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Ce 'ars musica' ne justifie aucune dépense...
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Les espagnols de DARK MOOR nous reviennent aujourd’hui, après trois longues années d’attente, avec un nouvel opus intitulé Ars Musica. Depuis l’éponyme et très réussi Dark Moor (2003), introduisant avec brio le nouveau vocaliste Alfred ROMERO, le groupe n’a cessé de s’améliorer, atteignant même avec Tarot (2007) le paroxysme de son talent musical. Par la suite, nos musiciens ibériques nous ont livré deux bons albums (Autumn en 2009 et Ancestral Romance en 2010) qui, malheureusement, n’atteignaient pas la qualité de leur prédécesseur. En ce mois de juin 2013, Ars Musica ne changera pas forcément la donne, bien au contraire.
Car, bien que nous retrouvions les éléments caractéristiques qui ont permis au groupe de se hisser parmi les meilleurs groupes européens de power metal symphonique, tels que les orchestrations grandiloquentes, les chœurs puissants et les jolies lignes vocales, et de détrôner certaines pointures mondialement reconnues, dont je ne citerai pas les noms par respect pour eux, Ars Musica se révèle être assez plat. Non pas que les chansons soient foncièrement mauvaises, loin de là, mais le groupe n’arrive pas à les faire littéralement décoller. Et je me retrouve, tout au long de l’écoute de cette rondelle, à bailler régulièrement, à espérer que l’album se termine rapidement, ce qui est tellement surprenant de la part de DARK MOOR…En fait, il m'était annonçé un grand album de metal et, au final, je en suis vraiment très très très loin. Comparé au dernier SIRENIA, par exemple, il fait pâle figure. Pourtant, des titres comme First Lance Of Spain ou encore Living In A Nightmare, qui débute par une très courte partie de guitare qui ressemble au Flight Of The BumbleBee de RIMSKY-KORSAKOV, voire le dynamique Together As Ever et sa ligne mélodique typique du groupe, sans parler de The Road Again, auraient pu sauver cet opus hybride, plus proche d’une œuvre opératique que de la création d’une formation metal. Malheureusement, au lieu de se retrouver avec une forêt noire (l’album) avec plein de cerises confites dessus (les parties orchestrales), je me retrouve seulement avec les fruits et non la pâtisserie en elle-même…DARK MOOR en fait trop, désormais. Déjà, la pochette, très jolie, fait penser aux éléments textuels que nous retrouvons chez NIGHTWISH (le petit garçon, les jouets, les références à l’enfance et à la musique, le phonographe)…et les espagnols surenchérissent avec les parties symphoniques omniprésentes…Sans compter les emprunts évidents à QUEEN (Saint James’ Way) ou, encore pire, à James HORNER et son I Want To Spend My Lifetime Loving You : écoutez le neuvième titre, El Ultimo Rey, vous pourrez constater que le mimétisme du thème musical principal avec le morceau du compositeur américain qui a créé la BO du Masque de Zorro est frappant ! The City Of Peace et This Is My Way expriment de manière explicite le côté "Bisounours" des Ibères, tellement l’impression qui se dégage de ces deux chansons fait penser étrangement à la texture des marshmallows, sucreries que je déteste…Et comme sur les réalisations précédentes, une composition intégralement instrumentale (Asturias) fait son apparition, outre l’introduction elle-même (Ars Musica). Gara & Jonay est une ballade qui me rappelle beaucoup certains titres pop des années 80 ou 90…Et puis, le chant d’Alfred ROMERO se fait plus grave. Il n’y a aucune incursion vocale dans des registres aigus…Et le frontman n’arrive pas à s’immerger complètement dans le répertoire lyrique qu’il tente désespérément et maladroitement d’interpréter…Il n’arrive et n’arrivera jamais à la cheville d’Alessandro CONTI (LUCA TURILLI’S RHAPSODY).
Ars Musica (ou « Art de la Musique » dans la langue de Bernie BONVOISIN et Renaud HANTSON) est un nom d’album en décalage complet avec son contenu, même si l’interprétation est sans faille. DARK MOOR, qui était l’un des nombreux espoirs de la scène heavy power symphonique de la péninsule ibérique durant la fin des nineties et qui avait gagné sa place parmi le peloton de tête des formations de son pays, grâce à des réalisations solides telles que Gates Of Oblivion, Dark Moor ou Tarot, est en train de basculer vers le côté chewing-gum de la force métallique européenne…Trop d’orchestrations tue le metal sympho. Alfred ROMERO et ses copains ne l’ont, semble-t-il, pas compris et nous amènent, sans notre consentement, dans un trip au pays de "Candy"…Oui oui, je parle bien de la petite blonde pleurnicharde du manga du même nom, que le Club Dorothée aimait à diffuser quotidiennement à l’heure du goûter…Un soap-opera animé, en quelque sorte. L’équivalent dessiné des Feux de l’Amour…Et, sans faire de chichis, je vous annonce que ce Ars Musica ne justifie aucune dépense. Donc, si vous êtes allergiques aux romans à l’eau-de-rose de Barbara CARTLAND, comme je le suis, reportez-vous plutôt sur d’autres sorties symphoniques plus ou moins récentes, comme le magnifique Perils Of The Deep Blue des norvégiens de SIRENIA, sorti fin juin de cette année ou le puissant Ascending To Infinity de LUCA TURILLI’S RHAPSODY, dans les bacs depuis le 22 juin 2012. Vous m’en direz des nouvelles.
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