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Chronique
PRIMUS - Green naugahyde

Style : Rock
Support :  CD promo - Année : 2011
Provenance du disque : Reçu du label
13titre(s) - 50minute(s)

Site(s) Internet : 
PRIMUS MYSPACE 
PRIMUS WEBSITE
LES CLAYPOOL NEWS

Label(s) :
Prawn Song Records
 (17/20)

Auteur : Chouman
Date de publication : 02/12/2011
Grooves contagieux
Plongé dans un relatif sommeil depuis le semi-échec de son album Antipop (1999), PRIMUS atteint son apogée au cours des nineties. Son premier effort, le live Suck On This, paru en 1990, préfigure les albums suivants, en particulier Sailing The Seas Of Cheese (1991) qui lui vaut une reconnaissance rapide. En 1993, le trio californien est propulsé sur le devant de la scène par Pork Soda, dont le succès – entrée directe à la septième place du Billboard – lui permet de figurer en tête d’affiche du festival Lollapalooza. L’originalité de la musique de PRIMUS, fusion de diverses tendances dont le Heavy Metal, le Rock psychédélique et le Funk, associée à l’humour décapant du bassiste-chanteur Les CLAYPOOL, lui permettent de marquer le rock alternatif américain de son empreinte.

Le combo revient cependant au premier plan en 2011 avec Green Naugahyde, annoncé depuis 2009. Tout comme Suck On This, il est publié sur Prawn Song, le label du leader, dont le nom parodie Swan Song, label de LED ZEPPELIN. Les fans se réjouiront d’autant plus que ce nouvel opus est marqué par la reconstitution du line-up originel. Outre Les CLAYPOOL et Larry LALONDE (guitare), PRIMUS s’appuie donc à nouveau sur le batteur Jay LANE, parti en 1988 et remplacé successivement par Tim ALEXANDER et Brian MANTIA.

La musique du groupe repose essentiellement sur le style très personnel de Les CLAYPOOL, fait de slap et de jeu à trois doigts. Green Naugahyde confirme la tendance, puisque les compositions de l’album sont pour ainsi dire toutes soutenues par une basse mixée très en avant - Jilly’s On Smack constituant une exception notable. Le musicien dévoile sa technique en de nombreuses occasions, en particulier sur Moron TV ou Extinction Burst.

Autre élément essentiel, le trio possède un talent indéniable pour créer des grooves véritablement contagieux. Ce caractère résulte non seulement du jeu de CLAYPOOL, mais aussi des rythmiques de Larry LALONDE. Souvent construites sur des contretemps, elles se révèlent percutantes. Hennepin Crawler ou Extinction Burst illustrent à merveille cette dynamique.

L’album confirme la réputation de formation déjantée qui précède PRIMUS. Une première indication réside dans le graphisme de la pochette, qui peut évoquer le visuel de Portrait Of An American Family (MARILYN MANSON). Eternal Consumption Engine débute ainsi dans une atmosphère de fanfare. Quant aux paroles et aux voix du refrain de Last Salmon Men, elles s’avèrent tout simplement hilarantes ! Le saumon, qui revient au détour de Salmon Man, sorte de reprise du précédent, n’est pas le seul animal évoqué dans les textes de Green Naugahyde : on y rencontre également un écureuil (Eyes Of The Squirrel).

Comme de coutume, cette nouvelle livraison met en valeur une grande diversité d’influences. Des ambiances variées se font jour : psychédélique sur Green Ranger, ou encore inquiétante et « spatiale » (Jilly’s On Smack). Résolument versé dans la Fusion, PRIMUS incorpore des éléments de Funk avec Tragedy’s A’ Coming, et emprunte à la musique industrielle (Eyes Of The Squirrel).

On signalera enfin une dimension importante, celle de la critique sociale exercée par le trio. Eternal Consumption Engine constitue par exemple une dénonciation virulente de la société de consommation. Plus radical encore, Moron TV, littéralement « télévision de crétin », évoque une femme ou une jeune fille captivée par un programme abrutissant (« Her IQ slowly drops. ») et proclame, par un habile jeu de mots : « There’s got to be more on TV / Than just Moron TV

Bien qu’assez déroutant, le nouvel opus de PRIMUS s’avère ainsi rapidement captivant. Néanmoins, l’étendue du spectre musical du groupe est telle qu’il convient d’écouter ce Green Naugahyde à plusieurs reprises afin d’en saisir toutes les orientations, toutes les nuances. Un exercice qui n’a rien de déplaisant, bien au contraire !
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