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Reportage :  ACDC : It's a long way to the top :
Quatre décennies de High Voltage Rock'n'Roll - 1ère partie
( ACDC )
Date de publication : 01/05/2015
Auteur : metalmp
Voilà plus de 40 ans que ça dure, plus de quatre décennies qu’ACDC nous propose un Hard Rock binaire qui se répète d’album en album tout en se réinventant à chaque fois. METAL INTEGRAL vous propose, à l’occasion de la nouvelle tournée du plus célèbre des groupes australiens (qui, rappelons-le, sera à Paris, au Stade de France de Saint Denis, pour deux concerts qu’on sait déjà exceptionnels les 23 et 26 mai prochains. Ne cherchez pas : ces deux dates affichent complet * depuis quelques minutes après la mise en vente des places...) un retour sur une carrière menée tambours battants, toujours avec passion, malgré des hauts - très hauts - et des bas.

* Note: GDP vient d'annoncer la mise en vente de quelques billets supplémentaires pour des places situées dans les zones à visibilité réduite disponibles sur gdp.fr et dans les lieux habituels. Egalement à noter, deux groupes ouvriront pour les Australiens: tout d'abord les Français de NO ONE IS INNOCENT suivis des Américains de VINTAGE TROUBLE. Début des festivités au Stade De France à 18h30


DOWN UNDER : LES ANNEES AUSTRALIENNES

William et Margaret YOUNG sont les heureux parents de huit enfants (parmi lesquels on ne trouve qu’une seule fille) et comme beaucoup d’autres à cette même époque, le couple franchit le pas et quitte sa bonne ville de Glasgow, son Ecosse natale, à la fin de l’année 1963 afin de tenter de trouver une vie meilleure en Australie. Toute la famille émigre donc à l’exception du n° 4 de la fratrie, Alex, qui commence à remporter un certain succès dans sa jeune carrière musicale. Arrivé en Australie, George, le n°5, trouve en la personne du Hollandais surnommé Harry VANDA (de son vrai nom Johannes Jacob Hendrix VANDENBERG) un complice musical avec qui il connaitra une belle et fructueuse carrière, notamment avec leur groupe les EASYBEATS.

Dix ans après être arrivé en Australie, en 1973, le jeune guitariste Malcolm YOUNG, à peine âgé de 20 ans (il est né le 6 janvier 1953), décide, après avoir débuté avec le VELVET UNDERGROUND local en 71, de monter son premier groupe avec, entre autres, un certain Dave EVANS au chant. Après quelques auditions et tentatives finalement infructueuses, et après de longs moments d’hésitations, il intègre son jeune frère Angus (né le 31 mars 1959), également guitariste. Un choix qui ne plait guère à Dave qui se serait exclamé « Quoi, ce petit con ? »...

Les YOUNG sont déjà familiers du monde de la musique puisque, outre Alex, George a réussi à percer avec ses EASYBEATS, groupe qui signe un hit devenu depuis mondialement célèbre, Friday On My Mind. Son groupe a cependant splitté en 1969 à la suite de divers problèmes internes, George YOUNG et Harry VANDA décidant de se concentrer sur d’autres aspects de la musique. Alors que Malcolm et Angus jouent dans un groupe sans nom, c’est l’épouse de George qui propose celui d’ACDC, symbole figurant sur tous les appareils électroménagers, et qui signifie Courant Alternatif, Courant Continu.

ACDC répète et se lance dans l’aventure scénique dès la fin d’année en donnant son premier concert au Checker’s Club de Sydney. Coup du sort, le bassiste a quitté ACDC juste avant ce concert, et, coup de chance, George, vient juste de rentrer d’Angleterre. Connaissant par cœur le répertoire de reprises que veulent interpréter ses frangins, il s’empare d’une basse et les dépanne. Le groupe ne parvient pas à stabiliser son line-up, malgré une signature sur le label Albert production (le duo Harry VANDA et George YOUNG a été récemment recruté en Angleterre par Ted ALBERT qui leur confie la responsabilité de son label en Australie) et la promesse que le premier single, Can I Sit Next To You Girl ?, soit justement produit par VANDA et YOUNG.

Cet essai attire l’attention de Michael BROWNING, responsable du Hard Rock Café de Melbourne qui se propose de manager ACDC. Il met rapidement sur pieds une tournée en première partie de Lou REED, mais tout ne se passe pas au mieux (ACDC signifie également à voile et à vapeur et le public est parfois assez surpris de voir des mecs virils et le fait savoir !) , ce qui force BROWNING à chercher engager un homme à tout faire, garde du corps, chauffeur… Il pense à un rebelle du nom de Bon SCOTT qui pour l’heure a d’autres projets.

LES ANNEES BON SCOTT ET LA DECOUVERTE DU MONDE

Malgré tout, ACDC s’entraine et répète, saisissant même l’occasion de jouer en ouverture de Stevie WRIGHT à l’Opera House de Sydney devant plus de 10.000 personnes médusées par ce petit guitariste qui semble arriver de l’école. Car après avoir testé plusieurs tenues de scène (allant de King Kong à Zorro), Angus YOUNG a choisi de s’habiller en écolier : short, chemise, cravate et blaser. Le look est une chose, l’attitude scénique une autre : lors d’un concert, Angus se blesse au genou, s’effondre et continue de jouer en se roulant au sol. La réaction du public est telle que le guitariste adopte rapidement ce gimmick épileptique qu’il répète à chaque show. Le groupe ne parvient pas trouver de stabilité. Le changement le plus important dans la jeune carrière d’ACDC est sans aucun doute l’arrivée en 1974 de Bon SCOTT au chant.

Ronald Belford SCOTT est né en Ecosse le 9 juillet 1946. Sa famille s’installe en Australie en 1952, où rapidement lui est collé le sobriquet de Bonnie – pour « Bonnie Scotland », la bonne Ecosse – qui deviendra rapidement « Bon », plus masculin. Enfant, il apprend le piano et l’accordéon, intègre une formation folklorique, joue de la cornemuse, de la batterie plus qu’il ne se penche sur les études… Après avoir été exempté de service militaire pour « inadaptation sociale », il intègre, en 1965, les SPEKTORS en tant que batteur / chanteur avant de rejoindre les VALENTINES comme chanteur en 1967, et publie avec eux pas moins de quatre hits singles en Australie en à peine trois ans. Les VALENTINES ont même l’occasion d’ouvrir en octobre 1969 pour les EASYBEATS à Sydney. Ce concert le convainc que son avenir est ailleurs. Bon SCOTT quitte les VALENTINES pour s’installer à Sydney et rejoint FRATERNITY, un groupe, une communauté, même, de Blues très hippie avec lequel il enregistre 2 albums, effectue une tournée en Angleterre (au cours de laquelle il donne quelques dates avec un groupe du nom de GEORDIE dont le chanteur, un certain Brian JOHNSON, l’impressionne). Après une tournée anglaise en 1971, de retour en Australie, Bon est victime d’un grave accident de moto suivi d’une longue convalescence qui le force à quitter FRATERNITY. C’est alors que, sans argent, il accepte l’offre de Michael BROWNING. Bon est impressionné par ACDC et insiste rapidement pour que le groupe lui donne sa chance au micro. Mais Malcolm et Angus YOUNG le jugent trop vieux. La chance sourit pourtant à Bon lorsque Dave EVANS oublie de se présenter à un concert. En une heure de temps, Bon assimile les chansons et se déclare prêt à monter sur scène. L’essai est concluant entrainant de fait l’éviction de Dave EVANS.

ACDC ainsi transformé entre en studio au mois de janvier 1975. Trois petites semaines suffisent au « groupe » – la section rythmique est tenue par des musiciens extérieurs – conseillé par le duo de producteur Harry VANDA et George YOUNG, pour mettre en boite le premier album, High Voltage, qui parait en Australie (uniquement) mi février 1975. La force de la reprise Baby Please Don’t Go ou de titres originaux tels que Soul Stripper, She’s Got Balls, Love Song – sur lesquelles Bon SCOTT démontre déjà ses talents à manier le double sens – convainquent quelques 200.000 acheteurs. Premier coup d’essai fructueux et réussite commerciale, ce disque place ACDC sur de bons rails.

Pourtant, afin de pouvoir vraiment évoluer, le groupe a besoin d’une formation stable. Ce n’est qu’en 1975 qu’ACDC trouve un certain équilibre. Le batteur Phil RUDD (né le 19 mai 1954) est ainsi recruté par le biais d’une petite annonce parue dans le Melody Maker. Il a joué au sein de BUSTER BROWN, chez qui sont également passés Angry ANDERSON et George LEACH, deux futurs ROSE TATTOO. Le bassiste Mark EVANS (né le 2 mars 1956) est quant à lui recruté à la sortie d’un club. Ainsi reconstitué, ACDC joue autant que possible et retrouve le chemin des Albert studios au mois de novembre 1975, rejoint par le duo VANDA et YOUNG, afin de donner naissance à T.N.T qui parait au mois de décembre 1975 (de nouveau uniquement sur le marché australien) et confirme l’orientation musicale du quintette : du Blues Rock explosif, basé sur quelques accords et une énergie sans pareille. It’s A Long Way To The Top (If You Wanna Rock’n’Roll) introduit ce disque suivi d’une flopée de futurs classiques: Rock’n’Roll Singer, The Jack, Live Wire, T.N.T, Rocker… De nouveau, le succès est au rendez-vous, l’album devenant n°1 et double disque de platine à domicile en deux petits mois.

ACDC travaille d’arrache pied, ingurgitant du kilomètre pour donner des concerts dans tous les recoins d’Australie. L’engouement des Australiens pour ACDC est tel qu’il suscite l’intérêt des occidentaux, Européens et Américains. George YOUNG en profite pour inciter le label Atlantic Records à signer ACDC en 1976. Voici enfin pour les frères YOUNG la possibilité de s’exporter ! ACDC décide, pour plus de commodités, de s’installer à Londres, et occupe une maison dans le quartier de Barnes afin de pouvoir mettre en place sa stratégie : jouer le plus possible.

Entre mars et août 1976, ACDC sillonne les routes du vieux continent, en ouverture du RAINBOW de Ritchie BLACKMORE (qui a craqué et invité lui-même le groupe à le suivre), tout d’abord, puis en tête d’affiche, participe au festival de Reading avant de s’envoler pour les Etats-Unis au mois de septembre. Parallèlement, les deux premiers albums ont été reformatés afin de proposer une première trace discographique dans le reste du monde. Atlantic publie ainsi en août 1976 la version européenne de High Voltage sur laquelle figurent sept titres du T.N.T australien et deux du High Voltage originel. Quant à Rocker, il disparait purement et simplement.

Le Royaume Uni connait à cette époque une révolution qui vient « enterrer » un rock devenu trop sage. Le Punk vient faire de l’ombre à toutes les formations traditionnelles et donne un vrai coup de pied dans la fourmilière d’un Hard Rock mourant. ACDC est alors présenté comme un groupe de Punk australien, et l’énergie dégagée sur scène le protège quelque peu du raz-de-marée qu’espèrent les CLASH et autre SEX PISTOLS. Le rôle de chacun est aujourd’hui bien déterminé, chacun des membres d’ACDC tenant sa place et son rôle (Angus l’épileptique offrant désormais un incontournable strip-tease à son public) et le groupe est engagé pour assurer la première partie du BACK STREET CRAWLER de Paul KOSSOF, rebaptisé CRAWLER après la mort de ce dernier.

Avec une notoriété grandissante, ACDC se lance dans sa première tournée en tête d’affiche afin d’assurer la promotion de la sortie de la version européenne de High Voltage. Celle-ci se termine le 7 juillet au Lyceum avec un concours de sosies d’Angus. Une idée qui fera son chemin… Puis ACDC prend une résidence au célèbre Marquee pour une série de concerts démarrant le 26 juillet. Chaque semaine, le public augmente et le succès est tel qu’il mène ACDC sur les planches du festival de Reading où il joue avant Ted NUGENT ou BLACK OAK ARKANSAS, parmi d’autres.

En septembre, l’Australie découvre de son côté le nouveau disque de ses chouchous. Dirty Deeds Done Dirt Cheap ne montre aucun signe de fatigue. ACDC en veut et a de l’énergie à revendre tout en affinant son style, explorant discrètement d’autres aspects d’un Blues / Boogie Rock unique. Ce disque parait dans le reste du monde au mois de décembre 1976 et présente un tracklisting légèrement modifié puisqu’on y retrouve Rocker, Love At First Feel tandis que R.I.P (Rock In Peace) et Jailbreak ont été retirés.

ACDC retourne en Australie au mois de décembre 1976 afin d’y donner une série de 26 concerts et retrouve une nouvelle fois le chemin des studios Albert. Le Punk achevant les derniers géants, ACDC durcit son propos musical avant de retourner en Angleterre en février 1977 et de retrouver les terres continentales ouvrant sur certaines dates d’un BLACK SABBATH moribond à qui les cinq n’ont aucun mal à voler régulièrement la vedette. Mais à l’issue de cette tournée, sa motivation perdue, épuisé, Mark EVANS quitte ACDC. Une nouvelle annonce dans le Melody Maker permet de le remplacer dès le mois de mai 1977 par Cliff WILLIAMS, un Anglais né le 14 décembre 1949 dans la banlieue de Londres. Il a fait ses armes au sein de HOME et intègre ACDC juste avant une tournée américaine qui doit s’étendre de juillet à septembre.

C’est d’ailleurs au cours du concert de Detroit le 27 août 1977 qu’un incident de taille va changer la façon de jouer d’Angus : ce dernier est victime d’une électrisation à cause d’un faux contact. Ce choc (High Voltage Rock’n’Roll ?) l’amène à s’équiper d’un système HF, encore balbutiant pour l’époque mais lui offrant plus de liberté de mouvements. Plus tard, à New York, ACDC donne deux concerts le même jour, le premier en ouverture des DICTATORS, le second au CBCG’s en tête d’affiche. Malgré un rythme infernal, rien ne semble aujourd’hui pouvoir venir à bout du groupe.

Au mois de septembre, les boys reviennent en Europe, tournent en Suède, Belgique, Allemagne et Suisse. Bon fait une halte à Paris afin de visiter les studios Pathé de Boulogne où enregistrent les ROLLING STONES. C’est à cette occasion que le chanteur y fait la connaissance de TRUST, espoir du rock français qui enregistre dans une des salles. De cette rencontre nait une solide amitié.

Après une quinzaine de dates anglaises entre octobre et novembre, ACDC lance Let There Be Rock. L’album est à nouveau produit par le duo Harry VANDA et George YOUNG, mais quelque chose a changé. Sans doute les tournées intensives et incessantes ont elles affûté l’approche du groupe, sans doute est-ce dû aux rencontres, à la fatigue ou qui sait ? Le fait est que ce nouvel album est bien plus compact et énergique que ce à quoi ACDC a habitué son public avant. Le Blues est à fleur de peau, la peau est écorchée, les bons mots de Bon pullulent et les classiques foisonnent (Hell Ain’t A Bad Place To Be, Whole Lotta Rosie, Bad Boy Boogie…) Avec le morceau titre, ACDC réécrit en l’espace d’un peu plus de 6’ l’histoire du Rock transformant son essai en coup de maitre. L’album, imparable, se classe en 17ème place des charts anglais, mais ne parvient qu’à la 154ème position du billboard US, ce qui n’empêche pas les cinq de s’embarquer dans une nouvelle tournée du nouveau monde en première partie de RUSH puis de KISS.

Le rythme de travail ne faiblit pas, puisque ACDC retourne en Australie travailler sur un nouvel album début 1978. Le groupe y enregistre Powerage qui parait en avril de cette même année. Est-ce l’album de trop? pourrait-on se demander au vu de la petite 26ème place offerte par les Anglais, bien que le groupe progresse outre Atlantique (n°133). Malgré la présence de Sin City, Riff Raff ou Rock’n’Roll Damnation, ACDC semble quelque peu en panne d’inspiration, ce qui ne l’empêche pas de repartir sur les routes chauffer les publics d’ALICE COOPER, AEROSMITH, JOURNEY ou encore RAINBOW avant de s’offrir une aventure en tête d’affiche, avec en guise d’amuse-gueule les jeunots de UFO ou de SCORPIONS. Les dates américaines s’accumulent au point de doubler carrément les quarante initialement prévues retardant le retour européen d’ACDC. Peu importe, le vieux continent est à son tour servi dès le mois d’octobre. ACDC invite, lors de son passage parisien au Stadium du 24 octobre 78, ses nouveaux poulains de TRUST. Parallèlement, Atlantic publie le premier témoignage live des Australien avec If You Want Blood dont la photo de couverture représente un Angus éventré par sa guitare sous le regard guilleret d’un Bon SCOTT chantant. Les dix titres de ce disque reflètent parfaitement l’énergie dégagée par ACDC sur scène et font remonter le groupe dans le cœur des fans (n°13 GB et 113 US).

Pour Atlantic, il est temps de passer à la vitesse supérieure. Désormais, ACDC ne doit plus se contenter de sa position de challenger mais doit exploser. Certaines choses doivent changer, et pour la première fois, le groupe décide de travailler avec un producteur extérieur au clan, quelqu’un d’autre que George YOUNG et Harry VANDA qui prennent bien la nouvelle ayant assez d’activité pour occuper de nombreuses semaines. ACDC choisi aussi de s’accorder plus de temps en studio, de ne pas précipiter les choses comme cela a jusqu’à présent été le cas. Les cinq se retrouvent ainsi à Miami pour la pré-production sous la houlette d’Eddie KRAMER, mondialement reconnu pour son travail avec Jimi HENDRIX, LED ZEPPELIN ou encore KISS, mais le courant en passe pas. Michael BROWNING, encore manager du groupe, propose de travailler avec Robert John « Mutt » LANGE, néo-zélandais connus pour avoir produits des albums de BOOMTOWN RATS, SAVOY BROWN, CITY BOY parmi d’autres. C’est sa dernière décision, ACDC optant, dans sa démarche de croissance, pour un nouveau management, professionnel, et remet ses affaires entre les mains de Peter MENSCH qui s’occupe déjà de Ted NUGENT, AEROSMITH, SCORPIONS parmi d’autres. Une nouvelle vie commence.

ACDC retourne à Londres et investit les Roundhouse studios en compagnie de LANGE. Jour après jour, le son est peaufiné. Le résultat final se nomme Highway To Hell, titre qui fait référence à la difficulté d’être au quotidien sur les routes, dans des hôtels… et rien n’est à jeter. Jamais ACDC n’avait sonné aussi déterminé, aussi compact, aussi efficace ni aussi frais. ACDC se lance dans une nouvelle tournée américaine dès le mois de mai, en tête d’affiche. Mais Bon commence à perdre pied, disparaissant parfois de longues heures pour ne réapparaitre qu’au moment du concert, juste avant de monter sur scène. Lorsque l’album sort en juillet 1979, cette collection de chansons devient vite incontournable et fait craquer le public mondial. N°8 en Angleterre, une progression fulgurante aux USA – n°17 – disque d’or en France… L’été se passe au-dessus de l’Atlantique puisque le groupe fait de nombreux allers-retours entre les deux continents (le vieux et le nouveau…) pour participer, entre deux dates de sa tournée US, à quelques festivals européens. L’Europe a les honneurs d’une tournée dès la fin du mois d’octobre. A Paris, le groupe donnera, le même jour, deux concerts au Pavillon de Paris. Ce 9 décembre, les deux concerts sont filmés par l’équipe d’Eric DYONISIUS et Eric MISTLER qui suivent depuis quelques jours ACDC afin de donner naissance à Let There Be Rock : Le Film, témoignage de la vie en tournée d’un groupe désormais mondialement établi. Nous y reviendrons.

Le Highway To Hell Tour prend fin le 27 janvier 1980 à Southhampton. Sans qu’on ne le sache encore, ce concert sera le dernier donné par Bon SCOTT. A l’issue de la tournée, chacun se sépare, vaque à ses occupations afin de se ressourcer. Mais avant, comme tous les ans, fin janvier, le MIDEM, l’incontournable marché de la musique se tient dans la ville de Cannes et accueille les membres d’ACDC. Les Australiens, qui viennent de terminer leur tournée mondiale, se voient remettre, dans cette ville prestigieuse, disques d’or et de platine, sacrant autant le succès de Highway To Hell que la position du groupe dans le milieu musical mondial. Six années d’efforts incessants ont fini par apporter leurs fruits !

TRUST, ayant clôt sa tournée française, débarque en février aux studios Scorpio de Londres afin d’y enregistrer Répression, qui deviendra vite un des albums de référence, voire LA référence, en matière de rock hexagonal. C’est également là que TRUST retrouve ACDC, venu donner naissance au successeur de Highway To Hell, dont le succès planétaire avait permis à ses géniteurs de donner plus de 250 concerts à travers la planète. Les deux chanteurs – Bernie et Bon SCOTT, donc – profitent de ce moment pour s’atteler à la traduction des nouveaux textes de TRUST pour une adaptation anglaise de Répression. Ils sautent également sur un moment de pause pour jammer ensemble. Sur bande sera enregistrée une nouvelle version de Ride On, qui restera inédite et volontairement inexploitée pendant plus de vingt ans. Car le 18 février, alors que les pontes de CBS France viennent remettre disques d’or et de platine à leurs poulains de TRUST, Bon SCOTT se rend avec un ami musicien, Alistair KENNEAR, au Music Machine où on le voit, comme d’habitude pourrait-on dire, boire de nombreux scotches. En fin de soirée, Alistair raccompagne Bon chez lui en voiture, mais ne parvient pas à l’extraire du véhicule. Qu’à cela ne tienne, ils iront donc dormir chez Alistair… Qui ne parvient toujours pas à faire bouger Bon. Ce dernier est un célèbre habitué des grandes beuveries, Alistair décide donc de le laisser cuver dans la voiture. Mais au matin du 19, il retrouve Bon inanimé. Il a beau le secouer, rien n’y fait. Bon demeure immobile… Il le transporte directement à l’hôpital. Le King’s College Hospital de Londres conclut rapidement à un décès par étouffement. Rocker dans l’âme et fêtard dans la vie, Bon SCOTT aura marqué, de sa voix si particulière et de sa personnalité unique, le monde de la musique. Le public et les médias se demandent comment le groupe pourra survivre à une telle perte. Bon SCOTT sera inhumé au cimetière de Freemantle le 1er mars, et le groupe annonce le début des recherches de son remplaçant. Car pour rien au monde Bon n’aurait voulu voir ACDC, un des plus grands groupes de Rock que la Terre ait porté, disparaître ainsi. Les fans n’y tiennent pas non plus, et mettent leur talent et leurs idées à contribution en envoyant au groupe de nombreuses casettes… Certains cherchent à prendre la place de Bon, d’autres suggèrent tel ou tel chanteur dont celui d’un groupe nommé GEORDIE.

SOMMETS ET ABYSSES : DOULOUREUSES ANNEES 80

Le choix des frères YOUNG est officialisé au début du mois d’avril (certains disent le 1er, d’autres le 8..) : le remplaçant de Bon SCOTT est donc Brian JOHNSON qui officiait jusqu’alors au sein de GEORDIE. Certains fans, sans surprise, n’hésitent pas à émettre des doutes quant à la sagesse d’un tel choix. Le timbre de Bon était si particulier que le groupe se devait de porter son dévolu sur quelqu’un ayant sa personnalité propre mais dont la voix puisse s’adapter aux morceaux que chantaient Bon. ACDC ne pouvait pas tomber dans le piège de l’imitation bas de gamme. L’avenir seul pourra dire si Brian est le bon chanteur pour ACDC. Le groupe s’envole très rapidement pour Nassau, aux Bahamas, et y retrouve une nouvelle fois Mutt LANGE. Sans perdre de temps, tous s’attèlent à la réalisation du nouvel album.

Fin juillet 80, aucune sortie n’est aussi attendue, ni ne parvient à retenir l’attention autant que le disque d’ACDC, Back In Black, premier album post Bon SCOTT. Le groupe vient de lancer, à Namur (Belgique), sa nouvelle tournée mondiale (le 29 juin) et s’est offert, artifice scénique de taille, une cloche d’une tonne, faite sur mesure et flanquée du logo du groupe et de son nom : Hell’s Bell. Et ce qui devait arriver se produit. ACDC ne pouvait rater son coup, et, sans pour autant faire oublier Bon, il ne pouvait proposer autre chose qu’un chef d’œuvre. Ce qui est confirmé par l’ensemble des médias dès la sortie, le 31, qui acclame cet album, à la pochette noire, en signe de deuil. Back In Black est très vite accueilli à bras ouvert par les fans. Il attire rapidement un nouveau public, et est bientôt plusieurs fois certifié disque de platine à travers le monde. En intro, une cloche. Pas celle de l’église, mais celle des enfers (Hell’s Bells)… les enfers tels qu’on les aimerait plus souvent tant l’ambiance est à la fête. Suivent autant de classiques du groupe (Shoot To Thrill, You Shook Me All Night Long, Back In Black...) dont l’indéniable efficacité répond aux attentes des fans : un Heavy Rock simple et direct, et il est, comme d’habitude, impossible de ne pas taper du pied et secouer la tête. ACDC a presque entièrement réussi le pari d’imposer Brian JOHNSON. Presque, car il existe toujours une race de râleurs refusant la nouveauté, ou refusant d’admettre que le sort ait pu changer la moelle épinière du groupe australien. Ceux-là sont bien vite revenus. Chaque morceau est une petite bombe d’efficacité Rock’n’roll… Le chemin pour l’enfer est une autoroute que Bon a empruntée. Back In Black est une suite logique à Highway To Hell, pourrait-on croire. Un album dont la qualité des morceaux est un digne hommage au chanteur trop tôt disparu, sans que le reste du groupe ne se soit assagi, comme l’indique si bien le titre Have A Drink On Me… Rock’n’roll continue de rimer avec excès. Cet album demeure une des pierres angulaires de l’édifice Hard-Rock international et propulse ACDC au plus haut niveau de reconnaissance.

Malgré la tragédie, et les difficultés que certains leur ont opposées, Eric DIONYSIUS et Eric MISTLER parviennent enfin à sortir, en salle, le film Let There Be Rock, témoignage live d’ACDC sur scène, filmé lors du passage du groupe au Pavillon de Paris pendant la tournée Highway To Hell, qui remporte un vif succès partout dans le monde. Le côté posthume y est sans aucun doute pour quelque chose, tout autant que le réalisme et la simplicité dont le groupe fait preuve. On ne trouve absolument aucune fausserie dans les images. Pourtant, le label rechigne quant à sa sortie aux USA. Bon SCOTT disparu, le groupe recevant disque de platine sur disque d’or pour Back In Black, les pontes du label auraient craint que le public américain redécouvre et préfère le chanteur originel d’ACDC. Il n’en sera rien comme le prouvera le succès à venir d’ACDC. Les Australiens font preuve d’assez de satisfaction pour avoir confié au cinéaste la tâche de réaliser les clips promotionnels du nouvel album (pour les titres Back In Black, What Do You Do For Money, Rock’n’roll Ain’t Noise Pollution et bien sûr Hell’s Bells).

Pour l’heure, ACDC continue de sillonner autant que possible les routes du monde entier et dans des conditions pas toujours faciles, nombre de salles n’étant pas adaptées, particulièrement en Europe, pour accueillir une petite cloche pesant plus d’une tonne. Le bilan de cette première tournée post Bon SCOTT est plus qu’encourageant pour tous, et partout le public semble accepter Brian JOHNSON, même en Australie où ACDC donne les 7 derniers concerts du Back In Black World tour entre le 13 et le 28 février 1981. Puis, sans ralentir le rythme, ACDC s’en retourne en studio pour donner naissance à l’album qui doit confirmer la position du nouveau chanteur. Tout le groupe se retrouve ainsi aux studios Pathé de Boulogne Billancourt qui étaient déjà pressentis à l’époque de Bon SCOTT. Mais le perfectionniste Mutt LANGE prend son temps, cherche, teste d'autres studios avant de faire venir le Mobile One afin de finaliser les enregistrements au studio H.I.S. de la capitale, tandis que le groupe, dans son ensemble s'ennuie ferme, trouvant le temps long... Ce n'est pas comme ça qu'ACDC souhaite enregistrer, le groupe ayant toujours fait les choses rapidement afin de conserver sa spontanéité...

Le 22 août 1981, le circuit de Castle Donington accueille la seconde édition des Monsters of Rock. Le public se déplace en masse, et l’on compte deux fois plus de monde que l’année précédente. 80.000 personnes sont venues, de toute l’Europe, assister aux prestations de MORE, BLACKFOOT, SLADE, BLUE OYSTER CULT, WHITESNAKE et ACDC. Mais la tête d'affiche se voit contrainte de jouer dans des conditions loin d'être excellente... Tout d'abord, la météo pluvieuse vient gâcher cette fête, mais surtout, ACDC se voit privé - à cause de la BBC, semble-t-il qui aurait détourné une partie des cables pour ses besoins - d'une bonne partie de sa sono, gâchant ainsi l'ensemble. Et si l'on avait espéré entendre quelques nouveautés, il n'en est rien. Aucune piste qui pourrait donc laisser imaginer ce que sera le futur album dont la sortie est prévue au mois de novembre. Si, malgré ces difficultés, le public était acquis à la cause des Australiens, mais l’ensemble des prestations fut, dit-on, remarquable principalement celle des Américains de BLACKFOOT qui laisse entrevoir un revival du Rock sudiste et celle des vétérans de SLADE.

La sortie du nouvel album d’ACDC est prévue le 23 novembre, alors que le groupe est déjà reparti en tournée, ayant lancé le Canon And Bell Tour le 11 aux Etats-Unis. Enregistré à Paris, de nouveau produit par le désormais incontournable Robert John « Mutt » LANGE, For Those About To Rock est le premier album d’ACDC dont la sortie est prévue simultanément à travers le monde, exceptée l’Australie (où il sort le 7 décembre). Dire que la bande d’Angus YOUNG est attendue au tournant après le doublé Highway To Hell/Back In Black n’est pas totalement exact. Au contraire, les fans attendent ce nouvel album avec impatience. Si For Those About To Rock démarre sur les chapeaux de roues (n°1 aux USA, n°8 en Angleterre et multi-platine un peu partout dans les quelques semaines suivant sa sortie), il ne fait pas l’unanimité. Certes, le titre éponyme devient un morceau culte, d’autant plus en concert avec une armée de canons en plus de la cloche, mais on sent un groupe fatigué et qui semble moins inspiré qu’à son habitude, n’innovant, pour certains, pas assez. Qu’importe ! Il y a quand même des morceaux de pur ACDC (COD, Let’s Get It Up…) qui conserve malgré tout son statut : être un des acteurs incontournables du Rock international. Le succès de la tournée en témoigne tout au long de l’année puisque le bitume hurle au son d’ACDC qui, de novembre 1981 à fin février 1982 couvre l’Amérique du Nord (60 concerts) avant de faire un break jusqu’en juin. Suivent ensuite le Japon en juin pour une série de 5 shows, nouveau break avant d’envahir l’Europe où ACDC donne 37 petits concerts de novembre à décembre 1982. Paris a les honneurs d'un premier show archicomble le 4 décembre à la Rotonde du Bourget. Le surlendemain, 6 décembre, c'est au Rose Bonbon, club intimiste s’il en est, que quelques centaines de spectateurs sont les témoins d'une jam improvisée et historique. Brian JOHNSON et Malcolm YOUNG, habitués des lieux, ont préféré rester à l'hôtel, tandis que le généralement casanier Angus YOUNG se laisse cette fois-ci tenter. Il accompagne Bernie au club parisien et la soirée se termine comme elle le devait, tous les musiciens présents (TRUST, SATAN JOKERS, AIRBUS...) jouant des coudes pour interpréter quelques titres avec le guitariste jusqu'aux premières lueurs de l'aube. La tournée se conclue plus tard avec une clôture polonaise à Poznan le 25 décembre. Puis ACDC s’accorde – enfin – un peu de repos avant de retrouver, encore, le chemin des studios.

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Sources :
Fiches du magazine Hard’N’Heavy
AC/DC : L’autoroute de l’enfer, Martin Huxley, Editions Camion Blanc, 1997
AC/DC, Thierry Chatain, Editions Albin Michel/Rock & Folk, 1996
AC/DC Tours de France 1976 - 2014, Philippe LAGEAT et Baptiste BRELET, éditions Point Barre, 2014


La première partie de l'épopée d' ACDC prend fin ici. Retrouvez très bientôt la suite et fin couvrant la seconde partie des 80's à nos jours.
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