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Retour réussi, sublime réinvention
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Par deux fois au cours des années passées, nous avions eu l’occasion de souligner la qualité du Metal épais pratiqué par le trio italien UFOMAMMUT, à la confluence du Doom, du Sludge et du Stoner (cliquez ici et cliquez ici). Aussi, c’est avec une déception certaine que nous avions appris la cessation d’activité du groupe en 2020. Une fin toute provisoire, puisque, le temps de changer de batteur (au revoir à Vita, bienvenue à Fevre) le pachyderme ressuscite sous la houlette flamboyante du phoenix (fenice, en italien) et livre son neuvième album, prolongeant ainsi une discographie entamée au tout début de ce siècle. Et je peux d’emblée vous assurer qu’UFOMAMMUT n’a pas fait le voyage à vide, il y a du méchamment lourd au programme !
Première constatation, UFOMAMMUT ne joue du burin presqu’uniquement sur des monolithes d’un gabarit généreux : trois compositions franchissent le cap des sept minutes et une, Duat, domine le tout du haut de ses 10’33. Seuls les instrumentaux Empyros (un écrasant déluge d’acier !) et Kepherer (pièce bruitiste digne du Dark Ambient) se refusent à franchir le seuil des trois minutes ; de là à en faire des singles, il y a quelques galaxies à franchir ! Reste à découvrir à quoi UFOMAMMUT occupe ces espaces généreux qu’il a pris soin de se ménager.
Que les amateurs de la première heure soient rassurés, le trio se montre toujours aussi généreux en riffs massifs, sous-tendus par des lignes de basse terrifiantes, grondantes et tendues au possible, le tout fermement arpenté par les martèlements impitoyables de la batterie. Seulement, là où UFOMAMMUT privilégiait auparavant l’épaisseur, le trio affiche souvent une volonté d’élaguer, d’aérer, voire de se faire parfois plus spatial ou même plus intimiste. Entre deux orages de plomb, le groupe prend soin de développer longuement des ambiances presque spatiales, étirées, parcourues de bruitages, de crispations nerveuses, de menaces rampantes. Un peu comme si les débuts spatiaux de TANGERINE DREAM embarquaient à bord le psychédélisme le plus paranoïaque, le Space Rock d’HAWKWIND, le versant robotique de KRAFTWERK, la démarche avant-gardiste de CAN, les formats libres des débuts d’ASH RA TEMPEL. Egalement le goût des contrastes entre colère puissante et errances fragile propres aux Post Rock-Hardcore-Metal. Même les vocaux – certes minoritaires dans l’ensemble - se conforment à cette versatilité, oscillant entre attitude agressive et posture plus mesurée.
Via cette résurgence, UFOMAMMUT parvient brillamment à ne rien renier de son passé et à afficher un plan de progression crédible et ambitieux, foisonnant au possible, quoique toujours aussi hostile. A quand la suite de cette splendide réinvention ?
Vidéo de Pyramind cliquez ici et de sessions d’enregistrement de Fenice cliquez ici
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