| 
            
            | 
                
                  Reportage : 
                
                Interview avec SAS de L’Argillière, chanteur de MISANTHROPE, lors du festival Seisach’ (33) 6eme édition
                  
                    
                        (
                        
                          
                            
                                  MISANTHROPE 
                              
                              
                        
                      )
                    
                  
                   
                    
                      | Date de publication : 26/10/2025 |  Auteur : NOCTUS
 
 |  |  
              | 
                    
                      | 
                            
                              | Samedi 17 octobre à Sauveterre de Guyenne (33), salle Simone Veil, NOCTUS (N) pour Metal Integral. J'ai la chance d'interviewer SAS de L’Argillière, le chanteur du groupe culte français de metal extrême, MISANTHROPE, qui assure la tête d'affiche du festival Seisach’ 6eme édition. 
 N : Salut SAS !
 SAS : bonjour, merci pour cette interview. Je suis super content d'être à la salle Simone Veil, à la Seisach’. Quelle belle affiche ce soir.
 N : vous êtes en tournée avec MISANTHROPE, vous enchaînez les dates…
 SAS : exact. Ça s'est fait par nos propres moyens, on n'a pas de booker, on est complètement indépendant, 100% underground, pas de management. On est des électrons libres artistiques, mais aussi dans la façon de développer le groupe. Donc les dates se sont mises les unes après les autres, ça nous permet de faire de belles choses pour cette célébration des 37 ans de MISANTHROPE.
 N : les 37 ans de Misanthrope ?
 SAS : oui voilà, 28 octobre, octobre 88, octobre 2025.
 
 N : ah oui, en effet. Moi j'ai eu la chance de vous voir plusieurs fois, notamment à Limoges, parce que je suis originaire du Limousin. Qu'est-ce qu'on peut attendre en 2025 comme show de MISANTHROPE en terme de set-list ?
 SAS : on essaye de jouer un titre de chacun de nos albums, on a 10 albums studio. On était à Paris samedi dernier, où là on a eu la chance de pouvoir jouer deux heures. On a fait les 10 albums puis après les moments cultes de la carrière. Des albums comme Misanthrope Immortel ou Théâtre Bizarre, où le dernier, La Fabrique Des Fatalistes, là on a mis deux ou trois morceaux. On a repris un morceau qui s'appelle La Démurge, sur le premier album, Variation On Inductive Theories de 93, qu'on n'avait pas joué depuis. Puis il a tourné cet album-là depuis 94… 31 ans après. C'était très émouvant.
 
 N : tu peux me parler du line-up actuel de MISANTHROPE ? Par rapport au line-up historique, Jean-Jacques, le bassiste, .. toi…?
 SAS : Moi, j'appelle ça le line-up historique maintenant, parce que ça fait 23 ans qu'on est tous les quatre ensemble, avec Jean-Jacques MOREAC, Anthony SCEMAMA à la guitare, et Gaël FERRE à la batterie. Quant à Jean-Jacques et moi dans le même groupe, c'est difficile pour... Je pense, avec du recul, et la sagesse des années, on en veut tellement, on vient tellement d'en bas, qu'il faut que ça avance, il faut que ça travaille. On vit de la passion, par une espèce de qualité. On veut offrir que de l'excellence à ceux qui nous écoutent, et donc forcément, il y a des musiciens qui n'ont pas suivi. Ce n’est pas parce qu’ils n’étaient pas excellents, mais parce que la vie ne leur permettait pas de suivre. Vous êtes à 25% dans la musique ? Moi, je ne fais que ça !
 
 N : l'actualité de MISANTHROPE, c'est aussi la sortie d'un album de reprises. Moi, j'adore les reprises. Je n'ai rien écouté pour l’instant. Je ne sais pas si tes interprétations sont fidèles, si elles sont à ta sauce, si le chant passe en français, et tu vas me dire pourquoi ce choix. Après, tous les noms m'interpellent. C'est des groupes avec qui j'ai grandi…
 SAS : pour les 30 ans du groupe, on avait regardé dans le rétroviseur et on avait commencé à réenregistrer nos plus grands morceaux du départ de MISANTHROPE, de nos trois premiers albums, avec Gaël, Anthony, Jean-Jacques et moi, qui n'étaient pas dans le groupe à cette époque-là. J'ai trouvé ça vraiment extraordinaire. Et on a fait en même temps ce Tribute To Their Majesties. On s'est mis dans la position du METALLICA, à l'époque du Garage Days. tu te rappelles, le premier EP ? On s'est dit, si on avait été ensemble en 88, au début du groupe, quels morceaux aurions nous joué lorsqu’on on aurait commencé à répéter si on avait eu cette chance-là. On s'est assis autour d'une table et on a choisi 4 titres, 4 titres chacun. On est arrivé avec 16 titres. On a égrené celles présentes sur des compilations. La reprise de MOTÖRHEAD, elle est sur le EP Bâtisseur de Cathédrales. La reprise de CATHEDRAL, elle est sur un tribute à CATHEDRAL, etc. On avait sélectionné ces 16 morceaux pour l'album Tribute To Their Majesties. Et ça sort enfin.
 N : et cela a-t-il posé quelques problèmes techniques ? Que ce soit au chant ou dans la musique ?
 SAS : certains  morceaux sont forcément compliqués comme MEGADETH ou DEICIDE, et même DIO. DIO était la chanson la plus compliquée pour moi au chant…
 N : c'est laquelle ta reprise de DIO ?
 SAS : c'est Don’t Talk To Strangers du premier album. J'ai rencontré Dio. J'ai cette chance de lui avoir serré la main à une station de taxi à Hambourg. Le monde est petit. Et c'est le premier concert que j'ai fait aussi, tournée Sacred Heart au Zénith à Paris. J'étais minot. J'avais 16 ans c'est 1986. La voix de Ronnie James Dio est inimitable et il ne faut surtout pas chanter en voix lyrique heavy quand tu fais ce genre de chanson-là. On a eu une approche, on s'est dit, écoute, on prend vraiment la structure, les notes, et on a une approche un peu plus atmosphérique. J'ai fait une voix atmosphérique et une voix death thrash. Tu vas voir c'est bien. Vraiment, travailler comme ça, c'est beaucoup, beaucoup de temps à enregistrer. Tu vois, des chansons comme la reprise de SACRED REICH, où là c'est un chant très hardcore, c'est des chansons qui sont faciles. Pour moi, il n'y a pas de grandes difficultés. J'ai adoré enregistrer la reprise de SACRED REICH, c’est allé tout seul. Pour, DIO, il y a beaucoup de travail derrière. Il y a des heures de prise.
 N : et Wrathchild d’IRON MAIDEN ?
 SAS : super. pareil, là c'est Paul Di’Anno. J'ai un timbre qui est assez proche, finalement. Je chante plus death thrash aussi cette version-là. Mais je suis très fidèle à Paul Di’Anno.
 
 N : j'écoutais Misanthrope Immortel dans la voiture. Et je me suis dit, si je dois décrire le style de MISANTHROPE à quelqu'un, ce n'est pas simple pour moi, en fait.
 SAS : d'accord. Ce n'est pas simple pour moi non plus.
 N : parce que je ne peux pas dire que MISANTHROPE soit un groupe de death metal. Je ne peux pas dire que ce soit du c'est du doom. Je ne peux pas dire que c'est du black. Il y a du synthé. Il y a de l'orchestral. Et toi, en quelques mots, comment tu pourrais décrire ta musique ?
 SAS : j'utilise le terme metal extrême parce qu'on pioche dans le black, le doom, le death.
 N : je crois que tu aimes beaucoup le doom ?
 SAS : j’aime beaucoup le doom. Et puis j'ai un projet parallèle avec tous les membres de MISANTHROPE, qui s'appelle ARGILE, qui est un groupe de doom death aussi, de doom dark, avant-gardiste plus expérimental. Mais oui, moi je ne suis pas très dans le... Tu sais, j'ai passé ma vie à Holy Records. Donc j'ai toujours écouté beaucoup, beaucoup de musique. Et je n'aime pas... enfin, que le heavy soit qu' heavy, le death reste que death. Que le doom reste que doom. Et que le thrash reste que thrash.
 N : en fait, t'es un artiste, moi je suis un journaliste…
 SAS : voilà, ouais, Moi, ça me dérange, en fait, de mettre des cases. Et tu vois, dans Holy Records, les descriptions... Ça permet peut-être de faire son choix. Voilà, « atmosphérique ». Et ben, ces descriptions-là, je les transcris avec les garçons dans notre musique.
 
 N : au niveau du groupe, au niveau des compositeurs, tu peux me dire comment fonctionne MISANTHROPE?
 SAS : ben là, tout est possible parce qu'on est tous compositeurs.
 N : ah, je ne savais pas.
 SAS : donc il y a des chansons, c'est que Anthony, que Jean-Jacques, que moi. Tout est arrangé, évidemment, par Gaël. J'écris de la musique et je continue à écrire de la musique. Alors bon, j'ai laissé beaucoup de place à mes petits-amis. Le terme, mes petits-amis, est un peu galvaudé. Mes camarades, Jean-Jacques MOREAC et Anthony SCEMAMA. Et puis maintenant, on travaille vraiment ensemble. C'est-à-dire qu'on parle d'un riff. On a trois guitares, tu vois. L'un qui fait un riff et puis l'autre qui fait le suivant. On fait un trait de composition. Donc il y a un peu de tout. Donc ce n’est absolument pas figé. Et puis avec une grande carrière longue comme ça, il faut aussi qu'on se surprenne nous-mêmes dans la façon d'écrire la musique.
 
 N : ça va être une question un peu de vieux con. Moi, c'est un petit peu mon ressenti. Des fois, j'ai une petite pointe de nostalgie. Quand tu vois Ace FREHLEY qui nous a quittés. ... Ozzy, Lemmy, DIO, Eddie VAN HALEN,… On a grandi avec ces musiciens. Toutes nos idoles vont nous quitter.  On a l'impression qu'il n'y a pas de relève… Il n'y a plus de groupes actuels qui nous font rêver…
 SAS : les jeunes fans de métal n'écoutent pas ce que tu écoutes. Voilà, c'est ça. Il y a une scène, une grosse scène de jeunes artistes qu'on ne connaît pas, dont on n'a pas accès. Moi, c'est mon métier. Donc, forcément, je connais... Tu vois, LANDMARKS qui a gagné la foudre du meilleur groupe français. Il y a une cérémonie au Bataclan. Je ne dis pas que j'adhère ou que je n'adhère pas. Je ne parle pas de moi. Je dis juste que c'était le groupe de l'année.
 N : ma question, tu penses qu'ils auront des carrières aussi grandes que MAIDEN, JUDAS ... qui nous font rêver ? C'est ça, le sujet, en fait.
 SAS : Yngwie Malmsteen a dit qu'il n'y aurait plus jamais de carrière comme ce qu'il a eue, comme IRON MAIDEN, comme METALLICA. Pour moi, Philippe ou SAS, je ne sais pas. Les groupes qui nous ont fait rêver... Après, l'émerveillement que nous avions quand on était jeunes, on n'est plus dans la même société. Nous, on était en recherche de découverte, d'émerveillement. Là, maintenant, les jeunes scrollent. Ils écoutent sur TikTok leur générique préféré de Netflix. C'est ce que j'ai cru comprendre. Donc la musique, ils écoutent ça partiellement via TikTok. En plus, les chansons que vous appelez metal, qu'ils écoutent, c'est des trucs qui sont référencés dans des séries ou sur des passages télé Netflix. Quand tu vois que la musique, ça peut être ça, c'est qu'on est complètement déconnecté. Dans ce contexte-là, où on utilise la musique, où on scrolle, où on n'achète pas forcément des albums... Je ne peux pas te répondre pourquoi je fais de la musique. Je te parle de ce que j'ai lu dans un article et je vois ma filleule de 18 ans comment elle écoute de la musique. C'est tout. C'est... bon, c'est quand même une expérience humaine. Mais moi, je ne me place pas là-dedans. Et moi, je vends des Cds, je vends des vinyles, je vends des t-shirts,... Tous les jours, je suis en contact avec des fans de MISANTHROPE. Je vois les disques partir. Le principal, c'est la qualité de la musique.
 
 N : quel est le fan type de MISANTHROPE ?
 SAS : oh là là ! Bonne question qu'on ne m'a jamais posée…
 N : est-ce que t'arrives à capter un public plus jeune ?
 SAS : ben, ça commence un peu à bouger au concert, oui... Je me suis beaucoup plaint qu’il n’y avait pas assez de jeunes. Et finalement, là, il commence à y avoir des jeunes qui nous écoutent.
 
 N :tu peux parler de tes meilleurs souvenirs en tant que leader de misanthrope ?
 SAS : je ne sais pas si c'est un concert ou... Il y a beaucoup de choses...
 N : si tu devais arrêter ta carrière dans 5 ans, qu'est-ce que tu retiendrais de misanthrope ?
 SAS : les réactions... les premières réactions du public. Ils crient les titres de tes chansons. Ils crient des choses personnelles. Tu sais, de la scène du public. C’est les premières choses qui m'ont marqué. On vend beaucoup de disques. On a vendu beaucoup de disques. Libertine Humiliations par exemple.
 N : c'est le disque de MISANTHROPE le plus vendu ?
 SAS : non, c'est Misanthrope Immortel. C'est sorti au Japon. C'est sorti au Brésil, en russe…Il y a Misanthrope Immortel avec les paroles traduites en japonais. Et puis, il y a aussi le retour des fans. Dans Hard ‘n’ Heavy en 98, on avait été élu meilleur groupe français. Donc, on avait dépassé tout ce qui se faisait à l'époque. Et en 2000, tu vois, dans Hard Rock Magazine et Hard n’’n Heavy, MISANTHROPE a été élu groupe numéro un préféré des lecteurs. On a eu deux années délirantes. Et rien que pour ça, moi, je continue. Pour ceux qui nous ont aimés. Et tu verras, ce soir, il y aura une chanson de Libertine Humiliations. Il y aura une chanson de Misanthrope Immortel. Parce que, voilà, c'est l'ADN du groupe. Et on va retracer notre carrière. Bon, là, c'est un festival, on joue peu de temps.
 
 N : merci Philippe, pour cet entretien.
 SAS : merci, c'est un plaisir partagé.
 
 
 
 |  |  
                          |  |  
                      |  |  |  |  |