Dossier :
À quelques encablures des 20 ans de carrière de son projet anasazi, entretien avec son géniteur et mentor grenoblois Mathieu MADANI...
(
ANASAZI
)
Date de publication : 05/09/2023
|
Auteur : Rémifm
|
|
RémiFM : Bonjour Mathieu, peux-tu te présenter à nos lectrices, lecteurs et nous dire également ton tout premier souvenir, physique ou émotionnel ou les deux ou plus en rapport à la musique ?
Salut Rémi, avant de me présenter, je voudrais te remercier toi et ton frère pour votre soutien indéfectible à anasazi depuis le début, cela signifie beaucoup pour nous. MERCI !!! Pour faire court, je joue de la guitare et chante et j'ai un groupe de Métal Progressif Pop qui s'appelle anasazi à Grenoble depuis 2004 et on a sorti notre nouvel album « cause & consequences » en janvier 2023. Mon premier souvenir physique et émotionnel, c'était avec Jean-Jacques Goldman que j'enregistrais sur une cassette en écoutant la radio dans ma chambre à 10/11 ans en 1988 le samedi après-midi. Ensuite l'album « Entre Gris Clair et Gris Foncé » qui reste à ce jour mon album français préféré. Le côté Pop/Rock et les mélodies entêtantes de ses morceaux, puis les superbes solos de guitare qui jalonnent l'album. J'avais une cassette de l'album (une double si je ne dis pas de bêtise) et je me rappelle l'avoir poncée dans tous les sens. Il y a toutes sortes d'émotions sur ce disque et ça m'a imprégné et influencé dans ma vie de musicien.
RemiFM : Quel instrument as-tu étudié en premier et peux-tu nous dire ton parcours de musicien jusqu’au projet anasazi ?
J'ai commencé comme chanteur dans un groupe en 1992 au lycée, à ma première seconde, qui s’appelait White Flowers, puis Nightingales, puis Edenn, quand on s'est mis à chanter en français et ce jusqu'en 1998. J'ai eu ma première guitare acoustique Yamaha en 1994 à 17 ans. Quand j'ai eu la guitare, je ne savais pas en jouer, j'avais un cahier de chansons de colonies de vacances avec des grilles d'accords que j'ai apprises basiquement en autodidacte. Je me souviens avoir composé mon premier morceau très vite avant de connaître les accords et je l'ai par la suite intégré sur notre premier album, le titre du morceau « crossroads » sur « the principles of [hate] » en 2006. Par la suite, j'ai pris mes cassettes vidéo et je mettais pause pour voir les accords que jouait Richie Sambora par exemple lors du « Evening With Bon Jovi » sorti en 1992, avec les fameuses stries sur l'écran quand tu mettais pause qui gênaient la vue des accords, c'était du sport parfois ahaha. C'est seulement en 1998 que j'ai pris 6 mois de cours avec Pascal Lemoine, que vous connaissez bien à Chambéry, où il m'a appris la rigueur, l'harmonie et certaines techniques de guitare et aussi fait découvrir pas mal de groupes que j'adore depuis (notamment « Dogman » de King's X et Journey pour ne citer qu'eux).
RémiFM : Retour sur les débuts de ton projet anasazi. Comment est-il né dans ton cerveau et comment t’es venu le nom du groupe ?
Le projet « anasazi » est né pendant mes classes, au service militaire, à Belfort en octobre 1996. J'étais un fan absolu de « The X-Files » et il y avait un épisode de fin de saison 2 qui se nommait « Anasazi », c'est la seule fois où tu me verras écrire « anasazi » en majuscule ahahaha. Au début le nom du groupe que je voulais faire s'appelait « anasazi X », puis j'ai laissé dormir... Début 2004 j'ai lancé le groupe anasazi. Ce n'était qu'un petit projet studio avec un copain guitariste, Frédéric Thévenet, avec qui on a sorti notre 1er EP, un mini concept album d'une trentaine de minutes « at the end of my new world (part I) ». Avec son départ et l'arrivée de nouveaux musiciens, le projet est devenu un groupe de scène en 2012. Depuis 2004 il y a 6 musiciens qui sont passés par anasazi pour la partie live et épisodiquement pour des solos de guitares de ci de là. Ceux qui composaient le corps et cœur d'anasazi avec moi ont été Romain Bouqueau, aux claviers, et Christophe Blanc-Tailleur à la basse. Je suis accompagné désormais depuis 8 ans par Bruno Saget à la guitare "lead", par Anthony Barruel à la batterie et depuis cet été par Matthieu Vermorel à la basse dont je te parlerai plus tard.
RémiFM : J’ai trouvé sur le net tout et n’importe quoi sur la discographie du groupe, pourrais-tu remettre les pendules à l’heure et me la donner (pas l’heure mais la discographie d’anasazi) ?
Alors il y a 6 albums et 5 EP :
2004 : at the end of my new world (part I) (EP) 2006 : the principles [of] hate (album) 2007 : 3 from the left (EP) 2008 : origin(s) (album) 2011 : playing ordinary people (album) 2012 : another 6 (EP) en digital 2012 : here lies the forgotten (Christmas EP) en digital 2014 : 1000 yard stare (album) 2018 : ask the dust (album) 2023 : cause & consequences (album) Tous nos albums ont un numéro soit sur la pochette soit dans le titre, de 1 à 11 pour le dernier en date « cause & consequences ». Il y a un 10 qui est composé mais pas enregistré et qui est un concept album « the untold story of Lily and X » que l'on enregistrera peut-être un jour...
RémiFM : Quelle résonance a pour toi le nom d’anasazi, Amérindiens du sud-ouest de l'Amérique du Nord qui étaient répartis en plusieurs groupes dans les États actuels du Colorado, de l'Utah, de l'Arizona et du Nouveau-Mexique ?
Après avoir entendu parler des indiens Anasazi dans cet épisode de « The X-Files », j'ai fait quelques recherches et j'ai appris plein de choses et des faits très étranges autour de cette peuplade qui a disparu avant l'arrivée des Européens et qui vivait dans les grottes en flanc de montagnes... Le concept album dont je parlais plus tôt traitera du génocide amérindien au Canada entre 1865 et 1996, mais pour le moment ce n'est pas encore enregistré et ce n’est pas dans les tuyaux pour les 2 prochaines années mais je le ferai un jour et la boucle sera bouclée...
RémiFM : As-tu déjà été sur les terres de ces peuples ? Non mais Christophe, notre précédent bassiste oui pendant ses vacances, il y a quelques années.
RémiFM : Peux-tu nous décrire précisément ton processus de compositions et comment tout s’articule par la suite jusqu’à la sortie de l’album ?
C'est quelque chose d'assez routinier. Tu es chez toi, tu joues de ton instrument, guitare ou piano et une suite d'accords en appelle une autre, un groove de batterie en marchant, un film, un article dans la presse ou une vidéo sur "youtube" et tout d'un coup quelque chose commence à prendre forme et à retenir mon attention et me faire fantasmer tout ce qui pourrait aller avec. C'est assez euphorisant, ça dure quelques minutes, heures ou jours voire mois car tout ne vient pas en un coup. Avec le temps, j'ai appris à attendre et laisser germer des idées immatures mais qui me plaisent comme un jardinier avec son potager :-). Pas mal d'idées ne mènent nulle part mais globalement je jette peu de choses. Puis après il y a le moment où il faut commencer à capturer les idées, en faire des démos, les faire écouter au groupe, travailler avec Tony à la batterie sur des "grooves" différents de ceux que j'envisageais. Parfaire les arrangements et avoir une démo avec du yaourt en anglais mais avec des chœurs structurés, bref, un gros brouillon du morceau. Puis ensuite on "tracke" pour de vrai, ça prend du temps, beaucoup de temps dans mon home studio, des soirées, des nuits, des dimanches entiers. Puis, au moment du mixage quand tu es vidé de tout ce travail, tu confies ton bébé à quelqu'un qui le mixe et là un tout autre travail arrive, celui de longues écoutes à se poser des questions, à tester des choses en étroite collaboration avec la personne en charge du mixage etc...Puis une fois tout cela fini, tu le confies à une personne qui le "masterise" et enfin tout est fini pour la partie musicale qui aura duré pas loin de 4 ans pour cet album, car avec le "covid 19", on a pris notre temps et je ne le regrette pas.
RémiFM : Quel est ton album ultime, tous groupes confondus ?
« Awake » de Dream Theater, depuis sa sortie en octobre 1994.
RémiFM : Quelle est ta chanson ultime ?
Pas facile de répondre ! Je dirais « Avec le temps » de Léo Férré pour le chant en français et si je peux tricher et en donner une en anglais je dirais « A Change Of Seasons » de Dream Theater, morceau de 23 minutes avec tellement d'éléments musicaux qui m'ont influencé depuis 1995.
RémiFM : Quel est ton livre ultime ?
« Ça » de Stephen King, il m'a terrifié jeune adolescent. Un chef-d'œuvre de l'horreur, sur la fin de l’innocence, sur la peur, sur l'enfance...
RémiFM : Quel est ton tableau ultime ?
J'aime beaucoup les peintures de Salvator Dali car elles sont psychédéliques et progressives et conviendraient parfaitement à des artworks de Rock ou Métal Progressif mais je vais choisir « Saturne dévorant un de ses fils » de Francisco de Goya, elle est terrifiante et me fait peur depuis que je l'ai vu gamin...
RémiFM : Quelle est ta sculpture ultime ?
Je dirai « L'homme qui marche » de Giacometti, ses formes sont fascinantes. J'ai loupé une exposition qui passait par Grenoble il y a quelques années et je le regrette vraiment.
RémiFM : Le groupe que tu as vu en concert et qui t’a le plus émerveillé sur scène ?
Dream Theater, c'est mon groupe préféré depuis le début des années 90 et ils ont été moteur pour plein de raisons dans ma vie musicale. Mon batteur préféré, Mike Portnoy, a été dans ce groupe et John Petrucci est mon guitariste préféré. Depuis 1998, je les ai vu quelques fois et je les ai rencontré 3 ou 4 fois. A chaque fois que je les voyais, j'avais envie de jeter tout mon matériel et guitares à la poubelle et 2 jours après j'étais prêt à me remettre au travail, remonté comme un coucou ahaha Ce groupe a été une de mes influences les plus importantes depuis octobre 1992 quand je les ai découvert.
RémiFM : Quels sont les thèmes abordés dans tes textes et pourquoi ?
Ce disque (cause & consequences 2023 (ndr)) est particulièrement sombre. Les thèmes parlent du deuil, de la souffrance animale, de la dépression, des crises d'angoisse, du suicide assisté, etc... Pourquoi ? C'est difficile d'y répondre. Certains thèmes, je les ai vécu, d'autres je les ai lu ou accompagné et d'autres me touchent particulièrement. De l'ombre j'essaye de sortir quelque chose de plus lumineux et c'est en cela que la musique est vitale pour moi, c'est un exutoire et une thérapie essentielle.
Ben : Tu as l'ingéniosité de faire jaillir la lumière dans ton univers musical bien souvent fait d'émotions mélancoliques, de tourments, de souffrances. De même, les thèmes, les sujets que tu dissèques, que tu abordes ne sont pas vraiment joyeux. Comment vis-tu cela ? La musique est-elle un exutoire pour toi ?
Complètement ! J'ai besoin de créer pour me sentir vivant, vraiment. Comme je te le disais juste avant, c'est essentiel. J'ai des autres passions (ma petite femme et mon chat, le cinéma et les échecs) mais la musique passe devant tout. J'ai un home studio chez moi avec tout ce qu'il faut pour faire de la musique, tout est organisé autour de la musique en fait et la journée je suis disquaire en plus...
RémiFM : La musique mûrit souvent avec ses compositeurs. À ré-écouter ta discographie, j’ai l’impression que la tienne dans anasazi s’assombrit avec les années… En fais-tu le même constat et si oui pourquoi ?
Oui, complètement. Ce dernier album est sombre et plutôt lourd dans ses thèmes. Ces 4 dernières années ont été compliquées et j'avais besoin d'exorciser tout cela. Après, je préfère aussi particulièrement l'ombre à la lumière. Les ténèbres m'inspirent et j'aime explorer cette noirceur. Je reste pourtant quelqu'un de très jovial et positif mais pour la musique cela me convient parfaitement de laisser s'exprimer mon « dark passenger ».
RémiFM : Tous les albums d’anasazi sont merveilleusement enregistrés, mixés et auto-produits et passionnant, félicitations à toi et toutes celles et ceux qui t’ont accompagné… Pourquoi anasazi n’a-t’il jamais été signé sur un label ?
Merci, ça me touche particulièrement car on passe beaucoup de temps à peaufiner chaque disque et ils sont fait à 1000% avec notre cœur. Pour le fait de ne pas avoir signé sur un label, je t'avoue que je n'y ai pas pensé au départ et c'est seulement avec « cause & consequences » que j'ai été en contact avec des labels mais on a décliné l'offre qui nous aurait fait perdre nos droits sur ce disque et pas du tout avantageux financièrement parlant.
Ben : Mathieu, tu n’écris JAMAIS en majuscule... il n'y en a pas (ou très très peu) sur les livrets. anasazi est écrit en minuscule (nous devons d’ailleurs corriger sur le site). Pourquoi ?
Au début, quand on a sorti notre 1er EP en 2004, j'ai fait cela par humilité envers tous les groupes que j'aimais et donc ne pas mettre de majuscule me semblait plus honnête, car nous n'étions pas à leurs niveaux. On ne l'est toujours pas donc on garde les minuscules. Et puis visuellement je trouve que les majuscules au début d'un nom de groupe c'est assez vilain, c'est un toc que j'assume à 200% :-).
RémiFM : Quel est ton regard sur l’industrie musicale aujourd’hui et comment vois-tu l’avenir pour les musiciens ?
Depuis le début des années 2000, l'industrie du disque a complètement changé c'est vrai et je peux témoigner car je suis disquaire le jour. La vie des musiciens a été complètement chamboulée bien sûr avec des effets positifs car il n'y a jamais eu autant de musique disponible et de possibilités de faire découvrir des nouveaux groupes ou artistes. Les sites de streaming sont et une malédiction et une aubaine. Avec anasazi, depuis le début nous mettions nos albums gratuitement en téléchargement libre sur notre site internet. Je suis un acheteur de disques (CD et Vinyle) depuis que j'ai 13 ans. Donc j'ai toujours considéré que l'engagement envers un groupe est primordial. Quand tu achètes un album, tu t'engages, et la relation à la musique est différente d'une simple écoute en streaming pour moi. Ouvrir un livret, lire les paroles et les crédits d'un album, quel pied !! Je comprends aussi les gens qui consomment du streaming, cela est financièrement plus intéressant mais ce n'est pas pour moi. Tous les albums que j'aime, je les achète en physique même si j’utilise un abonnement streaming chez "Qobuz", un site de streaming français qui rémunère mieux les artistes. Je peux écouter tous mes albums que j'ai en CD ou Vinyle n'importe où à partir du moment où j'ai une connexion wifi ou 4G. Et accessoirement découvrir des futurs albums à acheter.
RémiFM : Tu t’es entouré et t’entoures encore de différents musiciens pour quelques écritures communes. Pour ce dernier et intense cause & consequences, tu as de nouveau composé, chanté, joué de la guitare, des claviers et surprise pris le rôle de bassiste. Peux-tu nous donner des nouvelles de Christophe BLANC-TAILLEUR, bassiste, qui t’a accompagné pendant tant d’années et qui a disparu du line-up sur ce dernier album ?
Christophe était là depuis 2005 et a quitté le groupe fin mars 2020 suite à un désaccord artistique dans un autre projet Métal qui s'appellait Croak. C'est toujours des situations compliquées les tensions dans un groupe. Au-delà du fait qu'il y a eu cette embrouille au sujet de Croak, il montrait moins d'intérêt à anasazi depuis quelques temps et il a décidé de partir. Je lui souhaite le meilleur pour ses projets mais nous ne sommes plus en contact... On a galéré pendant 3 ans avant de retrouver un bassiste avec qui nous nous sentions bien et en confiance. L'arrivée de Matthieu Vermorel est une aubaine pour nous car le courant passe bien, il est talentueux et a un background de composition de musique symphonique de jeux vidéo qui pourrait servir à anasazi. Il est fan de Métal principalement et son groupe préféré est Evergrey, c'est bon signe aussi:-)
RémiFM : Peux-tu nous parler de Bruno SAGET, fantastique guitariste et Anthony BARRUEL, batteur talentueux qui t’accompagnent depuis l’album Ask The Dust de 2018 ? Et Tristan KLEIN, guitariste, claviers qui a magnifiquement participé à ce dernier album cause & consequences ?
Bruno est un guitariste que je connais depuis 2003. Je lui ai donné des cours de guitares pendant quelques années puis à un moment donné il était évident que c'était l'homme de la situation pour remplacer Sébastien Garsia, qui souhaitait faire ses propres projets après nos concerts de l'album « 1000 yard stare » en 2014. Bruno est le guitariste idéal qui, quand tu lui joues une idée, ne cherche pas à faire un solo par-dessus. Il vient se poser en complément, et ça, c'est une qualité que j'apprécie fortement, se mettre au service le musique. Anthony est un batteur, qui ne vient pas du même univers que Bruno et moi. Il est un grand fan de Nirvana, de Pop et de Rock, moins de métal et c'est, je pense, un plus pour anasazi, car il nous emmène dans des directions de grooves différentes de nos influences et c'est très bien. On a des groupes qu'on adore en commun comme les Beatles, Porcupine Tree, Blackfield et autres projets de Steven Wilson. Il est le batteur du groupe de Post Rock Grenoblois Collapse dont je suis très fan. Tristan, lui, est un excellent guitariste de Blues Rock et le frère de mon épouse. Je le connaissais avant de rencontrer sa sœur. Il vit en Bretagne et s'est mis au mixage sérieusement depuis quelques années maintenant. Il a mixé l'album de Croak en 2020 et comme on était heureux du résultat, on a voulu qu'il mixe l'album d'anasazi, et cerise sur le gâteau, il nous a offert des solos magnifiques sur l'album, nous permettant d'explorer des harmonies Bluesy qu'on ne maîtrise pas avec Bruno à la guitare. Tu as entendu le son qu'il a et la musicalité qu'il dégage. J'ai adoré travailler avec lui sur le mixage. C'est des moments qu'on a passé souvent très tard la nuit, lui à Rennes et moi à Grenoble à échanger, à tester, à se tromper, à recommencer, bref une des meilleures expériences de ma vie musicale en termes de mixage et en termes de vision du mixage et aussi humaine. En gros, on essaye tout, rien n'est idiot, et le mot « non » est interdit.
Ben : cause & consequences est certainement l'album d'anasazi le plus orienté métal. Un retour privilégié aux sources de tes premiers goûts musicaux ?
Je suis un enfant du métal c'est clair, c'est mon style préféré, 70 % de mes disques sont du métal au sens large du terme, de Hard Rock, Hard FM en passant par le Métal Prog, Stoner, Heavy, Thrash à Death Métal, 20 % du Rock et de la Pop et 10 % Jazz, Musique de Films et World Music. J'aime l'électricité du Métal et la puissance qui s'en dégage, comme vous je pense non ?
RémiFM : Certains groupes, et je pense par exemple à HŸDRA de Chambéry et son excellent guitariste Pascal LEMOINE, ont cessé leur aventure (4 albums tout de même pour HŸDRA)… Quel essence nourrit ton moteur pour te relancer après chaque album depuis les débuts d’anasazi ?
Je le disais plus haut, j'ai un besoin vital de faire de la musique. Je ne pars pas en vacances, ou alors vraiment rarement pour aller dans la famille de ma petite femme, 1 semaine par an et je dis cela alors que je n'ai pas quitté Grenoble depuis 2019. J'adore être chez moi dans mon studio. Tu ne trouveras pas plus casanier que moi et j'ai adoré le confinement de 2 mois bloqué dans mon appartement avec ma petite femme et mon chat. Donc je me donne les moyens d'organiser presque tout mon temps libre pour assouvir ce besoin musical. Si je ne devais pas sortir de disque, j’enregistrerais quand même mes morceaux pour moi. On a la chance d'être écouté aujourd'hui et d'avoir des gens qui nous suivent. Ce que j'aime le plus, c'est le moment où tu fantasmes les premières notes du morceau avec ton riff, ta mélodie, sur une suite d'accords ou un groove et que dans ta tête, tu as un peinture qui se dessine plus ou moins précisément et qu'ensuite tu essayes lors de la composition, des arrangements etc.. de recoller à ce fantasme. C'est cela que je cherche à atteindre et je n'y suis jamais vraiment arrivé. Mon fantasme est toujours meilleur que la version finale qui finit sur le disque. C'est mon défi à chaque fois et probablement aussi une partie de mon moteur pour continuer de créer...
RémiFM : Combien te coûte financièrement la réalisation d’un album (sans compter les heures à composer) et arrives-tu à l’équilibre via les ventes de l’album ? Quel album as-tu le plus vendu de ta discographie ?
Environ 3000 euros de frais réels. Je vois cela comme un investissement. Je ne cherche pas à vendre nos albums plus que cela. Je le fais déjà toute l'année, au boulot, dans le magasin de disque que je tiens de vendre des albums des groupes et films que j'aime et je suis assez mal à l'aise pour vendre ma musique et anasazi. Je suis un artiste et la partie commerciale m'ennuie profondément. Si certains veulent l'acheter, c'est avec plaisir qu'on vend nos albums aux concerts et via nos réseaux sociaux et bandcamp. Celui qu'on a le plus vendu est « ask the dust » sorti en 2018.
RémiFM : Où peut-on se procurer les albums d’anasazi ?
Sur notre bandcamp ou directement auprès de nous via notre facebook. Il est disponible en digital ou en CD.
RémiFM : Ta musique englobe, je trouve, de nombreuses composantes de la musique dite progressive (du rock progressif au métal-progressif) mais aussi la Pop. Cela te convient-il comme définition ?
Parfaitement. Je suis fan des Beatles à Pantera, en passant par Peter Gabriel, Genesis, Pink Floyd, Anthrax, Megadeth, DreamTheater, Russian Circles, Jean Jacques Goldman, Lana Del Rey, Miles Davis, Spock's Beard, Mötley Crüe, Metallica, etc... Je m'arrête je peux tenir 3 heures comme cela ahaha J'ai environ 1600 Vinyles et 1800 CD chez moi et ça brasse large hormis de l'Electro et du Reggae qui ne sont pas ma tasse de thé.
RémiFM : As-tu déjà été tenté par l’écriture d’un album Pop ou Pop Rock ?
Oui j'ai sorti en 2005 un album de Pop française sous mon nom et prénom qui n'est plus disponible, un jour je le mettrai peut-être à nouveau en téléchargement libre. C'était un album exutoire après une grosse rupture amoureuse. Mais je ne serai pas contre l'idée de faire un album Pop à nouveau un jour, c'est un projet, un truc sombre à la Radiohead et Nine Inch Nails.
RémiFM : As-tu déjà réfléchi à écrire tes textes en Français, voire composer un album Pop-Rock en Français ?
C'est vrai qu'un jour j'aimerai bien faire un morceau d'anasazi en français, c'est un challenge. On a utilisé un poème d'Anthony sur un titre bonus instrumental du dernier album dispo en digital, où je déclame le texte en français, c'est déjà un début, le morceau s'appelle « le cercle des manies ».
RémiFM : Peut-on espérer te voir ou revoir prochainement sur scène ?
Oui, avec l'arrivée de Matthieu à la basse, des dates sont en train de se mettre en place dont une très jolie au Ready For Prog Festival à Toulouse le 14 octobre 2023 avec en tête d'affiche Freak Kitchen. On a hâte de jouer les nouveaux morceaux sur scène et on va commencer par un concert le 27 septembre à l'Ampérage à Grenoble, le Ready for Prog et le 3 novembre aux Triplettes Social Club d'Ambérieu-en-Bugey.
RémiFM : Gregory MIGEON a-t-il réalisé toutes tes somptueuses pochettes ? Peux-tu nous parler un peu de lui ?
Gregory est le cinquième membre d'anasazi depuis l'album « playing ordinary people » en 2010. Je le connais depuis 2002 d'un forum qui s'appelait TDOE (« the dance of eternity »), un forum autour de Dream Theater principalement. Gregory a tellement de talent et les covers qu'il nous propose sont toujours un élément si important de notre musique. On part souvent d'une envie pour finir à l'opposé. Ce qui revient souvent c'est « allez on va faire une pochette un peu abstraite » et ça finit toujours dans une autre direction ahaha. Avec lui c'est un jeu à deux de brainstorming d'idées sur idées et au final on est toujours très heureux du résultat. Je suis ultra fier de nos artworks et quel bonheur pour anasazi de l'avoir à nos côtés.
Ben : Peux-tu nous parler de ton autre formation stoner rock CROAK stp ?
C'était un projet avec un chanteur/hurleur de Grenoble qui vit au Québec et on a sorti 2 EP en 2013 et 2016 et un album en juin 2020 à la sortie du 1er confinement. En gros dès que Pit, le chanteur revenait en France on en profitait pour "tracker" sa voix. En 2019, il est venu 2 semaines et demi et 1 mois et demi avant qu'il arrive, je me suis donné le défi d'écrire un album de 40 mn de Metal Stoner/Thrash en 30 jours, musique textes et mélodies etc..., et j'y suis parvenu, je me suis éclaté à le faire en tout cas. Bruno, d'anasazi a tracké des solos, Christophe la basse et je me suis chargé du reste. Pour me récompenser je me suis acheté la Charvel Gojira de Joe Duplanttier pour enregistrer toutes les guitares rythmiques. Bref que du plaisir. C'est juste un espace récréatif Métal « à burnes », il n'y aura pas d'autre disque, ce projet est clos. Je ferai un autre album Métal un jour mais pas avec Croak. On peut écouter cela sur bandcamp https://croakmusic.bandcamp.com/album/unclean-animals, et sur les sites de streaming.
Merci pour tes réponses et toutes nos félicitations pour ce fantastique travail musicale que nous nous permettons de recommander à toutes et tous.
Nous te laissons le mot de la fin et te remercions Mathieu :
Merci pour cet interview et vos questions variées et originales. Merci pour votre soutien depuis le début : you rock lml Et bravo pour votre passion et votre Webzine et « long live to Metal Integral » lml
Les chroniques sur le site :
origin(s) : cliquez ici
playing ordinary people : cliquez ici
1000 yard stare : cliquez ici
ask the dust : cliquez ici
cause & consequences : cliquez ici
|
|
origin(s)s (2008)
origin(s)s (2008)
|
playing ordinary people (2011)
playing ordinary people (2011)
|
1000 yard stare (2014)
1000 yard stare (2014)
|
ask the dust (2018)
ask the dust (2018)
|
cause & consequences (2023)
cause & consequences (2023)
|
|
|
|
|
|