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Chronique
THE TANGENT - Songs from the hard shoulder

Style : Prog Heavy / Prog Metal / Prog Rock
Support :  MP3 - Année : 2022
Provenance du disque : Reçu du label
5titre(s) - 75minute(s)

Site(s) Internet : 
THE TANGENT WEBSITE

Label(s) :
Inside Out
 (18/20)

Auteur : Alain
Date de publication : 31/05/2022
Rock progressif en majesté
Autant le confesser d’entrée de jeu, je ne suis pas un fan assidu de THE TANGENT, pas plus qu’un auditeur systématique de leurs albums, dont je ne possède que les 2ème (The World That We Drive Through, 2004) et le 3ème (A Place In The Queue, 2006). C’est pourquoi se reconnecter à la discographie de ce groupe britannique à l’occasion de la sortie de Songs From The Hard Shoulder, 12ème album studio, relève quelque peu du pari casse-gueule, surtout au vu des nombreux changements de personnels opérés au fil des ans. Pour autant, dès les premières notes de l’imposant The Changes (plus de 17 minutes au garrot : belle bête !), j’ai réintégré l’univers à la fois très cohérent et fort multiple qui caractérise le Rock progressif de THE TANGENT.

Premier indice, déjà évoqué, que l’on a bien affaire à du Prog, la durée des compositions impressionne : sur les quatre titres de la version standard, seul Wasted Soul se situe en dessous du quart d’heure ! Avec 4’40, ce morceau fait clairement office de single, basé qu’il est sur un relatif dépouillement, une rythmique de Funk Pop tranquille qui fleure bon les années 80. Pour le reste, attendez-vous à embarquer dans un manège infernal tant chaque titre repose sur un dispositif complexe de séquences successives et fourmille de changements de rythmes et de tempos. Est-ce à dire que le groupe dirigé par le chanteur et claviériste Andy TILLISON vise la complexité et la prouesse technique à tout prix, comme à l’époque dorée des années 70 ? Non, car l’incroyable maîtrise instrumentale se trouve invariablement mise au service des compositions, lesquelles ne sont pas avares de repères, tant mélodiques que rythmiques. C’est ainsi que les plages les plus paisibles et sensibles cèdent constamment la place à des séquences plus intenses, souvent franchement virtuoses. Et inversement !
Second indice : la diversité des apports. THE TANGENT a fort bien compris, et ce depuis le début, que le Prog représentait également un facteur d’intégration de styles multiples. C’est ainsi que The GPS Vultures exhale de franches effluves Jazz Rock, comme au meilleur des années 70-début 80, époque qui vit s’épanouir des groupes comme WEATHER REPORT ou RETURN TO FOREVER, les guitaristes John Mac LAUGHLIN et son MAHAVISHNU ORCHESTRA, Larry CORYELL, Allan HOLDSWORTH, Pat METHENY, rejoints par des musiciens reconnus, en provenance d’autres styles, à l’instar de Jeff BECK et de Carlos SANTANA. Merci de ne pas oublier cette scène britannique, dite de Canterbury dans les années 70, qui alliait si superbement délicatesse et influences Jazz (CARAVAN, NATIONAL HEALTH, HATFIELD AND THE NORTH). Avec également quelques inserts de guitare acoustique rappelant Paco de LUCIA.
On a en outre déjà évoqué plus haut la Pop gentiment Funk sur Wasted Soul. Ajoutons que les évidences harmoniques et mélodiques ne sont jamais bannies dans cet environnement il est vrai très technique. La composition la plus longue (presque 21’ !) de l’album, The Lady Tied Up To The Lamp, met particulièrement en exergue le versant Pop délicate, voire intimiste, les montées en tension se déployant subtilement, tout en retenue. Demeurer ainsi dans un jeu particulièrement sensible de variations de tension, qui plus est sur une durée aussi conséquente, consacre la qualité toute particulière des interprètes.

Troisième indice, la mixité des sonorités. Il est absolument indéniable que Songs From The Hard Shoulder a bénéficié d’une production ménageant le cas échéant une authentique vivacité, notamment dans les solos de guitare. Pour le reste, THE TANGENT conserve son rendu moelleux et velouté, quoique non exempt si nécessaire d’une certaine puissance tranquille. Au rayon des claviers, force est de constater des rendus d’orgue typiquement 70’s, mais aussi beaucoup de textures synthétiques émanant du début des années 80. Cela dit, THE TANGENT déjoue le piège du mimétisme nostalgique en assurant un son global tout à fait contemporain, totalement inclusif quant aux sonorités vintage.

Question essentielle : comment faire pour que l’ensemble valorise certes la diversité, sans pour autant sonner comme un assemblage disparate ? Pas de miracle : si vous n’avez pas une bonne section rythmique, vous n’avez que des digressions plus ou moins réussies. Or, quand vous pouvez compter sur un attelage aussi rôdé que celui formé par le batteur Steve ROBERTS (GODSTICKS, MAGENTA) et par le bassiste Jonas REINGOLD (THE FLOWER KINGS, KARMAKANIC, KAIPA, TIME REQUIEM), vous détenez dans vos rangs une section rythmique de très haut vol, tellement sure de son niveau technique qu’elle peut se permettre d’assurer monstrueusement, de faire montre par moments d’une maestria époustouflante... sans pour autant donner l’impression de vouloir épater la galerie gratuitement. Les deux compères offrent une prestation soudée (concentrez-vous sur l’alliage basse-grosse caisse, vous m’en direz des nouvelles !), virevoltante et puissante, ou subtile et feutrée, selon ce que nécessite le morceau à tel ou tel instant. Bref, ils forment l’assise sur laquelle tout repose, le lien qui cimente et consolide l’édifice. Sur une telle base, vous pouvez à peu près tout oser…

En comparaison avec l’impressionnant volet instrumental, le chant d’Andy TILLISON apparaît somme toute presque trivial : registre clair et médium, phrasé posé, peu puissant mais honnêtement modulé. Là encore, l’intelligence collective intervient par le truchement de fréquentes harmonies vocales, suaves sans être niaises. Certes éculé, le procédé – ici manié avec tact et bon goût – permet de ne pas passer le chant par pertes et profits.

A ce stade, j’ai évoqué quatre compositions, alors que la chronique en annonce cinq. En effet, généreux au-delà du raisonnable, les musiciens de THE TANGENT livrent un titre bonus, consistant en une reprise de In The Dead Of Night de UK. Ce triptyque - composé du titre éponyme, de By The Light Of Day et de Presto Vivace and Reprise – ouvrait en 1978 le premier album sans titre de UK, quartette virtuose, composé de Bill BRUFORD à la batterie (YES, CRIMSON KING), de John WETTON au chant et à la basse (MOGUL THRASH, FAMILY, KING CRIMSON, URIAH HEEP, à l’époque futur WISHBONE ASH et ASIA), d’Allan HOLDSWORTH à la guitare (TEMPEST, SOFT MACHINE, LIFETIME du batteur Tony WILLIAMS, GONG) et Eddie JOBSON aux claviers et au violon électrique (ROXY MUSIC, Frank ZAPPA, JETHRO TULL). Même si, rétrospectivement, UK n’a pas tenu les promesses initiales de super-groupe du Prog de la fin des 70’s, en termes de notoriété et de succès du moins (deux albums studio et un live, et puis ce fut tout), il n’en demeure pas moins que se frotter à ce répertoire fulgurant relève de la gageure. Cela dit, à l’arrivée, le collectif de THE TANGENT est bien loin de se ridiculiser, tant sa reprise s’avère crédible sur le plan de la maîtrise technique et de l’interprétation sensible.

Près de vingt ans après ses débuts discographiques, THE TANGENT continue à transcender avec brio et conviction son patrimoine issu du Progressif originel (années 70) pour en livrer une version contemporaine… ou peut-être intemporelle.

Vidéos de The Changes (edit) cliquez ici et de The Lady Tied To The LampPost (edit) cliquez ici
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