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#nosrégionsontdutalent #lavendéeroxxedugrosponey
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Conduite par LORD GALLERY le maudit, une chasse fantomatique se déchaîne dans les cieux vendéens, accompagnée d’un démoniaque tohu-bohu fait de bruits de chaînes, de jappements, de hurlements, de sons de cor et autres martèlement de sabots – telle est la légende de la Chasse-Gallery si bien représentée en couverture du EP par Héloïse MERLIN.
LORD GALLERY est aussi un antiquaire du Caire, ce qui est assez gonflé quand on y pense. Comment peut-on être anti-caire en Egypte ? Mais ceci est une autre histoire. Pour ce qui nous concerne nous parlons d’un groupe de heavy metal traditionnel issu de Vendée et beaucoup plus influencé dans ses textes par les légendes du folklore local que par les spectacles du Puy du Fou - bien qu’ils le soient quand même pas mal, fous. Si, si ! D’ailleurs quand tu as un guitariste qui utilise une guillotine comme table de salon, tu arrêtes de te poser la question. Mais chuuut ! l’EP démarre…
Entre rires sarcastiques, cris de douleur et exclamations vengeresses, un ostinato façon violoncelle se fait de plus en plus oppressant, en opposition au chant éthéré qui pose là sa papatte surnaturelle. (Si vous êtes adeptes du recyclage, je vous suggère de réutiliser l’intro de l’album comme fond sonore pour accueillir les enfants à l’occasion du prochain halloween – effet garanti.)
Soutenu par le batteur, un cri déchirant et de généreux accords de guitare lancent les hostilités du titre Lord Gallery, suivi par un riff de tueur, une montée en puissance à deux guitares et la mélodie décolle déjà. Le phrasé et le petit accent moyenâgeux du refrain me font penser à du bon WARLORD en plus rentre-dedans. Excellent titre d’ouverture qui m’a conquis dès la première écoute.
La troisième plage est une plage en bord de Loire mais n’imaginez pas un pique-nique et des parasols. Vous êtes en décembre 1793 aux Ponts Libres (appellation révolutionnaire des Ponts-de-Cé, à côté d’Angers) où certains racontent qu’un chirurgien-soldat du 4ème bataillon des Ardennes aurait sorti du fleuve 32 corps de vendéens exécutés, pour les écorcher et faire tanner leur peau par Langlais, un brave artisan à la fois local et contraint. Certes, le thème de Vendean Skin est un peu morbide mais je n’écoute pas LORD GALLERY pour apprendre le macramé. La composition est plus heavy que la précédente et recèle d’incroyables parties de guitares signées Titi et Fabien, des accélérations excellemment bien trouvées et un refrain taillé pour le live.
Oyez, que je vous instruise de la fable mussée derrière Beauty Killer ! Pendant vendéen de la bête du Gévaudan, la malebête tenait plus du vilain gros nounours que du grand méchant loup. Elle se baignait dans le Troussepoil, bucolique ruisseau qui coule à Angles et, après ses ablutions, mangeait les jeunes filles du pays. Décidément les vendéens ont un imaginaire aussi riche que leurs brioches et leurs mogettes qui font péter. A propos, pour faire péter les peaux, vous pouvez compter sur Sergeï car croyez-moi, le gars n’est pas la moitié d’un batteur et dès l’intro du morceau je n’entends que lui en mode locomotive. Arrive ensuite un riff inoxydable à fond les ballons. Heureusement, les parties chantées sont déclinées plus tranquillement pour offrir oxygène et mélodie à l’auditeur. Une construction très intelligente.
Durant la Terreur, il ne faisait pas bon être l’un des 20000 prisonniers des geôles de Nantes. Si vous vouliez choper gastro, gale, scorbut ou typhus la prison Sainte-Claire était The place to be, cotée cinq étoiles au guide mi-chemin de ta life. C’est ce navrant épisode d’une guerre civile à la française que raconte de manière épique l’excellent Epidemic Hell. La situation était aussi grave que l’est le son de basse de Vincent qui martèle et donne toute sa puissance à l’intro du morceau. Les guitares sont aussi implacables que la funeste mission de la grande faucheuse. La voix de Fabien est enragée, capable de monter jusqu’à un niveau de hargne à la Udo DIRKSCHNEIDER. Un pur délice que ce supplice, 6 minutes où l’on ne voit pas le temps passer.
Grand afficionado de barbecues en famille, le général républicain Louis-Marie TURREAU charge ses 12 colonnes infernales de détruire par le feu « ces brigands qu’il faut tuer » (cf. le cri de haine dans l’intro de l’album). Choose My Destiny est la lettre d’un soldat vendéen confronté à l’horreur du front. Ce titre me confronte au marronier de tout album de heavy metal classique : la power ballad. Je lève mon petit carton, façon école des fans avec un joli 9/10. Je ne m’éterniserai pas : la mélodie, les harmonies vocales, le beau solo, les amateurs du genre y trouveront leur bonheur.
Je précise d’entrée que Bastards Heavy Metal n’a rien à voir avec le seigneur vendéen Jean de DUNOIS, bastard d’Orléans. Alors quoi t’est-ce ? Tout métalleux qui se respecte connaît « Heavy Metal is the law that keep us all united free, etc. » paroles extraites du fameux hymne à notre chère musique composé par HELLOWEEN. Eh bien, Bastards Heavy Metal répond à la même démarche avec, comme il se doit, un méga-refrain à scander tous en chœur pendant les concerts. Purement jouissif, ce premier album de LORD GALLERY est déjà indispensable à tout amateur de metal old school et laisse présager le meilleur pour leur discographie à venir. Les titres sont compacts, pêchus, accrocheurs, techniquement sans faille et pétris d’une envie d’en découdre qui fait plaisir à entendre. Gageons que nous aurons droit à l’épisode sanglant des noyades de Nantes dans le tome 2. J’ouvre les paris.
« Gallery tourne, tourne, Emporté par son sort, Harassé, triste et morne, Il demande la mort. » (Extrait de la complainte de la Chasse-Gallery)
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LORD GALLERY est composé de : - Titi ‘Le Roy’ : guitare et chœurs ; - Fabien ‘Lord’ : guitare et chant ; - Vincent ‘Necromancien’ : basse ; - Sergeï ‘Bourreau’ : batterie.
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Pour jeter une oreille sur l'album avant de l'acheter : - Lord Gallery EP 2021 : Cliquez ici !
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Pour en savoir plus, une petite bibliographie : - La Chasse Gallery par Jean- Loïc LE QUELLEC du CNRS : Cliquez ici ! - Lord Gallery, l’anti-caire : Cliquez ici ! - Tanner la peau humaine en Vendée militaire (1793-1794) : Cliquez ici ! - La malebête : Cliquez ici ! - Epidémie de typhus dans les prisons : Cliquez ici ! - Les colonnes infernales : Cliquez ici !
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