sais pas si nous ne sommes pas noyer dans tous ces possibles, dans tous ces nouveaux noms, dans tous ces marchés de niches…
Comme auteur compositeur chanteur, je suis moins sensible et moins ouvert à la création musicale des autres car j’ai fort à faire.

Ben : Tes mots, ta poésique sont emprunts d’émotions et de sensibilité, que ce soit avec PyT ou GALAAD. D’où vient ton inspiration ?

PyT : C’est une connexion entre le mental, l’esprit, l’âme, le coeur, le monde émotionnel, la sexualité... Il y a toute une vie dans mon univers musical, je n’en sors pas.
Ma poésique est naturelle. Je recherche en parallèle des sonorités et une cohésion de sens. Parfois cela colle, parfois non… Mais j’essaye de travailler sur l’immensité des possibles, je tisse les mots pour trouver une cohérence mélodique et de sons… J’y arrive peut être moins bien qu’au temps de Vae Victis, mais à l’époque nous nous prenions plus la tête, nous travaillions plus longuement, nous n’étions jamais vraiment contents des morceaux, nous voulions éviter le côté cliché.
Avec PyT, nous ne nous sommes pas posés les mêmes questions, nous avons composé des choses un peu plus… légères, avec beaucoup de plaisir. J’ai écrit des textes plus clairs, oublieux d’un certain intérêt pour des choses quelque peu ésotériques, m'éloignant d'une lecture de mes textes plus ambiguë. Donc avec le nouvel album de GALAAD, nous avons mixé tout cela, sans renier notre passé (YES, GENESIS, ANGE, FAITH NO MORE…). Mais maintenant nous écoutons tous des choses différentes, même le silence, qui est une belle musique !

Ben : Par quels moyens êtes-vous parvenus à faire cette tournée française ?

PyT : Grâce à des personnes qui sont fans de GALAAD depuis longtemps, qui avaient envie de voir le groupe jouer dans leur patelin. Si nous n’avions pas pu compter sur eux, nous aurions eu beaucoup de difficultés à pouvoir faire ces dates françaises. Parce que les salles sont « fermées », parce qu’il faut les louer, aussi bien en France qu’en Suisse Romande. Nous ne pouvons pas prendre le risque de ne pas rentrer dans nos frais avec le statut que nous avons. Cela a toujours été difficile de faire de la scène, et cela l’est toujours. C’est dur...

Ben : Un jeune musicien vient vers toi à la fin de ton concert et te dit qu’il veut faire la même musique que toi. Tu lui réponds quoi ?

PyT : T’es fou !

Ben : Que représente pour toi la fraternité ?

PyT: J’ai toujours été, dans ma vie, à la recherche d’un alter ego masculin, comme une sorte de frère, quelqu’un qui me mettrait des garde-fous, avec qui je pourrais trouver mes limites, mes jeux. Je n’ai pas eu en réalité cette personne dans ma vie, mais je l’ai eu symboliquement à travers la création d’un morceau comme Kim de FRAT3R. Tous les musiciens du groupe ont un frère, sauf moi. C’est donc ici ce côté affectif, humain que j’explore. Puis il y a un sens plus général, gardons un message positif pour l’humanité, nous sommes tous frères et agissons en tant que tel pour notre bien être, celui de notre planète, de nos enfants, de nos vies de tous les jours. Je garde une ouverture sur tout, sur le monde.
Dans GALAAD, nous sommes tous des êtres très différents mais tous liés, c’est ce qui fait notre force. Nous avons un rapport complémentaire, voir hétéroclite…

Ben : Un mot d’espoir, de musique pour la fin ?

PyT: J’espère ne pas être celui qui écrirait amour comme un mot inachevé, ne pas être le dernier à le dire. Je rêve de bonnes choses pour GALAAD et pour notre public… Je suis un satané émotif !
Ben
Date de publication : jeudi 19 septembre 2019