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Sombritude et noirsorité éclatantes
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EYE OF THE GOLEM se présente comme un groupe de Stoner. Pourquoi pas ? Cependant je tiens à vous prévenir qu’il s’agit de la frange la plus noire et crasseuse du Stoner. Par leur son massif et le chant crié ou growlé, les italiens peuvent plutôt être taxés de combo de Sludge, et par l’architecture non conventionnelle des titres et les ambiances très travaillées, le sous-genre de Post-metal peut être invoqué sans risque de se tromper.
Le quatuor fait donc dans l’horrible, le sombre et le massif. Pour vous donner une idée, la référence qui me semble la plus immédiate est le son des débuts de NEUROSIS. Nigredo consiste en un déballage de noirceur en six titres et trois quarts d’heure. À ce régime, vous comprendrez que chaque morceau prend le temps de se développer, de muer et de vous vriller la tête – deux titres sont au-delà de dix minutes, tandis que les quatre autres pointent entre cinq et sept. La musique d’EYE OF THE GOLEM est une sale bête qui rampe dans les caves et les âmes. C’est un scolopendre des enfers qui s’insinue en vous par les oreilles, creuse jusqu’à l’artère la plus proche et la remonte pour se nicher dans votre cœur qu’elle nécrosera par simple jeu.
Vous êtes avertis. Me suivrez-vous pour une brève visite guidée de cet opus ? Le périple commence par Black Cathedral, 11’34 d’horreur. Le riff est d’une lourdeur extrême, la voix criée légèrement en arrière-plan est vraiment là pour renforcer l’ambiance glauque. Les amoureux de MEMBRANE ou de QUEEN(ARES) tomberont immédiatement amoureux de ce titre. Au bout de 4 minutes le calvaire semble prendre fin, la forme redevient minimaliste avant de s’épaissir à nouveau dans une magnifique plage instrumentale. A la 9ème minute, nouvelle fausse fin et reprise du cauchemar. Le riff de Starvation résonne, un poil plus rythmique, voir épique. Basse/batterie vous enfoncent dans le plancher de votre salon. Quelle puissance ! Là aussi, une fausse fin à 2’15. Seules les vibrations crépitantes de la guitare persistent. Elles sont le prélude à une nouvelle avalanche de coups sur un rythme tribal. Vous débarquez alors sur la troisième plage, Absence Of Body Doesn’t Mean Death. Ce titre est une ode mortuaire, un doom extrême, une terreur persistante. Une longue introduction sombre, peuplée de bruits électroniques, longue intro soudainement déchirée par une basse apocalyptique, Quantum Prison progresse alors comme un bulldozer durant sept infernales minutes. Ceux qui parviendront vivants à la fin de Nigredo, apprécieront le splendide morceau The Abyssal Zeigeist Will Tear You Apart : plus de dix minutes de plaisir trouble, d’accords écrasants que je kiffe.
Dernier point avant de conclure, j'admire l'illustration de couverture que l'on doit à Django NOKES, cet artiste italien qui plonge avec passion dans les codes sombres et gothiques. Je vous invite à découvrir plus avant son travail en cliquant ici.
Nigredo est, sans mentir, l’un des albums les plus sombre qu’il m’ait été donné d’écouter. Un pur joyau pour les adorateurs de distorsions malsaines, d’ambiances opaques et de romantisme crépusculaire. Bienvenue au public doom, goth et extrême ! ***
EYE OF THE GOLEM est composé de : - Andrea GIULIANI, basse et chant ; - Hari Di GIANGIACOMO, batterie ; - Marco TESTINO, guitare ; - Alessandro DI GLORIA, guitare et chant.
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Discographie : - 2021 : The Cosmic Silence - (EP) ; - 2024 : Nigredo - (LP).
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Extrait de Nigredo : - Starvation : Cliquez ici !
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